Le ministère des Armées met en place un « comité pour le spatial de défense »

L’espace aura été l’une des priorités de la Loi de pogrammation militaire [LPM] actuellement en vigueur. Ce qui s’est concrétisé par l’élaboration d’une stratégie spatiale de défense, la création du « commandement de l’espace » pour les aspects opérationnels, le changement d’appellation de l’armée de l’Air [devenue armée de l’Air & de l’Espace], le renouvellement de plusieurs capacités [Syracuse 4, CERES, CSO, etc], le lancement de nouveaux projets [YODA pour des « patrouilles » en orbite, communication optique par laser, Iris, Celeste], le financement de jeunes entreprises pleines de promesses, via Definvest ou encore par l’organisation de l’exercice AsterX.

Si beaucoup a été fait lors de ces cinq dernières années, il reste cependant encore beaucoup à faire. Et, lors d’une audition au Sénat, le 28 février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a assuré qu’il remettrait une « copie ambitieuse » pour le domaine spatial à la faveur de la LPM 2024-30, laquelle devrait bientôt être dévoilée.

Invité à livrer son analyse de la guerre en Ukraine par les députés de la commission de la Défense, le général Philippe Adam, le Commandement de l’Espace [CdE] avait donné un aperçu de ses attentes. D’abord, avait-il dit, il s’agira de poursuivre les efforts devant permettre de doter la France d’une capacité de « défense active » en orbite à l’horizon 2030.

Et cela suppose de développer des « moyens de surveillance bien conçus et performants » associés à des « satellites patrouilleurs », afin d’obtenir une « bonne connaissance de ce qui se passe », une « meilleure efficacité opérationnelle dans les domaines de la reconnaissance, de la communication et de la connectivité » et une capacité d’action « pour défendre nos moyens mais aussi pour s’opposer aux moyens des autres ».

L’alerte avancée – c’est à dire la capacité de détecter les tirs de missiles balistiques – est une autre priorité du CdE. De même que la mise au point d’un « avion spatial »… Une capacité qui pourrait être déterminante pour placer des charges utiles en orbite à moindres coûts… alors que, à l’heure actuelle, les moyens autonomes dont les Européens disposent pour accéder à l’espace sont très limités, notamment en raison des retards d’Ariane 6 et de la dernière mésaventure du lanceur Vega C [avec deux satellites d’Airbus Defence & Space à bord, ndlr], causée par une pièce de mauvaise qualité acquise en Ukraine.

Par ailleurs, le paysage de l’industrie spatiale évolue rapidement. Et l’apparition de nouveaux acteurs privés – le « New Space » – remet en cause les modèles économiques qui avaient cours jusqu’à présent… ainsi que les façons de faire.

« La crise des lanceurs que l’Europe traverse aujourd’hui, menace l’autonomie d’accès aux moyens spatiaux, nécessaires aux opérations de nos forces armées. Le New Space et l’évolution des offres de services pour le domaine civil, via l’essor des constellations et la multiplication des acteurs, interrogent l’organisation et les pratiques de la politique spatiale militaire fondée par le Général de Gaulle », résume ainsi le ministère des Armées. D’où la nécessité, selon lui, de créer un « comité pour le spatial de défense ».

Placée sous l’autorité directe du ministre des Armées, cette nouvelle structure sera chargée de « de définir, décliner et mettre en œuvre la politique militaire nationale dans le domaine de l’espace sur les plans programmatique, industriel, capacitaires et internationaux en prenant en compte les enjeux opérationnels ».

Les activités de ce « comité pour le spatial de défense » seront coordonnées par l’ingénieure générale de l’armement Eva Portier, qui en sera la secrétaire générale, en plus d’être l’adjointe « Espace » d’Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA]. À noter qu’elle n’aura pas à s’occuper des aspects opérationnels, ceux-ci relevant du domaine exclusif du Commandement de l’Espace.

Passée par l’École polytechnique [X 95] et l’École nationale supérieure des mines de Paris, Eva Portier connaît bien les affaires spatiales pour avoir notamment été responsable des programmes spatiaux militaire de renseignement [dont MUSIS-CSO].

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