Le groupe allemand Rheinmetall voudrait livrer des chars KF-51 « Panther » à l’armée ukrainienne

Après avoir obtenu des chars de conception occidentale, le président ukrainien, Volodymyr Zelinski, ne cesse désormais de réclamer des avions de combat « modernes » en vue de contrer la prochaine offensive russe. Au vu de l’urgence de la situation, cette insistance a de quoi étonner dans la mesure où, même s’il finit par avoir gain de cause, de tels appareils ne pourraient pas être opérationnels immédiatement.

En effet, la formation de pilote habitués aux chasseurs de conception russe, aussi expérimentés soient-ils, prendrait des mois [outre la formation de « base », il faut aussi penser aux qualifications spécifiques liées, par exemple, à l’emploi de certaines armes]. Et cela vaut aussi pour le personnel technique, indispensable pour assurer le maintien en condition opérationnelle [MCO] des avions. Et encore, on ne parle pas des aspects logistiques et des infrastructures à mettre en place…

Quoi qu’il en soit, les avions de chasse ont éclipsé les chars de combat. Sur ce point, si l’objectif de Kiev était d’en obtenir des modernes, la moisson est plutôt mince pour le moment. Les États-Unis ont certes promis 31 M1 Abrams… mais dans une configuration dégradée. Et ils ne seront pas livrés avant des mois… étant donné que General Dynamics Land Systems [GDLS] doit encore les assembler. Et si plusieurs membres de l’Otan [dont l’Allemagne et la Pologne] donneront des Leopard 2 à l’armée ukrainienne, celle-ci devra surtout se contenter d’anciens Leopard 1A5, dont 178 exemplaires pourraient lui être livrés dans les prochaines semaines.

D’où les discussions en cours entre l’Ukraine et Rheinmetall. En effet, selon Armin Papperger, le Pdg du groupe allemand, l’armée ukrainienne est intéressée par le char KF-51 « Panther » ainsi que par le véhicule de combat d’infanterie [VCI] KF-41 « Lynx ». C’est en effet ce qu’il a déclaré dans les pages du quotidien économique Handelsblatt, le 9 février.

Pour rappel, le KF-51 Panther a été dévoilé lors de l’édition 2022 du salon EuroSatory, dédié à l’armement aéro-terrestre. Développé sur fonds propres, il affiche une masse au combat de 59 tonnes. Présenté comme un potentiel « successeur » du Leopard 2 et une « réponse » au T-14 Armata russe, il est doté d’un canon de 130 mm L/51 et a la capacité de mettre en oeuvre des munitions rôdeuses de type HERO 120.

« Dans toute l’Europe, environ 1’000 des 8’000 chars de combat seront remplacés d’ici 2030. Avec notre nouveau Panther, nous voulons livrer au moins la moitié de ce volume, soit environ 500 unités », avait expliqué M. Papperger, en août dernier. Difficile d’y voir autre chose qu’une tentative de « torpiller » le programme MGCS [Système principal de combat terrestre], conduit dans le cadre d’une coopération franco-allemande…

Cela étant, Rheinmetall estime être en mesure de livrer des KF-51 à Kiev « dans quinze à dix-huit mois ». Et le groupe allemand n’exclut pas d’implanter une unité de production en Ukraine… mais une fois la guerre terminée. Mais pour que cet éventuel accord puisse se concrétiser, l’accord du gouvernement allemand sera nécessaire. Mais après avoir cédé sur les Leopard [1 et 2], il lui sera difficile de justifier un éventuel veto.

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