Le Royaume-Uni se dit conscient du « risque d’escalade » en cas de livraison d’avions de combat à l’Ukraine
Avant de se rendre à Paris et à Bruxelles, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a d’abord été accueilli à Londres, où il a de nouveau demandé des avions de combat de conception occidentale afin de contrer l’invasion russe de son pays.
« Je vous demande, à vous et au monde, avec des mots simples mais pourtant très importants : des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté », a en effet déclaré le président ukrainien devant les parlementaires britanniques.
Cependant, s’il n’a pas obtenu ce qu’il était venu chercher, M. Zelenski a toutefois reçu la promesse que des pilotes de combat ukrainiens seraient formés au Royaume-Uni. Mais celle-ci, faite par Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, s’inscrit dans le long terme.
Cette formation « garantira qu’ils seront, à l’avenir, capables de piloter des avions de combat sophistiqués, aux normes de l’Otan », a fait valoir le bureau de M. Sunak [10 Downing Street]. « Dans le cadre de cet investissement capacitaire à long terme, le Royaume-Uni travaillera avec l’Ukraine et ses alliés internationaux pour coordonner un soutien collectif afin de répondre aux besoins défensifs de l’Ukraine », a-t-il ajouté.
Évidemment, une telle formation ouvre la voie à la livraison d’avions de combat à l’Ukraine. Une perspective pour le moment repoussée par les États-Unis… mais qui n’est pas exclue par la France, à la condition qu’une telle aide ne soit « pas escalatoire » et qu’elle ne permette pas aux forces ukrainiennes de viser le territoire russe.
Quoi qu’il en soit, Moscou n’aura pas tardé à réagir à l’annonce britannique, promettant une « réponse » en cas d’envoi d’avions de chasse en Ukraine. « Je voudrais rappeler aux responsables à Londres : dans un tel scénario, la moisson sanglante du prochain cycle d’escalade sera sur votre conscience, ainsi que les conséquences militaires et politiques pour le continent européen et le monde entier », a fait valoir l’ambassade de Russie au Royaume-Uni.
Cela étant, l’offre faite par M. Sunak suggère effectivement que Londres a l’intention de fournir des avions de combat à Kiev. Et les seuls susceptibles de convenir seraient les 30 Eurofighter Typhoon T1 [Tranche 1] que la Royal Air Force doit normalement retirer du service d’ici 2025, conformément aux décisions prises dans le cadre de la revue stratégique de défense britannique de mars 2021.
Au moins deux raisons vont dans ce sens. S’il est possible de porter ces avions au standard T2 [voire T3], comme l’envisage le comité de la Défense du Parlement britannique pour renforcer la RAF, une telle opération coûterait aussi cher que d’acquérir des appareils neufs. En outre, leurs capacités air-sol étant très limitées, ces Typhoon T1 ne permettraient pas à la force aérienne ukrainienne de frapper des cibles situées en territoire russe.
Cependant, il y aurait un détail à éclaircir : comme l’Eurofighter Typhoon est produit en coopération, sa réexportation vers l’Ukraine pourrait exiger l’autorisation des pays participants, dont… l’Allemagne [dont le chancelier, Olaf Scholz, ne souhaite pas livrer d’avions de chasse à Kiev] et l’Italie.
Reste que le gouvernement britannique a rejeté les avertissements de Moscou, en se disant « conscient des risques d’escalade » liés à l’éventuelle livraison d’avions de combat à Kiev.
« Nous prenons ces décisions prudemment et après mûre réflexion. Nous sommes conscients des potentiels risques d’escalade », a assuré un porte-parole. « Tout ce que nous faisons prend en compte les potentiels risques d’escalade mais une fois de plus je voudrais souligner que c’est la Russie, et non l’Ukraine ou l’Otan, […] qui provoque une escalade de la situation », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, la formation des pilotes ukrainiens prendra du temps… d’autant plus que la RAF peine à assurer celle des siens. Ainsi, Londres estime qu’elle pourrait durer trois ans. Où en sera la guerre en Ukraine d’ici là?