La défense aérienne américaine a été prise en défaut par des ballons stratosphériques à plusieurs reprises

Quand le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord [NORAD, commun au Canada et aux États-Unis, ndlr] a-t-il repéré pour la première fois le ballon chinois – présumé espion – qui a traversé le territoire américain, à partir du nord de l’Idaho jusqu’à la Caroline du Sud, où il a finalement été abattu par un F-22A Raptor alors qu’il évoluait à une altitude comprise entre 60’000 et 65’000 pieds, soit en deçà de la limite de 66’000 pieds à partir de laquelle un espace aérien n’est plus réglementé?

L’existence de ce ballon au-dessus des États-Unis a été révélée au grand public par la Billings Gazette, un journal du Montana où, par ailleurs, se trouve la base la base aérienne de Malmstrom, avec ses missiles stratégiques Minuteman III. A priori, le président américain, Joe Biden, en avait été informé dès le 31 janvier… Mais l’information aurait été tenue secrète afin de ne pas compromettre le déplacement du secrétaire d’État, Antony Blinken, à Pékin. Puis l’affaire fut mise sur la place publique par le Pentagone le 2 février.

Par la suite, la Chine a reconnu que ce ballon lui appartenait, en affirmant qu’il s’agissait d’un dispositif « métérologique » qui lui aurait échappé. Sauf que l’on sait depuis qu’il a suivi une trajectoire l’ayant conduit à passer près de plusieurs sites stratégiques américains.

Quoi qu’il en soit, le survol des États-Unis par un ballon stratosphérique chinois n’a pas manqué de provoquer une polémique, les élus républicains du Congrès ayant reproché à l’administration Biden de ne pas l’avoir abattu.

Cependant, l’aérostat a été surveillé de près durant son périple… Outre des F-22A Raptor [qui peuvent voler jusqu’à 65’000 pieds, des avions de renseignement U-2, qui peuvent atteindre les 70’000 pieds d’altitude, ont été sollicités. Et le Pentagone a assuré avoir pris les mesures nécessaires pour se « protéger contre la collecte d’informations sensibles ». Et d’expliquer que sa destruction au-dessus de la terre ferme présentait trop de risques.

Cela étant, la Maison Blanche a répliqué aux critiques du camp républicain en affirmant que des ballons de même nature avaient survolé des parties du territoire américain à au moins trois reprises durant le mandat du président Trump [2017-21]. Et un haut responsable du Pentagone a évoqué un quatrième cas, survenu durant les premiers mois de la présidence de M. Biden.

Or, jusqu’à présent, ces faits étaient restés confidentiels… Et il n’est pas impossible qu’ils s’inscrivent dans une tendance plus lourde, à en croire le général Glen VanHerck, qui commande à la fois l’USNORTHCOM [commandement pour le Nord] et le NORAD.

« Des ballons chinois ont déjà volé à haute altitude près ou au-dessus de territoires américains sans avoir été repéré car l’US Northern Command ne dispose pas de la bonne combinaison de capacités pour les détecter », a en effet affirmé le général VanHerk, devant la presse, le 6 février.

« C’est ma responsabilité de détecter les menaces contre l’Amérique du Nord. Je vais vous dire que nous n’avons pas détecté ces menaces [précédentes], et c’est une lacune dans la connaissance du domaine que nous devons avoir », a-t-il insisté.

D’après les explications du général VanHerk, les forces américaines ne savent que les États-Unis ont reçu de telles visites qu’après coup… grâce à des « moyens supplémentaires de collecte » mis en oeuvre par les services de renseignement. Moyens dont il n’a pas donné le détail [cyberespionnage, interceptions de communications, renseignement d’origine humaine?].

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