Une réparation « défectueuse » a été découverte à bord du sous-marin britannique HMS Vanguard

En 2015, l’un des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] que possède la Royal Navy, le HMS Vanguard a été mis en cale sèche au titre d’une Indisponibilité périodique pour entretien et réparation [IPER] qui devait durer trois ans et coûter 200 millions de livres sterling.

Cette opération était d’autant plus urgent que, en 2012, des radiations avaient été détectées dans l’eau de refroidissement de son réacteur « témoin » PWR2, due à une lésion microscopique au niveau de la gaine de combustible [c’est à dire l’enveloppe scellée contenant l’uranium, ndlr].

Finalement, le sous-marin n’aura été rendu à la Royal Navy qu’en juillet 2022, soit sept ans après le début de son IPER [et un surcoût de 300 millions de livres sterling]. Chargé de mener celle-ci à bien, le groupe Babcock avait indiqué qu’il aurait à effectuer plus de 25’000 tâches nécessitant 2,5 millions d’heures de travail, avec 2,3 km de câbles à installer et 26’000 équipements à vérifier méticuleusement, voire à réviser ou à remplacer le cas échéant.

Quoi qu’il en soit, malgré le temps mis pour réaliser cette IPER, certaines tâches n’ont sans doute pas été réalisées avec la rigueur nécessaire qu’exige un SNLE. En effet, la Royal Navy a ordonné une enquête urgente après la découverte d’une réparation « défectueuse ».

En effet, au moins sept boulons cassés – parce qu’ils avaient été excessivement serrés – ont été réparés avec de la… colle alors qu’ils maintenaient l’isolant placé sur les tuyaux de refroidissement du réacteur nucléaire.

Les techniciens ont bien signalé la casse des boulons… mais n’ont rien dit sur leur bricolage de fortune. Celui a été découvert il y a quelques semaines, au moment de lancer la chaufferie nucléaire à pleine charge. Si elle assure que la sécurité n’a été compromise à aucun moment, il n’en demeure pas moins que la Royal Navy entend bien obtenir des explications de la part de Babcock…

« Cela fait vous demander ce qui a pu être mal fait ailleurs. Des dommages comme celui-ci auraient dû être détectées bien avant cette inspection tardive », a résumé le commandant Ryan Ramsay, un ancien sous-marinier, dans les pages du quotidien The Sun. De quoi mettre en cause la confiance accordée à l’industriel…

« Tout problème lié à la qualité est une énorme déception. Mais nos propres processus d’inspection robustes ont découvert le problème et nous avons pris des mesures immédiates pour le résoudre », a fait valoir un porte-parole de Babcock.

Sauf que l’industriel peine à convaincre. « La sécurité nucléaire n’est pas une option. Elle n’est pas négociable », a fait valoir le député [travailliste] Luke Pollard, élu de la région de Plymouth. Et si Babcock a effectivement détecté et corrigé le problème, il estime qu’il n’aurait jamais dû se produire.

Reste que durant l’IPER du HMS Vanguard, la « dissuasion continue en mer » [CASD] a reposé sur les HMS Victorious [qui a connu un souci avec un début d’incendie à bord], HMS Vigilant et HMS Vengeance.

En 2022, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et le menaces nucléaires russes, deux d’entre-eux auraient chacun patrouillé durant 157 jours. « Le grand danger est que cette routine immuable, semaine après semaine, mène à l’ennui, à la complaisance et à une baisse inévitable des normes », a confié Rob Forsyth, un ancien commandant de SNLE de type Resolution, auprès du journal The Guardian.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]