M. Macron critique le projet allemand de défense aérienne européenne

En octobre, l’Allemagne a réussi à convaincre une quinzaine de pays membres de l’Otan [ou sur le point de le devenir, comme la Finlande] à rallier son initiative « European Sky Shield », qui vise à créer un système européen de défense aérienne grâce à l’acquisition commune des capacités nécessaires.

Et parmi ces dernières, les dispositifs IRIS-T SLM [de Dielh Defence], Arrow-3 [développé par Israël avec une aide américaine] et Patriot sont envisagés. Et il n’a été fait jusqu’à présent aucun cas du système franco-italien SAMP/T [Sol Air Moyenne Portée / Terrestre]… D’où le fait que ni la France, ni l’Italie n’ont pas rejoint l’initiative allemande. D’ailleurs, Paris en aurait pris ombrage, ce qui expliquerait, selon la rumeur, le coup de froid sur ses relations avec Berlin.

Ce 9 novembre, à l’occasion de la publication de la Revue nationale stratégique sur laquelle reposera la future Loi de programmation militaire, le président Macron a brièvement évoqué – sans le nommer – ce projet « European Sky Shield ».

« L’Europe n’est désormais plus à l’abri de frappes de missiles, de drones. Et nous devons intégrer cette réalité car la technologie met désormais à la disposition d’adversaires, qui ne sont pas toujours des États, les moyens de frapper à distance », a d’abord noté Emmanuel Macron.

« Je sais, j’ai plus lire que d’aucuns, en Europe, y réfléchissent », a-t-il continué, faisant certainement allusion au chancelier allemand, Olaf Scholz, qui mis ce sujet sur la table, lors d’un discours prononcé à Prague, en août dernier. Discours qui a annoncé l’initiative « European Sky Shield ».

Cependant, a poursuivi M. Macron, la « défense aérienne de notre continent, c’est une question stratégique, solidaire et aux multiples ramifications. [Elle] ne peut se résumer à la promotion d’une industrie nationale ou d’industries tierces aux dépens de la souveraineté européenne ». Là encore, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec les systèmes envisagés pour le projet porté par l’Allemagne…

En tout cas, selon le locataire de l’Élysée, ce sujet « mérite donc une approche inclusive, en profondeur, reposant sur une analyse stratégique et intégrant tout le spectre de notre défense ». Et de conclure, sans livrer la moindre précision : « Nous proposerons et nous contribuerons ».

Cela étant, après cette « pique » adressée à Berlin, M. Macron a passé la pommade au moment d’évoquer les coopérations européennes, qui figurent en bonne place dans la Revue nationale stratégique. Et il a fait part de sa volonté de « renforcer nos liens avec l’Allemagne », qui est un « partenaire indispensable avec lequel nous sommes engagés dans des programmes profondément structurants », en référence au SCAF [Système de combat aérien du futur] et au char de combat du futur. « Nos forces sont faites pour se combiner » et les deux pays ont une « excellence industrielle partagée » et aussi une « réalité opérationnelle et une ambition stratégique ».

« De l’équilibre de notre partenariat dépend, je le crois aussi, pour partie, la réussite du projet européen et je souhaite à cet égard que nous puissions obtenir des avancées décisives dans les prochaines semaines, » a dit M. Macron.

Toutefois, celui-ci a loué les mérites d’autres coopérations, comme celles établies avec la Belgique sur le segment des blindés médians [Scorpion/CaMo]. Ou encore le rapprochement avec la Grèce et la Croatie… En outre, M. Macron a évoqué le partenariat avec l’Italie, appelé à se développer dans la cadre du traité du Quirinal. Puis, est c’est une nouveauté par rapport à ces précédentes interventions, il a eu mot pour la relation particulière qui lie la France au Royaume-Uni dans les affaires militaires.

« Notre partenariat avec le Royaume-Uni doit aussi être porté à un autre niveau. Et je souhaite que nous reprenions activement le fil de notre dialogue sur les opérations, les capacités, le nucléaire et le domaine hybride. Et renouer avec l’ambition qui sied à nos deux pays, amis et alliés », a conclu le président Macron.

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