Budget de la Défense : L’objectif des 2% du PIB pourrait être un « plancher »

Quand il fut élu en 2017, le président Macron avait fait la promesse de porter les dépenses militaires françaises à 2% du PIB, conformément à l’engagement pris par son prédécesseur, François Hollande, lors du sommet organisé par l’Otan au Pays de Galles trois ans plus tôt. Et la Loi de programmation militaire votée lors de son précédent mandat devait permettre d’atteindre cet objectif à l’horizon 2025.

Aussi imparfait soit-il [car il peut recouvrir des réalités différentes d’un pays à l’autre], cet objectif de 2% du PIB est censé correspondre au niveau d’ambition de l’Otan, traduit en termes militaires.

Quoi qu’il en soit, et depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs pays européens ont fait part de leur intention d’augmenter significativement leurs dépenses militaires, quitte à aller au-delà des 2% du PIB. Certains d’entre-eux, comme la Pologne, avait déjà atteint – et même dépassé- cet objectif.

Alors qu’une nouvelle Loi de programmation militaire se profile, la Revue nationale stratégique [RNS], publié ce 9 novembre, suggère que le budget du ministère des Armées pourrait significativement augmenter dans les cinq années à venir.

« Les investissements de défense, conformément à l’engagement pris au sommet du Pays de Galles de 2014 d’y consacrer 2 % de PIB, doivent continuer de s’accroître en Europe. Ce niveau doit être appréhendé comme un plancher pour être à la hauteur de la rupture stratégique provoquée par la guerre en Ukraine et des capacités nécessaires aux alliés européens pour assurer leur sécurité », lit-on en effet dans ce document.

En outre, l’effort de défense des membres de l’Otan « doit se poursuivre dans le cadre d’une remontée en puissance collective face à des adversaires décomplexés. Cette évolution est bénéfique en ce
qu’elle rapproche nos partenaires européens de nos vues selon lesquelles nous devons collectivement assumer davantage de responsabilités en matière de défense », avance encore la RNS.

Cela étant, au regard des dix objectifs stratégiques et de l’ambition qu’elle décrit, on voit mal comment il pourrait en aller autrement. D’autant plus qu’il y est affirmé que la France devra, en 2030, être « capable de défendre son territoire métropolitain et ultramarin, et de protéger et impliquer ses citoyens » tout en s’appuyant sur une « dissuasion nucléaire indépendante » et des « forces armées conventionnelles robustes », et avec des « postures permanentes de sûreté adaptées aux menaces », lequelles sont nombreuses.

En outre, la France devra aussie disposer d’une « liberté d’action » et d’une « capacité à conduire des opérations militaires y compris de haute intensité en autonomie ou en coalition, dans tous les champs ».

Aussi, « nous devons répondre à la fois aux problèmes d’aujourd’hui et à ceux de demain. L’armée de 2030 que nous avons à bâtir ne doit pas être l’armée idéale que nous aurions voulue en 2022 », a résumé le président Macron, depuis Toulon, ce 9 novembre.

Justement, et alors que la guerre en Ukraine n’avait pas encore commencé, un rapport parlementaire sur l’engagement de « haute intensité » avait déjà estimé qu’il faudrait porter l’effort de défense à au moins 2,5% du PIB.

« Sous réserves de rester avec les mêmes ambitions, il y a effectivement un besoin complémentaire de 20 à 30 milliards sur la prochaine LPM. Ce qui mène, grosso modo, au doigt mouillé, à un effort de 2,5% du PIB. Ce qui nous permettra, sans ambition excessive, d’avoir notre modèle d’armée complet », avait en effet expliqué le député Jean-Louis Thiériot, co-auteur de ce rapport avec Patricia Mirallès, devenue depuis secrétaire d’État aux Anciens combattants.

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