Second patrouilleur outre-Mer, le Teriieroo a Teriierooiterai a été mis à l’eau à Saint-Malo

Alors que l’Auguste Bénébig, premier des six Patrouilleurs outre-Mer [POM] de la classe « Félix Éboué » , a entamé ses essais en mer depuis Brest en août dernier, le second navire de la série, le « Teriieroo a Teriierooiterai », vient d’être mis à l’eau au chantier naval Socarenam de Saint-Malo, en présence d’une partie de l’équipage d’armement. L’annonce en a été faite le 6 septembre, par l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM].

S’il emprunte le même chemin que son prédécesseur, le « Teriieroo a Teriierooiterai » devrait prochainement rejoindre Boulogne-sur-Mer pour y recevoir son armement, c’est à dire ses radars, ses capteurs optroniques, son système de communication par satellite, son canon téléopéré Narwhal de 20 mm de Nexter [qui constitue son armement principal] ainsi que ses deux EDO NG [Embarcation de drome opérationnelle de nouvelle génération].

En outre, un système de mini-drone de la Marine [SMDM], dont la qualification vient d’être prononcée par la Direction générale de l’armement [DGA] sera embarqué et intégré à son bord dès le départ.

Selon le CEMM, après avoir été livré à la Marine nationale, il rejoindra la Polynésie dès 2023 pour y « remplir des missions de protections de nos intérêts nationaux ».

Comme les cinq autres navires de cette série, ce POM portera le nom d’un héros ultramarin de la France Libre. Descendant des chefs coutumiers de Polynésie, Teriieroo a Teriierooiterai fut l’un des artisans du ralliement de l’Océanie française à la France libre en septembre 1940. Le général de Gaulle lui décernera la Croix de la Libération en mai 1943.

À noter que, selon les plans actuels, qui peuvent évoluer en fonction de ce qui sera décidé pour la prochaine Loi de programmation militaire [LPM], la Polynésie française recevra un second POM, le « Philippe Bernardino » [également fait Compagnon de la Libération] en 2024. En tout cas, la semaine passée, à l’occasion de la visite, à Brest, de son homologue australien, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé que ces six patrouilleurs outre-Mer « ne suffiront pas ». En outre, dans un rapport, des sénateurs ont plaidé pour en commander cinq de plus.

Initialement, il était question de remplacer les P400 [déployés en outre-Mer] et les patrouilleurs de haute-mer [PHM, ex-avisos de la classe d’Estienne d’Orves] par un seul type de navire, dans le cadre du programme BATSIMAR [Bâtiment de surveillance et d’intervention maritime] sans cesse remis à des jours meilleurs. Ce qui aurait permi d’accroître les capacités des patrouilleurs destinés aux territoires ultra-marins, notamment en matière de détection et d’armement. Finalement, et pour des raisons budgéraire, et aussi pour éviter des ruptures temporaires de capacités, il a été décidé de scinder le programme en deux… Ce qui fait que les POM ne seront pas aussi bien armés que les Patrouilleurs océaniques…

Or, dans une note publiée en juillet [.pdf], l’Institut français des relations internationales [IFRI] souligne que doter la Marine nationale de davantage de navires ne suffira pas.

« Face aux évolutions en cours, il est nécessaire pour la Marine française d’anticiper un retour du combat naval. Une telle ambition demande d’accroître, à un horizon aussi proche que possible et dans des budgets raisonnables, le nombre et la létalité de ses unités », a-t-il en effet estimé.

Et d’ajouter : « Plus largement, l’analyse de la conflictualité navale actuelle demande une évolution doctrinale conduisant à une remise en cause de la ‘culture de prise du premier coup’ qui a longtemps prévalu pour maîtriser l’escalade, demandant d’absorber une première salve afin de frapper. La rareté des moyens et la prolifération des menaces antinavires rendent risquée l’actuelle doctrine de seconde frappe qui exige d’agir uniquement après avoir essuyé un tir, en situation défensive. La vulnérabilité des bâtiments, y compris les plus robustes, et la faiblesse relative du nombre de missiles, voire des équipements de guerre électronique, donnent aujourd’hui une prime à l’offensive qui exige de penser la capacité de frappe en premier, ce qui en retour demande une plus grande autonomie d’action des commandants ».

Photo : Marine nationale

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