Otan : L’Albanie rompt ses relations diplomatiques avec l’Iran, accusé d’être derrière une vaste cyberattaque

Depuis 2013, à la demande des États-Unis et de l’ONU, l’Albanie accueille sur son sol l’Organisation des moujahidines du peuple iranien [OMPI], un mouvement qui, initialement d’inspiration islamo-marxiste, dit lutter pour instaurer un régime démocratique et laïque en Iran. Et cela alors qu’il était classé parmi les organisations terroristes par Washington jusqu’en 2012.

Interdit en Iran, l’OMPI a donc regroupé ses militants à Ashraf 3, une ville sortie de terre en 18 mois et s’étendant sur des milliers de kilomètres carrés, entre Tirana et le port de Durrës. C’est de là que l’organisation soutient la « résistance intérieure » en Iran. Évidemment, cela n’est pas au goût de Téhéran. D’où ses relations difficiles avec le pays des aigles. Et quatre diplomates iraniens en ont été expulsés depuis décembre 2018 pour avoir mené des « activités nuisant à la sécurité nationale ».

D’ailleurs, en 2018, l’Iran a été accusé par France d’avoir planifié un attentat contre le grand rassemblement annuel du Conseil national de la résistance iranienne [CNRI, dont l’OMPI fait partie, ndlr] qui devait avoir lieu à Villepinte cette année-là.

Quoi qu’il en soit, ce 7 septembre, l’Albanie a décidé de rompre, avec effet immédiat, ses relations diplomatiques avec l’Iran, accusé d’être à l’origine d’une « cyberattaque lourde contre les infrastructures numériques du gouvernement albanais visant à les détruire ». Les faits remontent à juillet dernier.

« Une enquête approfondie nous a fourni la preuve indiscutable » que cette cyberattaque avait été « orchestrée et sponsorisée » par Téhéran, a accusé Edi Rama, le Premier ministre albanais. « L’attaque a échoué » et « les dégâts peuvent être considérés comme minimes au regard des buts de l’agresseur. Tous les systèmes sont redevenus entièrement opérationnels et il n’y a pas eu d’effacement irréversible de données », a-t-il assuré.

Selon les autorités albanaises, une notification officielle a été adressée à l’ambassade d’Iran à Tirana, son personnel ayant vingt-quatre heures pour quitter l’Albanie.

Membre de l’Otan depuis 2009, et selon la gravité de la cyberattaque attribuée à l’Iran, l’Albanie aurait pu théoriquement invoquer la clause de défense collective, prévue à l’article de 5 du Traité de l’Atlantique-Nord.

« Une cyberattaque grave pourrait entraîner l’invocation de l’article 5 de notre traité fondateur, qui définit notre engagement de défense collective, à savoir qu’une attaque contre un membre de l’Alliance sera considérée comme une attaque dirigée contre tous les Alliés », avait en effet souligné Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, en août 2019.

Cela étant, Tirana peut compter sur le soutien de Washington. « Les États-Unis condamnent sévèrement la cyberattaque de l’Iran contre notre allié de l’Otan, l’Albanie », a affirmé Adrienne Watson, une porte-parile du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Au passage, les autorités américaines, en lien avec des « partenaires du secteur privé », ont soutenu les « efforts de l’Albanie pour […] enquêter sur cette cyberattaque, qui « détruit les données gouvernementales et perturbé les services gouvernementaux au public ». Ce qui a permis de conclure, selon Mme Watson, que l’Iran en était « responsable des opérations de piratage et de fuites de données ayant suivi ».

« L’Albanie considère les réseaux gouvernementaux touchés comme des infrastructures essentielles. Les cyberactivités malveillantes d’un État qui endommagent intentionnellement des infrastructures critiques ou entravent leur utilisation et leur fonctionnement alorss qu’ils fournissent des services au public peuvent avoir des effets nationaux, régionaux et mondiaux en cascade », a insisté la responsable américaine.

Aussi, y voyant un « précédent inquiétant », Mme Watson a assuré, sans donner plus de détails, que les États-Unis « prendront des mesures supplémentaires de manière à ce que l’Iran rende des comptes ».

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