Mali : Le groupement européen de forces spéciales « Takuba » n’est plus… mais Paris veut préserver « son esprit »

Il y a un peu plus de trois ans, à l’occasion d’une visite au 4e Régiment d’hélicoptères de forces spéciales [RHFS], Florence Parly, alors ministre des Armées, avait appelé les pays européens à déployer des commandos au Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane, afin d’accompagner les armées locales au combat, contre les groupes jihadistes.

« Il faut accompagner les forces armées sahéliennes après les avoir formées, y compris lorsqu’elles vont au combat, et pas seulement dans les états-majors. Ce n’est pas un sport de masse, j’en conviens. […] Mais si les Européens, qui sont directement concernés, ne le font pas, qui, alors, le fera? », avait alors demandé Mme Parly.

En novembre 2019, l’ex-ministre des Armées annonça la formation prochaine d’un groupement européen de forces spéciales, appelé « Takuba » [« sabre » en Tamachek]. « Ce sera le sabre qui armera les forces armées maliennes sur le chemin de l’autonomie et de la résilience », avait-elle alors assuré. Seulement, il restait à trouver les pays européens désireux d’y participer.

En effet, si dix d’entre-eux apportèrent leur soutien politique à cette initiative française en mars 2020, peu d’entre-eux s’engagèrent à envoyer leurs forces spéciales au Sahel… Cependant, l’Estonie, la République tchèque et la Suède donnèrent leur accord. Ce qui permit de prononcer la capacité opérationnelle initiale [IOC] de Takuba en juillet de cette année-là. D’autres pays firent savoir qu’ils envisageait d’y prendre part, comme le Danemark et l’Italie.

Finalement, Takuba put atteindre sa pleine capacité opérationnelle en avril 2021, après le déploiement d’un important contingent suédois [150 militaires et 3 hélicoptères UH-60 Black Hawk ainsi qu’un avion de transport C-130 Hercules, ndlr]. À noter que le groupement européen fut même commandé par un colonel suédois pendant quelques mois.

Si l’accompagnement des Unités légère de reconnaissance et d’intervention [ULRI] des forces armées maliennes [FAMa] par les « Task Group » de Takuba fit la preuve de son efficacité, l’évolution du contexte politique à Bamako, marqué par un coup d’État menée en deux temps par le colonel Assimi Goïta, et l’arrivée au Mali du groupe paramilitaire russe Wagner auront eu raison du groupement européen de forces spéciales.

En janvier, le Danemark fut contraint de rappeler le contingent qu’il venait de déployer à Ménaka au sein de Takuba après un différend diplomatique avec Bamako. Puis, la décision de la France de réorganiser son dispositif militaire au Sahel et de retirer ses troupes du Mali sonna le glas du groupement européen.

« Opérationnellement parlant, Takuba a rempli sa mission, la remplit et la remplira aussi longtemps que durera le désengagement du Mali, y compris le sien propre. Politiquement, elle est très utile, d’abord par le signal de solidarité stratégique européenne qu’elle envoie, et surtout par le fait que le dialogue avec les Maliens serait beaucoup plus compliqué s’il n’y avait que les Français : la présence de plusieurs pays européens dans Takuba rompt ce face-à-face », avait expliqué, en février, le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire.

Et d’ajouter : « Pour autant, je ne pense pas que Takuba soit directement transposable dans un autre pays. D’abord, nous ne pouvons pas décider d’un lieu où l’installer : il faut trouver un pays africain qui veuille bien l’accueillir. Mais surtout, c’est rendu impossible par les processus politiques propres aux pays participants à Takuba. »

Le groupement européen aurait pu se redéployer au Niger, étant donné que Niamey a récemment adopté une loi autorisant de « nouvelles implantations de forces spéciales étrangères » [notamment européennes] au « plus près des théâtres d’opération », c’est à dire le long de la frontière avec le Mali. Mais encore faudrait-il , comme l’a souligné le CEMA, que les pays contributeurs soient d’accord pour pousuivre leur engagement sur le sol nigérien…

Aussi, un peu plus d’un an après avoir atteint sa « pleine capacité opérationnelle », l’histoire Takuba a pris fin. L’annonce en a été faite par l’État-major des armées [EMA], ce 1er juillet.

« La réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, décidée en relation étroite avec les partenaires européens et nord-américains, a conduit à la fin des opérations de Takuba au Mali à compter du 30 juin », a en effet indiqué l’EMA, via un communiqué.

« L’opération Barkhane et la TF Takuba témoignent de ce dont les Européens sont capables d’accomplir ensemble dans des environnements sécuritaires complexes. Ainsi, les leçons tirées de cette expérience opérationnelle et ‘l’esprit Takuba’ perdureront hors du Mali », a encore fait valoir l’EMA. D’autant plus que, a-t-il fait valoir, « outre le partage d’une appréciation de situation, des procédures communes et une fraternité d’armes ont été forgées », ce qui a « permis à toutes les nations contributrices de développer une évaluation et une conscience communes de la situation ».

Vu de Paris, Takuba est donc un « succès stratégique et tactique ». Succès stratégique parce que plus de dix pays européens « ont décidé de s’engager conjointement dans une lutte commune » contre les groupes terroristes. Succès tactique car cette force européenne a « permis la formation d’unités maliennes adaptées au combat contre les terroristes, évitant ainsi la territorialisation » des organisations jihadistes, en particulier celle de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans la région dite des trois frontières.

Par ailleurs, le 30 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a reconduit, pour un an de plus, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA], laquelle, désormais, ne pourra plus compter sur l’appui aérien que lui fournissait jusqu’alors la force Barkhane.

Cependant, le gouvernement malien de transition a fait part de son opposition à plusieurs dispositions prévues dans ce nouveau mandat, dont celle prévoyant une obligation d’enquêter sur les violations présumées des droits humains commises tant par les groupes terroriste que par les FAMa et les paramilitaires russes. Aussi, il a prévenu qu’il ne garantirait pas la liberté de mouvement de la MINUSMA. Ce qui est déjà le cas, la mission de l’ONU n’ayant toujours pas pu se rendre dans la localité de Moura [centre] où des exactions auraient été commises en mars dernier, par les soldats maliens et leurs supplétifs de Wagner contre la population civile.

Photo : EMA

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48 contributions

  1. Buburoi dit :

    Le Mali, c’est terminé. Maintenant, il faut s’implanter en Europe de l’Est. Ce sera la Roumanie et l’Estonie qui seront notre Horizon pour longtemps. Il faut laisser l’Afrique aux africains.

    • Bravo Charlie dit :

      ou plutôt aux Russes, Chinois, Turques, et autres néo-colonisateurs …

    • hadrien dit :

      heuuu non, il faut laisser l’Afrique aux Chinois

    • FUSCO dit :

      AAAAAfrique adieu, belle Africaaaaa.
      Où vont les eaux bleues, du tanganyka ?

      • Lotharingie dit :

        Afrique adieu, Belle Africa.
        Où vont les eaux bleues Du Tanganyika ?

        Afrique adieu. Ton cœur samba
        Saigne autant qu’il peut. Ton cœur s’en va.

        Il pleut des oiseaux aux Antilles
        Sur des forêts de magnolias.
        Les seins dorés brûlants des filles
        Passent à deux pas de mes dix doigts.

        Des musiciens de Casamance
        Aux marabouts de Pretoria,
        C’est tout un peuple fou qui danse
        Comme s’il allait mourir de joie.

        Afrique adieu, Belle Africa.
        Où vont les eaux bleues Du Tanganyika ?

        Afrique adieu. Ton cœur samba
        Saigne autant qu’il peut. Ton cœur s’en va.

        Sur les étangs de Malawi,
        La nuit résonne comme un signal.
        C’est pour une fille de Nairobi
        Qu’un tambour joue au Sénégal.

        Et de Saint Louis à Yaoundé,
        Des lacs salés au vieux Kenya,
        C’est tout un peuple qui va danser
        Comme s’il allait mourir de joie.

        Afrique adieu. Tes masques de bois
        N’ont plus dans leurs yeux. L’éclair d’autrefois.

        Afrique adieu. Là où tu iras,
        Les esprits du feu. Danseront pour toi.

        Afrique adieu, Belle Africa.
        Où vont les eaux bleues Du Tanganyika ?

        Afrique adieu. Ton cœur samba
        Saigne autant qu’il peut. Ton cœur s’en va.

        https://www.youtube.com/watch?v=TU8eXJHJCAE

        • Distras dit :

          Eh oui, à cette époque,, on chantait l’Afrique qui nous le rendait bien ! Être Français y était un privilège ! Ses représentants y étaient accueillis comme des loups blanc !On se demande bien comment les choses ont pu déraper à ce point pour que les Français soient aujourd’hui aussi détestés sur ce continent !Sarkozy s’est pris pour un shérif qui allait régler le problème avec son pote Obama ! Conclusion la Côte d’Ivoire est aujourd’hui sous la coupe d’un dictateur musulman qui a changé la constitution pour rester president à vie et le Libye n’est plus qu’un trou de sable miné de partout ! Sûr que de ce coté, les français ne doivent plus aller ! Et que dire du Mali, qui avait si bien commencé pourtant ! Et que dire aussi de ce bon tonton Mitterrand, qui a cru à une invasion anglo-saxonne au Rwanda pour y engager un contingent qui a fini par se compromettre dans les dérives d’un gouvernement amis devenu génocidaires ! Il n’y a rien au Rwanda, c’est un trou de boue rouge, quel intérêt stratégique a put justifier une telle compromission ? Ouais, ….Afrique adieu….là bas, ils veulent vraiment qu’on parte en tout cas !

  2. Félix GARCIA dit :

    J’écoutais ça hier soir (je débarque après la la bataille) :

    « Sahel : derrière les succès tactiques, l’impasse politique »
    Invitée : Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network (ASSN)
    4:30 Les origines de l’instabilité sahélienne
    16:00 L’opération Serval et ses suites
    25:30 La galaxie jihadiste au Sahel et les ressorts de leur progression
    38:00 Ibrahim Boubacar Keïta, son renversement par des militaires, et les maux de l’armée malienne
    45:00 Le G5 Sahel, ses difficultés et les échecs de la coopération militaire
    1:00:30 Les tensions actuelles avec le pouvoir malien
    1:12:00 Difficultés diplomatiques et arrivée de la Russie dans le jeu malien
    1:21:00 Les pistes politiques de sortie de l’impasse
    https://soundcloud.com/le-collimateur/sahel-derriere-les-succes-tactiques-limpasse-politique

    Je trouve qu’elle dresse un tableau convaincant (mais je n’ai jamais été en Afrique [à part Madagascar et au Club Med en Égypte quand j’étais p’tit …]) : ceux qui l’ont écouté (ou qui connaissent le travail de cette dame) pourraient me dire ce qu’ils en pensent ?

    • AirTatto dit :

      Niagalé Bagayoko est très bien, dirigeant un TT très en avance sur les questions de gouvernance Africaine vers une démocratie adaptée.
      Concernant son podcast, je partage complètement ses explications qu’on peut résumer par conflits ethniques, corruptions y compris pour la Libye.

    • Affreux Jojo dit :

      Passionnant. Merci.

    • rga dit :

      que si l’on avait écouté l’OUA et sa proposition d’un exil doré de Kadhafi et de ses soutiens, on n’en serait pas là. A Londres une commission d’enquête parlementaire a conclue que le PM Cameron avait décidé cela pour des raisons de politiques intérieure ‘ un peu comme « Bojo » en ce moment. En France , Môsieur Sarkozy – qui nous avait infligé une tente de bédouin à paris- cours toujours, même condamné.

      • Distras dit :

        L’héritage des années Sarkozy est effectivement très lourd ! Côte d’Ivoire et Libye sont les germes de la haine anti-française sur le continent ! Aller installer un président musulman à la tête du plus grand pays chrétien d’Afrique de l’ouest, fallait oser le faire ! Faut pas s’étonner qu’ils n’ont pas apprécié là bas . Quand à Kadhafi, il a financé quantité d’ hôpitaux sur tout le continent, il était très aimé des Africains ! Beaucoup portent encore la plaque de commémoration à son nom. Il disait un hopital et une mosquée, et il construisait les deux ! Même Mandela l’a remercié d’aoir financé l’ANC durant les années sombres ! 

        • Lockass dit :

          « plus grand pays chrétien d’Afrique de l’ouest » ???
          Euh la Côte d’Ivoire c’est du 50/50 niveau religion. Ce n’est pas vraiment un « pays chrétien ».

          Quant à Khadafi, un peu à la manière de Sankara on surestime largement sa popularité de son vivant. Comme le Burkinabé, sa fin tragique en a fait une sorte d’icône mais il était très loin de faire l’unanimité que ce soit dans son pays ou sur le continent de son vivant. D’ailleurs même si il est mort au cours d’une opération déclenchée par l’occident, il ne faut pas oublier que son pays était déchiré par la guerre civile des mois avant que le moindre avion de l’OTAN ne décolle. Et ce sont bien des Libyens qui l’ont tué (dans des circonstances particulièrement sordides selon certains témoignages donc c’est dire si il était réellement « aimé »)

          • Distras dit :

            Kadhafi avait une influence indéniable en Afrique du fait de sa puissance financière, rien de comparable avec Sankara ! il visitait des pays en Afrique avec des valises pleines de dollars pour les pauvres ! Il était incroyablement généreux, en tant que pied noir, et je l’ai vu de mes yeux ! Quand il débarquait, c’était Hollywood ! Ils appelaient les africains ses fils qui le lui rendaient bien, les chefs coutumiers notamment lui envoyaient leurs plus belles filles comme cela se fait en Afrique !
            Il se présentait comme le Roi de l’Afrique et distribuait comme personne ! Malgré son côté fantasque, il a rendu bien des services à beaucoup de monde, dont l’Europe. Notamment en endiguant les mouvements djihadistes et en l’alimentant en pétrole ! Allez voir ce qu’il reste de la Libye aujourd’hui ! Sans compter le prix que paye la France qui s’est tiré une balle dans le pied, ce que souligne rga!
            Quant aux printemps arabes, tout le monde sait qu’ils sont nés spontanément des peuples opprimés hein… vous devez probablement être l’un des derniers à le croire !

    • Reality Checks dit :

      Je n’ai pas écouté le podcast que vous mettez en lien.
      En revanche, j’ai lu quelques articles de cette jeune femme, et j’ai pris connaissance d’autres contenus dans lesquels elle s’exprimait sur ces sujets, au cours des années.
      Je dirais que sur le Mali, elle a produit un travail lucide, crédible, préscient même.

      En plus elle a une personnalité très agréable, on va dire, ce qui est une caractéristique remarquable dans le milieu dans lequel elle évolue, et un atout de communication.

    • vrai_chasseur dit :

      @FG
      Niagalé Bagayoko est un pur produit typique de la méritocratie à la française.
      Père malien, mère française, docteure en sciences politiques de Sciences Po Paris, 1er prix de l’IHEDN pour sa thèse.
      Son ‘biculturalisme’ lui confère une capacité à la fois très fine et très analytique de décortiquer les enjeux sécuritaires et les intrications politiques locales des pays francophones de la bande sahélo-saharienne, ainsi que de la pertinence de la politique française en Afrique francophone face à ces enjeux.
      Ardente défenseuse d’une nouvelle politique française 2.0 en Afrique.
      Une clairvoyance et une hauteur de vue bienvenues dans un monde africain où l’analyse des enjeux est complexe et remplie de faux-semblants.
      Vous aurez évidemment compris que je vous recommande sa lecture.
      qq liens
      http://ras-nsa.ca/fr/lavenir-geopolitique-de-la-francophonie/
      http://dandurand.uqam.ca/publication/le-multilateralisme-securitaire-africain-a-lepreuve-de-la-crise-sahelienne/
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/16/niagale-bagayoko-les-marges-de-man-uvre-de-barkhane-pour-se-redeployer-apparaissent-aussi-reduites-que-fragiles_6113862_3232.html

      • Reality Checks dit :

        « Père malien, mère française (…) Son ‘biculturalisme’
        .
        De maman Corse, si ma mémoire est bonne, ce qui est un atout de plus:
        Tri-culturelle donc, en quelque sorte, si on ajoute qu’elle a une identité profondémment méditerranéenne.
        😉

    • Félix GARCIA dit :

      Merci à tous pour vos réponses (j’aurai aimé vous répondre de manière plus détaillée, mais je n’en ai malheureusement pas le temps) !
      Bonne journée à tous.

  3. Aramis dit :

    On a pas peur du ridicule. Les européens ont juste vu là une manière d’entrainer leur forces spéciales à peu de frais. Leur engagement aura été purement symbolique.

    • alex dit :

      bien sur c’est tout à fait ça mais au moins ça a le mérite d’exister et à entrainer nos partenaires à faire de « l’opex », d’habitude, si il n’y a pas toute l’infra US derrière il n’y a personne qui bouge le petit doigt et aucun autre pays à part le notre a la capacité d’intervenir (même l’ UK à mon avis dans son format actuel ne le peut plus ).

      Sinon on fait quoi ? tous au caserne à jouer aux cartes comme les allemands, et le jour ou il faut bouger on fait comme eux aussi … » »on peut pas on a rien prévue pour faire la guerre, mais par contre on a tous une belle audi sur le parking bien propre « 

    • Clavier dit :

      Le ridicule ne tuant aucun politicien, ils s’en donnent à coeur joie……
      Espérons que nos amis africains n’essayeront pas d’en faire un nouvel Rwanda !

      • Distras dit :

        Ah le Rwanda, l’autre grand héritage des années Mitterrand ! Avec Sarkozy, ces deux présidents ont réussi à semer la haine anti-française de façon radicale !A tort ou à raison, cette haine est bien là ! C’est un peu trop facile de tout mettre sur l’influence Russe en Afrique, les Russes ne font que profiter d’un sentiment existant, il faut oser le reconnaitre aussi !Macron est bien plus prudent aujourd’hui mais le mal est fait !

    • Marre&Go dit :

      ridicule …peu de frais…symbolique…on a compris, pas la peine de faire le doucereux..jésuite comme celui auquel vous partagez l’alias.

  4. Auguste dit :

    Les Parlements des pays participants avaient voté pour une mission au Mali,pas en Afrique.A partir du moment ou on se retire du Mali,Takuba est de fait dissout.
    PS: l’arme Takuba a deux tranchants,ce n’est donc pas un sabre (un seul tranchant),mais un glaive.

    • VinceToto dit :

      Principalement des épées à double tranchant, longues et fines d’après: http://takouba.org/catalog/
      PS: Ils ont confondu Tabuka et Katana. C’était mal parti comme opération. Chut: secret défense et il y a des agents de la police politique qui surveillent ce blog.

  5. Major zweiger dit :

    L’Afrique c’est quasi terminé pour nous. Gardons juste la RCI et Djibouti (si ces derniers le souhaite). Le Gabon et le Togo viennent de rejoindre le Commonwealth, vous vous rendez compte de l’humiliation pour la France et du monde francophone. Les anglo-saxons ont gagnés la partie, nous n’avons jamais su gérer le « patrimoine » de l’ancien empire. Trop de magouille, de coup bas, de choses pas claires, de coups tordus, bref, on a cramé notre capital de base envers la population. En fait, meme si tout n’est pas de lui, on s’ est comporté comme notre président se comporte, pour le coup il est un bon ambassadeur de ce qu’est devenu le français : arrogant, hautain, peu ouvert, idiot. On n’a que ce que l’on mérite au final, ça s’appelle le karma. On doit se concentré un peu sur notre territoire (métropole et outre-mer) qui est déjà bien vaste et que l’on ne couvre et protège pas entièrement avant de donner la leçon ailleurs. La récré est finie, la partie est sifflée.

  6. Lucien dit :

    Il faut que nous Français quittions aussi la MINUSMA et l’EUTM Mali. D’ailleurs, les deux entités devraient mettre la clef sous la porte à mon humble avis. Laissons les Maliens en tête-à-tête avec les Russes et voyons le résultat. Je ne doute pas qu’il sera désastreux mais c’est la responsabilité des Maliens, ils devront en assumer toutes les conséquences.

    • Allobroge dit :

      Oui mais dans ce cas ils trouveront que leur mère patrie, la France « patron » , a du bon, et nous bonnes poires on acceptera qu’ils se réfugient en masse dans l’hexagone !

  7. Patadouf dit :

    On comprends vite…mais faut nous expliquer longtemps.
    Et maintenant la coop franco-allemande… on en préserve juste l’esprit ??

  8. themistocles dit :

    Laissez-moi deviner: C’est une une histoire « d’affichage » c’est ça ? Si on se donnait réellement les moyens de faire tout ce qu’on essaie d’afficher…

  9. Bagration dit :

    L’histoire malheureuse de la Task Force Takuba est un bon résumé de tout ce qui ne va pas dans la politique extérieure d’Emmanuel Macron et de Florence Parly, en particulier quand on touche à l’Europe et à la Défense.

    L’idée de départ était très bonne: impliquer les armées européennes au Mali, afin de ne pas laisser la France toute seule, et surtout, surtout accompagner au combat les soldats que l’on entraîne. C’était là la vraie valeur ajoute pour les Maliens. Cette stratégie, on aurait du la mettre en place dès 2013.

    Mais le président et sa ministre se sont cramponnés à ces belles idées en espérant que le réel s’adapterait à l’idéal, et sans tenir suffisamment compte de la batterie de difficultés qui se présentaient devant eux. « L’intendance suivra » en quelques sortes…

    1) Les pays européens étaient plus que réticents à de multiples niveaux (gouvernement, parlement, opinion publique…) pour plusieurs raisons assez bien résumées dans l’article de Mr Lagneau. Je pense qu’il faut ajouter la réticence de ces pays à mener une intervention militaire où l’on prend de vrais risque (pas uniquement de la formation, donc risque de pertes humaines) et ce dans un cadre hors-OTAN, sans le confortable parapluie américain. Cela explique le temps de déploiement incroyablement lent des effectifs (on parle quand même de deux ans, de juin 2019 à avril 2021, pour déployer à peine 600 gus…).

    2) Le contexte n’a eu de cesse de se dégrader, autant au Mali-même (entre agressivité renouvelée des groupes djihadistes, déchirements communautaires, coups d’état à répétition) qu’à l’international (pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, qui ont rebattu les priorités). Dès 2019 à vrai dire, il y avait lieu de s’interroger sur l’opportunité de maintenir une intervention militaire au Mali dans son ensemble, à mon humble point de vue…

    Si vous rajoutez à ça un soupoudrage permanent et exaspérant de Com’ de la part de l’équipe Parly, pour faire croire que l’opération Takuba était bien plus volumineuse et bien plus efficace qu’elle ne l’était en réalité (faire croire que le déploiement d’officiers de liaison équivaut à une « contribution » sur le terrain, cela restera je crois dans les annales…), on tombe sur un échec. Un indubitable échec.

    Que peut-on garder de bon de cette opération ? Outre les quelques succès tactiques remportés face aux djuhadistes (ex: Solstice en juin 2021), je pense que les premiers bénéficiaires de Takuba sont les quelques militaires européens qui y ont participés concrètement. Ils ont connu une expérience du feu, du terrain, que l’on ne retrouve pas dans les grandes manœuvres de l’OTAN ou dans les missions de formation de l’UE.

    • Proctologue d'élite dit :

      @ Bagration
      Pas besoin de farfouiller trop profond dans ce fiasco de la politique française de « l’Europe de la défense » quoi qu’il en coûte qu’est Takuba,.
      La France n’est pas les États-Unis : 600 pax dont 300 français ce qui n’était pas le but de la manœuvre et pas tous des opérateurs des forces spéciales loin de là, vu qu’ils sont sur-sollicités de partout depuis 30 ans…
      https://lemamouth.blogspot.com/2021/04/takuba-dans-le-detail-des-rares-chiffres.html

    • PK dit :

      Eh oui, l’esprit Takuba résumé :

      – 3 ans de parlottes pour réunir quelques dizaines de soldats qui n’ont pas eu le temps de se battre.

      L’esprit Takuba aura pu s’appeler l’esprit européen.

      Et je passe sur la déroute totale politique qui voit la France sortir la queue entre les jambes d’un conflit qu’elle maîtrise militairement. On ne se croirait en 1962.

      Si on avait dépensé autant d’énergie à taper du GAT ou convaincre nos « partenaires » maliens, on n’en serait pas là.

      Mais bon, on a des technocrates, alors on a des résultats de technocrates.

    • Polymères dit :

      Il faut rappeler une chose, c’est que nous n’avons jamais voulu nous impliquer au Mali et on a constamment cherché des solutions de sorties.
      En 2012 quand le pays se faisait petit à petit conquérir après un coup d’état qui n’a rien arrangé, la France cherchait à impliquer les pays de la CEDEAO afin qu’ils interviennent. On était prêt au mieux à lui apporter un soutien aérien et logistique.
      Puis devant l’impossibilité de faire bouger ces pays et l’urgence de la situation, on a décidé de déclencher Serval mais sans grande préparation. Une opération qui a très bien réussie.
      Très vite on a monté une mission d’entrainement de l’armée malienne et on a constitué la MINUSMA afin d’assurer un retrait de nos troupes. D’ailleurs pas plus loin qu’à l’été 2013, on engageait déjà le retrait de près de la moitié des effectifs engagés dans Serval, on voyait déjà les moyens lourds comme le VBCI s’en aller. Le plan était simple, il était logique, la MINUSMA tient le terrain, l’armée malienne remonte en puissance avec l’assistance de l’armée française.

      Sauf que cette montée en puissance malienne se faisait attendre et prenait forcément du temps, d’autant plus qu’on essayait d’éviter à nouveau une guerre entre Sud et Nord (touaregs). Sur Bamako on ne supportait pas que la France ait choisit de se faire l’allié plutôt que l’ennemi de ces groupes armés du Nord, mais on s’est évité d’avoir des problèmes supplémentaires à gérer. Il fallait donc gérer à la fois une lutte contre le terrorisme et éviter une guerre civile.

      La situation sécuritaire sur cette période était plutôt bonne, Serval a donné un gros coup aux GAT au point que du côté de Bamako, l’obsession était toujours contre les touaregs du Nord. Ainsi en mai 2014, l’armée malienne chercha à conquérir Kidal en jouant sa propre partition avec les unités qui ont été formées et équipées. Une offensive qui a été un désastre et aura vu des touaregs mettre en échec l’armée malienne, lui confisquant un grand nombre de matériels et faisant perdre presque 10 mois d’efforts. Cette échec de l’armée malienne mettait en péril des villes comme Gao qui était alors presque « ouverte » tant l’armée nationale s’était diluée dans sa retraite. La France a mis une barrière, gelant la situation et on s’engagea alors dans les accords d’Alger ( juin 2015 pour sa conclusion).
      Donc on constatera que le problème numéro un après Serval c’était en fait la gestion du conflit intérieur du Mali. On chercha donc à trouver des accords pour une réconciliation nationale ou on allait voir aussi les groupes armés touaregs se fondre dans l’armée nationale.

      On est donc là déjà à 2 ans et demi de présence avec toujours le même problème intérieur qui n’est pas lié à la guerre contre le terrorisme. Ces accords d’Alger conclus permettent de nouveau à la France d’envisager une transformation. C’est ainsi que quelques semaines après, la France signa un accord de défense avec le Mali et Serval fera place à Barkhane (qui au passage effacera Epervier). Les objectifs de Barkhane étant d’accompagner et d’assister une remontée en puissance des pays de la région afin qu’ils soient autonomes (ou suffisants) pour la lutte anti-terroriste.
      Attention donc aux fausses interprétations sur ce qu’est Barkhane, car combien de fois on a entendu que ce n’est pas avec 4500 hommes qu’on sécurise une zone vaste comme l’Europe, ben oui, mais ça n’a jamais été la vocation de la mission, on a toujours été une force parallèle et complémentaire aux forces locales, ça n’a jamais été juste Barkhane, même si chez nous forcément on ne parlait que de ce que nous français, faisons sur place.
      C’est ainsi que nous avons cherché à impliquer les locaux dans des missions opérationnelles en créant la force du G5 Sahel (fin 2015), afin que concrètement les forces nationales de la région réalisent des missions comme nous les réalisons. Car le gros problème c’est que bien souvent leurs armées restent en casernes, n’ont pas une grande culture tactique, pour ne pas dire qu’ils ne savent pas faire des opérations, seul le Tchad dispose d’une certaine capacité opérative.
      Donc on voit bien quand même que lorsqu’on suit un peu les événements sur les 3 premières années, on ne peut pas dire que la France ne cherchait pas des solutions, n’a rien entrepris et qu’elle avait envie de rester. C’est juste que la situation faisait qu’on était obligé de rester car il n’y avait rien qui pourrait assurer convenablement notre départ.

      Le problème a toujours été les armées locales. Difficile à faire bouger, lente à être formée, exigeante en terme de compensation (on veut de l’argent, de l’équipement) comme si elles étaient « contraintes », comme si elles ne comprenaient pas que tout cela n’était pas pour faire plaisir à la France mais pour leur sécurité. Il ne faut pas s’en cacher non plus, certains finissaient un peu par se reposer sur nous. On était dans une lenteur locale qui constituait notre embourbement.

      La grosse difficulté a toujours et est toujours locale. Ce n’est pas faute d’investissement et d’actions pour changer les choses.
      Takuba n’a été qu’un prolongement de tout cela, l’incapacité locale à être autonome et à démontrer un art opératif, on a cherché à y inclure des forces spéciales européennes (là encore pour qu’on soit le moins impliqué dedans) pour que des unités des armées nationales puissent agir sur le terrain dans le cadre de missions planifiées, qu’elles puissent communiquer entre elles, qu’elles puissent demander du soutien aérien par exemple pour lequel Barkhane se tenait prête. Objectif, que l’armée française ne mène plus d’actions terrestres, qu’elle se cantonne a des missions de soutiens et d’assistances.

      Depuis avec les coups d’états et le reste, tout est remis en question. Sur Bamako on a une junte militaire qui a joué à un jeu anti-français et qui a conduit à la fin de l’opération Barkhane et même a son soutien à l’armée malienne et désormais même aussi au soutien aérien à la MINUSMA. Vous voyez, on ne se fait pas prier pour partir, en fait on saisit l’occasion de le faire en laissant la responsabilité de ce qui arrivera aux maliens. Si vraiment notre intérêt était de se maintenir sur zone, il y aurait longtemps qu’on serait descendu à Bamako pour faire dégager un pouvoir « illégal », pas besoin d’inventer des prétextes farfelus.
      Comme je l’ai déjà expliqué ici, le Mali va sombrer, ce n’est qu’une question de temps, ce n’est pas mon espoir. Tout est en place pour que ça se passe mal, la situation économique, l’isolement, le terrorisme, les conflits ethniques, la conflictualité avec les touaregs qui sont de bien meilleurs combattants que l’armée malienne, un terrain difficile, une gouvernance qui s’aveugle de puissance et d’idéologie alors qu’elle est faible et extrêmement fragile.

  10. Sergio dit :

    « Vu de Paris, Takuba est un succès…. ». Bon ben, si cette affaire est vue comme un succès alors tout va bien….

  11. Allobroge dit :

    On se console comme on, peut, en tout cas ça doit conforter les autres acteurs européens qui ont participé à Takuba, les africains ne sont pas fiables et finalement tout porte préjudice à la France dont l’armée n’est pas en cause, mais les politiques si !

  12. Raymond75 dit :

    Finissons en avec ces 60 ans d’Opex africaines inutiles, coûteuses et meurtrières.

    L’Afrique aux Africains… et à ceux qui en veulent.

    • PK dit :

      Oui, oui : c’est exactement ce que veulent les Américains, les Chinois et les Russes.

      Ils vous remercient beaucoup de leur laisser la place.

      • Raymond75 dit :

        C’est vous qui leur laissez ma place, car vous n’obtenez aucun résultat …

        • PK dit :

          Quel résultat ? Le seul qu’on ait à attendre est de garder le pays dans notre zone d’influence. C’est le seul but de la coopération ou de l’intervention militaire. Tant que le pays reste, alors le résultat est là.

          Ici, la défaite est cuisante, puisque les Russes récupèrent le pays. Cela veut donc dire que Poutine a mis en PLS Macron. Ce qui n’est pas très dur, étant donné la profondeur stratégique du gars en question.

  13. breer dit :

    « Succès tactique et stratégique » dixit les autorités françaises … C’est sidérant l’auto satisfaction illusoire que se donne nos stratèges et gouvernants. L’ Afrique est au 2/3 une catastrophe démographique et sociétale gangrénée par les conflits ethniques, politiques et religieux depuis que l’Islamisme radical violent s’y est propagé. On va vite voir que ces « succès stratégiques et tactiques » illusoires s’évanouiront aussi vite qu’ils ont été vanté. Les gouvernements et systèmes politiques français successifs en place, qui par ignorance des mentalités archaiques et ethniques profondes qui oeuvrent dans les populations, sont déjà à l’origine du chaos social et civique grandissant dans notre pays. Nos dirigeants et institutions sont devenus incapables de ramener la paix, l’ordre, la sécurité et la sérénité dans nos villes, mais en plus, ils continuent d’en alimenter les causes fourvoyés dans des idéologies irréalistes et suicidaires à moyen et long terme.