La Russie va moderniser les avions d’assaut Su-25 « Frogfoot » de la force aérienne biélorusse
En mai, le président biélorusse, Alexandre Loukatchenko, avait affirmé que son pays allait acquérir des missiles balistiques Iskander, pouvant emporter une charge nucléaire ou conventionnelle, auprès de la Russie. Mieux : il avait aussi assuré avoir obtenu de son homologue russe, Vladimir Poutine, que la Biélorussie disposerait de sa propre version de cet engin.
« En ma présence, le président [Poutine] a chargé Dmitri Rogozine [le directeur de Roscosmos, ndlr] de nous fournir immédiatement un soutien afin que nous ne perdions pas de temps à réinventer la roue, afin que nous puissions puiser dans l’expérience des spécialistes russes qui ont fabriqué le missile Iskander », avait en effet déclaré M. Loukachenko.
Aussi, l’annonce faite le 25 juin depuis Saint-Petersbourg, où l’homme fort de Minsk a rencontré le chef du Kremlin, n’aura guèr été suprenante.
En effet, après que M. Loukachenko a critiqué les restrictions imposées par la Lituanie au transit de marchandises russes visées par les sanction européennes vers Kaliningrad [un « acte de guerre », a-t-il dit], le président russe a confirmé la promesse faite quelques semaines plus tôt, à savoir que la Russie remettrait à la Biélorussie un « certain nombre de systèmes de missiles tactiques Iskander-M dans les prochains mois ». Et d’ajouter : « Ils peuvent tirer des missiles balistiques et de croisière acec des ogives conventionnelles et nucléaires ».
Pour rappel, en février, la Biélorussie a modifié sa Constitution pour autoriser, justement, le déploiement d’armes nucléaires sur son territoire.
Cela étant, et alors que le président biélorusse venait de dénoncer les vols d’entraînement effectués par des avions de l’Otan susceptible d’emporter des armes nucléaires aux frontières de son pays, le chef du Kremlin a fait une annonce que l’on peut trouver curieuse au premier abord.
« L’armée biélorusse possède un assez grand nombre d’avions Su-25. Ils pourraient être améliorés. Leur modernisation doit se faire en Russie. Vous et moi conviendrons de la manière dont cela sera fait. Et les pilotes devront suivre une formation appropriée », a déclaré M. Poutine, en s’adressant à son homologue.
Ce point n’est pas très clair… Auparavant, M. Loukachenko avait demandé des avions pouvant « transporter des charges utiles nucléaires ». Or, M. Poutine a estimé qu’il n’était pas « nécessaire » d’apporter une « réponse symétrique » à ces vols de l’Otan aux abords de la Biélorussie… Alors que Moscou ne se gêne pas pour envoyer des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-160 patrouiller au large des pays de l’Otan.
En outre, le Su-25 « Frogfoot » n’est pas en mesure d’emporter des armes nucléaires [et il ne l’a jamais été], contrairement au bombardier tactique Su-24 « Fencer », avec la bombe TN-1000.
Par ailleurs, s’il s’agit de renforcer la protection de l’espace aérien de la Biélorussie, on aurait pu penser que Moscou allait promettre de fournir à Minsk des avions de supériorité aérienne, en accélérant, par exemple, la livraison de Su-30, dont quatre exemplaires sont actuellement en service au sein de la force aérienne biélorusse [sur 12 commandés, ndlr].
Or, le Su-25 « Frogfoot » est un avion d’assaut robuste, conçu pour l’appui aérien rapproché et la lutte anti-char… À partir de 2014, les appareils de ce type, mis en oeuvre par les forces aériennes russes, ont commencé à être portés au stantard SM3. Cette version intègre un nouveau système de navigation et d’attaque plus précis [PRnK-25SM-1 Bars] et offre la possibilité d’emporter des munitions guidées, dont les missiles anti-radars Kh-58USh [code Otant : AS-11 Kitter], Kh-25ML [AS-10 Karen] et Kh-29L [AS-14 Kedge], deux missiles air-air à courte portée R-73 pour l’auto-défense ainsi que des bombes KAB-500S et KAB-500KR.
Actuellement, et outre les 4 Su-30 « Flanker », la force aérienne biélorusse disposerait de 67 Su-25 « Frogfoot » et de 34 MiG-29 « Fulcrum ».
S’ils ne sont pas taillés pour des missions de supériorité aérienne et qu’ils ne peuvent pas emporter d’armes nucléaires, les Su-25 biélorusses pourraient en revanche être utilisés dans le cas où Moscou et Minsk décideraient de couper les États baltes du reste de l’Otan et de l’UE en bloquant le passage de Suwalki, situé entre l’enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie.