Le Mali tourne le dos au G5 Sahel et à sa force conjointe

Créé en février 2014 avec les encouragements et le soutien de la France, le G5 Sahel a pour objet de renforcer la coopération entre la Mauritanie [où est établi son siège], le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et le Niger en matière de développement, de sécurité et de contre-terrorisme. Trois ans plus tard, cette organisation régionale a fini par se doter d’une force conjointe [qui était en gestation depuis novembre 2015] afin de lutter plus efficacement contre les groupes jihadistes de la région.

Dans le détail, cette « Force conjointe du G5 Sahel » [FC-G5S], dont la mise sur pied fut compliquée en raison de difficultés pour trouver les financements nécessaires pour la rendre opérationnelle, compte sept bataillons [soit 5’000 soldats] fournis par les États membres et déployés selon trois fuseaux [ouest / centre / est]. Seulement, il faut désormais en parler au passé…

En effet, le 15 mai au soir, le porte-parole du gouvernement de transition malien, le colonel Abdoulaye Maïga, a annoncé le retrait du Mali de « tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe ».

Cette décision est notamment motivée par le fait qu’une conférence des chefs d’État du G5 Sahel était prévue à Bamako en février 2022 et, que trois mois après ce terme, elle ne s’est toujours pas tenue, alors que le Mali devait prendre la présidence de l’organisation à l’issue de celle-ci.

La raison de ce retard serait liée à la situation politique malienne, laquelle a conduit la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao] à sanctionner lourdement Bamako après que la junte au pouvoir a décidé de se maintenir au pouvoir pendant cinq ans et de ne pas organiser les élections qui étaient prévues en février. En tout cas, c’est ce qu’aurait valoir un pays du G5 Sahel que le colonel Maïga n’a pas précisé [probablement s’agit-il du Niger].

Le gouvernement malien « rejette fermement l’argument d’un État membre du G5 Sahel qui avance la situation politique interne nationale pour s’opposer à l’exercice par le Mali de la présidence du G5 Sahel. En effet, aucun texte juridique du G5 Sahel ne prévoit des restrictions contre un État membre, sur la base de sa situation politique nationale », a fait valoir le colonel Maïga.

Et celui-ci d’accuser, toujours sans le nommer, un État « extra-régional » d’être lié à des « manoeuvres visant désepérément à isoler le Mali ». Certainement fait-il référence à la France, qui, par ailleurs, a amorcé son désengagement militaire du pays.

Pour rappel, le Bamako a dénoncé, le 1er mai, ses accords de défense avec Paris, dont celui concernant le statut des troupes françaises dans le pays [SOFA] avec « effet immédiat ». Cette décision avait été annoncée quelques jours après la mise en échec d’une « attaque informationnelle » fomentée contre Barkhane par les paramilitaires russes désormais présents au Mali.

S’il prend ses distances avec le Niger, la Mauritanie et le Tchad, le Mali s’est récemment rapproché du Burkina Faso, qui, désormais dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba depuis un putsch organisé en janvier, a récemment fait connaître son intention de « diversifier ses partenariats militaires ».

En effet, en avril, une délégation burkinabè a fait le déplacement à Bamako pour travailler « autour des perspectives pour le renforcement de la coopération opérationnelle Malo-burkinabè dans la lutte contre les groupes armés terroristes ».

Quoi qu’il en soit, selon un rapport auquel l’AFP a pu avoir accès avant sa diffusion publique, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, se dit « profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Sahel, ainsi que par l’effet potentiellement néfaste que la situation politique incertaine au Mali, au Burkina Faso et au-delà aura sur les efforts visant à rendre plus opérationnelle la Force conjointe G5 Sahel ».

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