Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont décidé de retirer leurs instructeurs militaires d’Ukraine
Certes, la Russie soutient militairement les séparatistes de la région du Donbass [sud-est de l’Ukraine], depuis 2014 et l’annexion de la Crimée. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Ottawa a lancé l’opération UNIFIER, afin de soutenir les forces armées ukrainiennes en leur proposant des formations et en leur fournissant du matériel militaire « non létal », dans le cadre d’une initiative plus vaste réunissant le Royaume-Uni, les États-Unis, le Danemark, la Pologne, la Lituanie et la Suède.
Pour autant, et même si la Russie a accentué significativement sa pression militaire sur son voisin dans le but d’obtenir de l’Otan et des États-Unis des garanties juridiques sur sa sécurité, aucun soldat russe n’a pour le moment mis le pied en Ukraine [hormis dans le Donbass, même si Moscou s’en défend]. Cependant, le ministère canadien de la Défense, a sous-entendu le contraire, pour justifier la relocalisation, « ailleurs en Europe », des instructeurs militaires actuellement déployés en Ukraine.
« En raison de l’environnement opérationnel complexe lié à l’agression injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, les Forces armées canadiennes relocalisent temporairement des éléments du personnel de la force opérationnelle interarmées du Canada en Ukraine [FOI-U] ailleurs en Europe », a en effet déclaré le ministère canadien de la Défense. Et d’assurer que ce repositionnement est « temporaire » et qu’il « ne signifie pas la fin de la mission » mais permet « de recentrer » les « efforts tout en assurant la sécurité des membres » des Forces armées canadiennes [FAC].
La sécurité des @ForcesCanada est notre priorité absolue. En raison de l'environnement opérationnel complexe lié à l'agression injustifiée de la Russie, les FAC relocalisent temporairement des éléments de la force opérationnelle interarmées en Ukraine ailleurs en Europe.
— Anita Anand (@AnitaAnandMP) February 13, 2022
Le 31 janvier, Ottawa avait déjà annoncé que ses 200 instructeurs militaires présents en Ukraine allaient être redéployés « vers l’ouest du fleuve Dniepr », alors que, initialement, il étaient basés à Starychi et à Kamyanets-Podilsky, deux localités situées près de la frontière polonaise. La ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, fit état de « renseignements solides » concernant un « renforcement croissant des troupes russes à la frontière ukrainienne, y compris en Biélorussie ».
Quelques jours plus tôt, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, avait annoncé un renforcement de l’opération UNIFIER, avec le déploiement prévu de 60 instructeurs militaires de plus. Et il n’était pas exclu de porter leur effectif à 400.
Quoi qu’il en soit, le Canada n’est pas le seul à avoir pris une telle décision. Les États-Unis ont en effet annoncé le retrait des 160 instructeurs de la 53e brigade d’infanterie de la Garde nationale [Task Force Gator] jusqu’alors déployés auprès des forces ukrainiennes. Ils seront aussi « repositionnés ailleurs en Europe ». Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a pris cette mesure « en gardant l’esprit la sûreté et la sécurité des effectifs », a fait valoir le Pentagone.
Le Royaume-Uni a pris une disposition similaire, les instructeurs de la British Army envoyés en Ukraine dans le cadre de la mission « Orbital » ayant été rappelés. « Il n’y aura pas de troupes britanniques en Ukraine en cas de conflit avec la Russie », a insisté James Heappey, le secrétaire d’État aux Forces armées, le 12 février, à l’antenne de SkyNews.
Quoi qu’il en soit, outre le retrait de ces instructeurs militaires, plusieurs pays ont invité leurs ressortissants à quitter l’Ukraine, où certains ont même réduit leur présence diplomatique.
Par ailleurs, la Mission spéciale de surveillance [MSS] de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE], qui a permis de documenter la présence de moyens militaires russes dans le Donbass, devra se passer des observateurs américains. D’après l’agence Reuters, ceux-ci ont quitté la ville de Donetsk [sous contrôle séparatiste, ndlr], où ils étaient affectés. De même que leurs homologues danois.