La Roumanie envisage l’achat de chasseurs-bombardiers F-35A auprès des États-Unis

En 2019, au cours d’une audition parlementaire, le vice-amiral Mathias Winter, alors responsable du programme F-35 au Pentagone, avait déclaré qu’il serait question de chercher à convaincre quatre pays d’acquérir le chasseur-bombardier de 5e génération développé par Lockheed-Martin, dont l’Espagne, la Grèce, la Pologne et la Roumanie. Ce plan est en passe de se réaliser au-delà des espérances initiales.

Au-delà des échos qui viennent d’Allemagne, où l’hypothèse F-35A a refait surface et gagne même du terrain, la Suisse et la Finlande, qui n’appartiennent pourtant pas à l’Otan, ont choisi l’appareil américain. De même que la Pologne, qui a l’intention de s’en procurer 32 exemplaires, dans le cadre de son programme « Harpia ». La Grèce n’a pas encore franchi le pas… mais elle a confirmé son intérêt pour en commander entre 18 et 24 unités.

Quant à l’Espagne, l’affaire est plus compliquée, en raison de sa participation au « Système de combat aérien du futur » [SCAF], un programme conduit par la France et associant aussi l’Allemagne. Mais si Berlin opte pour le F-35A, Madrid pourrait en commander jusqu’à 50 exemplaires, dont 25 en version STOVL [décollage court / Atterrissage vertical]. D’ailleurs, Lockheed-Martin a confirmé l’existence de discussions avec le gouvernement espagnol à ce sujet.

Reste donc la Roumanie. Pour le moment, Bucarest se concentre sur le remplacement des MiG-21 « Lancer » de sa force aérienne [Forțele Aeriene Române] par des F-16 d’occasion, acquis auprès du Portugal et, prochainement, de la Norvège. Mais le président roumain, Klaus Iohannis, voit plus loin.

« En ce qui nous concerne, la Roumanie est déterminée à poursuivre le développement et la modernisation de ses capacités militaires, conformément aux engagements pris au sein de l’Otan », a déclaré M. Iohannis, depuis la base aérienne de Câmpia Turzii.

« Dans le même temps, nous continuerons à accorder plus d’attention à l’augmentation de la capacité opérationnelle de toutes les structures militaires, tant par des efforts nationaux que dans un contexte multinational. La poursuite des efforts stratégiques de la Roumanie pour garantir l’intégrité territoriale et la sécurité de ses citoyens, ainsi que pour apporter un soutien aux États alliés et partenaires, conformément à ses engagements internationaux, est une priorité de la politique étrangère et de sécurité de notre pays », a poursuivi le président roumain.

Aussi, celui-ci a assuré que « le processus de modernisation » de la Forțele Aeriene Române ne s’arrêtait pas la mise en service des F-16 d’occasion, lesquels permettent, a-t-il souligné, de « mener à bien toutes les misisons avec une grande efficacité ». Cependant, a-t-il poursuivi, « nous avons l’intention d’acheter des avions à la pointe de la technologie, des F-35 ».

A priori, cette acquisition se ferait après 2030, même si les dépenses militaires roumaines se maintiendront à un niveau équivalent à 2% du PIB durant les prochaines années et que Bucarest prévoit d’investir jusqu’à 10 milliards d’euros d’ici 2026 dans la modernisation de ses forces armées.

La déclaration de M. Iohannis a été faite au moment où les États-Unis ont annoncé l’envoi d’un millier de soldats du 2nd Cavalry Regiment en Roumanie, afin de répondre au renforcement des capacités militaires russes dans la région de la mer Noire en général, et dans les environs de l’Ukraine en particulier. La France a l’intention d’en faire de même, en prenant la tête d’une mission de type eFP [présence avancée réhaussée], dans le cadre de l’Otan.

« Nous traversons une période extrêmement tendue, où les risques pour la sécurité de la région […] se sont accrus. […] Il y a des tendances évidentes à revenir à la politique de la force et à remettre en cause l’ordre international actuel, ainsi que l’architecture de sécurité européenne construite après la guerre froide », a par ailleurs fait valoir le président roumain.

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