La Jordanie a l’intention de se procurer 16 chasseurs-bombardiers américains F-16 « Viper »
Après avoir été quelque peu négligée durant le mandat du président Trump et connu des tensions, notamment en raison de désaccords sur le plan de paix relatif au conflit israélo-palestinien dévoilé par Washington en janvier 2020 et la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, la relation entre la Jordanie et les États-Unis a repris de la vigueur l’an passé.
Ainsi, en mars 2021, Amman a rendu public un nouvel accord de défense avec Washington, lequel donne notamment un statut juridique aux forces américaines amenées à se déployer dans la royaume hachémite.
« L’accord vise à encadrer la coopération dans le domaine de la défense et à renforcer le soutien des États-Unis aux programmes de défense et à la sécurité et la stabilité du royaume grâce à l’obtention de formations et d’équipements militaires », avait alors expliqué le gouvernement jordanien, précisant recevoir une aide militaire annuelle de 425 millions de dollars de la part de Washington.
Puis, en juillet, la réception du roi Abdallah II par le président Biden à la Maison Blanche a été l’occasion pour Washington de « mettre en lumière le partenariat durable et stratégique entre les États-Unis et la Jordanie, un partenaire-clé en matière de sécurité », alors que le royaume hachémite venait d’être secoué par un complot fomenté par le prince héritier Hamza ben Hussein et souteni par des personnalités ayant des liens avec l’Arabie Saoudite.
C’est donc dans ce contexte que la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains via la procédure dite des Foreign Military Sales [FMS], a recommandé au Congrès d’autoriser la vente de 16 chasseurs-bombardiers F-16 C/D portés au standard Block 70 [cou « Viper »] ainsi que des pièces de rechanche et un important lot de munitions pour un montant estimé à 4,21 milliards de dollars.
Une telle vente « améliorera la capacité de la Jordanie à faire face aux menaces actuelles et futures en assurant une interopérabilité continue avec les forces américaines et celles de la coalition », a fait valoir la DSCA. Et, sans remettre en cause « l’équilibre militaire » dans la région [et donc l’avantage « qualitatif » d’Israël dont les États-Unis se sont portés garants], elle permettra notamment à la force aérienne jordanienne de lutter contre les organisations terroristes et les « acteurs étatiques et non étatiques malveillants ».
Disposant d’une connectivité améliorée, le F-16V est notamment doté d’un radar à antennes actives APG-83, de la Liaison 16, d’un affichage de suivi de terrain [Center Pedestal Display]. d’un nouvel ordinateur de mission et de la suite de guerre électronique ALQ-176 associée au système de leurres ALQ-184 (V)7. Les 16 exemplaires évoqués par la DSCA rejoindront ceux, plus anciens, déjà mis en oeuvr par la Force aérienne royale jordanienne
Pour rappel, la Jordanie fut autorisée à se procurer des F-16 A/B auprès des États-Unis en 1994, soit après la signature des accords de Wadi Araba avec Israël. La Force aérienne royale jordanienne reçut une trentaine d’appareils dans le cadre du programme Peace Falcon I. Puis elle compléta sa flotte avec des F-16 MLU d’occasion, acquis auprès de la Belgique et des Pays-Bas.
Selon l’édition 2022 de « World Air Forces », publié par Flight Global, la Jordanie compterait actuellement 59 F-16 [dont 15 F-16B]. Mais on ignore combien sont encore en état de vol, le royaume étant aux prises avec de lourdes difficultés économiques que le contexte sécuritaire régional [avec le « califat » auproclamé par Daesh] et la pandémie de covid-19 ont encore aggravé, son industrie touristique ayant évidemment souffert de la fermeture des frontières. Cependant, le pays bénéficie du soutien de bailleurs internationaux, comme le Fonds monétaire international [FMI], la Banque Mondiale, les États-Unis et l’Union européenne.
L’un des enjeux à venir pour Amman sera le renforcement de ses liens économiques avec Bagdad, la construction d’un oléoduc d’une capacité de 2 millions de barils par jour devant relier Bassorah au port d’Aqab étant prévue.
À noter que la France est particulièrement engagée auprès de la Jordanie qui, par le passé, avait notamment acquis une trentaine d’avions de combat Mirage F1. D’abord sur le plan militaire, avec la base aérienne projetée H5, qui accueille les Rafale de la force Chammal. Et sur le plan économique ensuite, avec une aide au développement conséquente [1 milliard d’euros pour la période 2019-22] destinée à financer des infrastructures de transports, la gestion de l’eau et des gestion des déchets ainsi que la formation professionnelle et l’accès aux soins.