La junte malienne expulse l’ambassadeur de France au Mali

Alors que les pays engagés dans le groupement de forces spéciales « Takuba » se sont donnés deux semaines de réflexion avant de prendre une décision sur leur présence militaire au Sahel, la junte malienne vient sans doute de leur faciliter la tâche.

Ainsi, après plusieurs semaines de relations compliquées avec Paris, en raison de son recours au groupe paramilitaire russe Wagner et du non-respect de son engagement à organiser des élections en février, le gouvernement de transition malien vient de donner un délai de trois jours à l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, pour quitter Bamako.

« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour […] l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures », a en effet indiqué la junte, via un communiqué.

Et de justifier cette décision par les « propos hostiles et outrageux du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment et à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des Autorités maliennes, en dépit des protestations maintes fois élevées ».

Aussi, poursuit le communiqué, le « gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations ».

Pour rappel, la semaine passée, commentant le différend entre Bamako et Copenhague au sujet du déploiement d’un détachement danois au sein de Takuba, M. Le Drian avait estimé que la junte malienne était « illégitime » et qu’elle prenait des « mesures irresponsables » susceptibles de l’isoler « davantage encore de ses partenaires internationaux ».

Puis, sur les ondes de RTL, le chef de la diplomatie française avait enfoncé le clou en parlant d’une « véritable fuite en avant de la junte ». Et d’évoquer également « rupture du cadre militaire, parce qu’on voit à la fois le Mali faire appel à une milice russe, Wagner, proche de Poutine » tandis que les « forces internationales font face progressivement à des mesures d’entrave ».

La junte avait dans un premier temps réagi aux propos de M. Le Drian par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Celui-ci avait laissé entendre que le Mali pourrait demander le retrait des forces françaises si cela s’avérait « nécessaire ».

Évidemment, l’expulsion d’un ambassadeur est une mesure grave… Mais qui ne signifie pas pour autant la rupture des relations diplomatiques. Mais au train où vont les choses, il n’est pas impossible que l’on en arrive à cette extrémité. En attendant, la force Barkhane se retrouve dans une situation impossible, intervenant dans un pays où l’ambassadeur de France n’est plus le bienvenu.

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