Otan : Berlin pourrait renforcer sa présence militaire en Lituanie, selon Vilnius

Depuis 2017, la Lituanie accueille l’un des quatre bataillons multinationaux déployés par l’Otan dans la région de la Baltique au titre de sa présence avancée réhaussée [eFP – enhanced Forward Presence]. Basé à Rukla, ce « groupement tactique » a été placé sous le commandement de l’Allemagne, qui, en tant que « nation cadre », y a engagé environ 500 militaires.

La composition de ce bataillon multinational est assez « homogène » dans la mesure où, en août dernier, les forces néerlandaises, qui cultivent une certaine proximité avec la Bundeswehr, y ont déployé des chars Leopard 2A6, ce qui ne s’était plus vu depuis 20 ans.

Au regard des tensions avec la Russie, notamment au sujet de l’Ukraine, il est question de renforcer la posture de l’Otan dans les pays baltes et la Pologne. En tout cas, cette éventualité sera au menu d’une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance prévue en février prochain. Sans doute sera-t-elle aussi l’occasion d’évoquer la mise sur pied d’une mission de type eFP en Roumanie, voire en Bulgarie.

Quoi qu’il en soit, la Lituanie occupe une place stratégique étant donné que ce pays est encadré par l’enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie, où les forces russes ont d’ailleurs l’intention de lancer des manoeuvres dont l’ampleur promet d’être importante. En outre, ce 28 janvier, le président biéolorussie, Alexandre Loukachenko, a assuré que son pays « ira en guerre si la Russie est attaquée ».

Aussi, l’un des enjeux pour l’Otan est de protéger le passage de Suwalki, qui est le seul accès terrestre reliant les pays baltes à ses alliés [et à l’Union européenne]. Aussi, Vilnius a quelques arguments à faire valoir pour obtenir un renforcement de l’Alliance sur son sol. Et à en croire le président lituanien, Gitanas Nauseda, des discussions en ce sens se tiennent actuellement avec Berlin.

« Nous discutons des possibilités d’étendre, d’augmenter les forces allemandes et la Présence avancée réhaussée en Lituanie, car nous devons renforcer le flanc oriental de l’Otan à la lumière des événements actuels », a en effet déclaré M. Nauseda, ce 28 janvier.

S’est-il un peu trop avancé? Ou bien a-t-il dit ce qu’il ne fallait pas? Toujours est-il qu’un porte-parole du ministère allemand de la Défense a indiqué « ne pas être au courant de plans visant à accroître la présence militaire allemande en Lituanie ». Et d’insister : « Il y a certainement des rotations de contingents à venir, mais cela n’entraînerait pas d’augmentation. Quant aux renforts, il n’est pas prévu d’en envoyer au groupement tactique. Je ne sais rien du contraire ».

Cela étant, le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anusauskas, a confirmé que des renforts de l’Otan arriveraient dans son pays, des « plans étant déjà en place ». Et selon lui, « plus le comportement de la Russie sera agressif, plus les alliés seront nombreux en Lituanie ».

Reste que, pour son premier voyage à l’étranger après pris les rênes du ministère allemand de la Défense, Christine Lambrecht s’était rendue en Lituanie. « Compte tenu des tensions actuelles avec la Russie, cela peut être considéré comme une déclaration claire », avait d’ailleurs commenté l’hebdomadaire Der Spiegel, en décembre dernier.

« Nous nous tenons très fermement aux côtés de nos partenaires et amis. […] La situation en Ukraine est très grave et je peux comprendre les inquiétudes de nos alliés baltes », avait déclaré Mme Lambrecht.

En attendant une éventuelle annonce sur le renforcement du contingent allemand basé à Rukla, la Lituanie vient d’accueillir, au titre de la mission Baltic Air Policing, quatre chasseurs-bombardiers F-16 sur la base aérienne de Šiauliai, où sont déployés, depuis décembre, des F-16 polonais.

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