Les forces russes donnent le coup d’envoi à un nouvel exercice aéroporté près de l’Ukraine
Après avoir organisé un exercice aéroportée en Biélorussie, à deux pas de la frontière ukrainienne, en novembre dernier, l’état-major s’apprête à en lancer un second, cette fois en Crimée ainsi que dans la région de Krasnodar, précisément à Novorossiysk.
Selon l’agence Interfax, ces nouvelles manoeuvres vont mobiliser, à compter de ce 23 decembre, 1200 parachutistes [probablement du 56e régiment d’assaut aéroporté qui vient de prendre ses quartiers Feodossiia [Crimée], ainsi que 250 véhicules et aéronefs. Elles viseront notamment à simuler la « capture d’une zone », via un assaut héliporté, afin de préparer le terrain pour une « offensive rapide ».
Cet exercice va se tenir alors que les tensions entre Moscou et Kiev sont d’autant plus élevées que d’importants mouvements de troupes russes sont oberservés aux abords du territoire ukrainien depuis plusieurs semaines. Ce qui suggère que l’état-major russe se prépare à mener une offensive contre l’Ukraine si le président Poutine lui en donne l’ordre.
En tout cas, plusieurs scénarios possibles sont évoqués. Et l’un d’eux repose sur l’hypothèse que les forces russes pourraient lancer une attaque contre l’Ukraine depuis la Crimée afin d’avancer jusqu’au fleuve Dniepr.
Un tel mouvement leur permettrait de prendre le contrôle d’un territoire allant du Donbass jusqu’à la hauteur de la ville de Kherson. Ainsi, la Russie pourrait asseoir sa mainmise sur la totalité de la mer d’Azov, tout en sécurisant l’accès de la Crimée… et le canal qui alimente la péninsule en eau, le débit de celui-ci ayant été réduit de plus de 85% par Kiev.
En outre, une telle offensive, si elle était victorieuse, consoliderait le pouvoir des séparatistes pro-russes du Donbass, région où ils sont aux prises avec les forces gouvernementales ukrainiennes depuis 2014. Or, ces derniers temps, les autorités russes accusent Kiev d’y préparer une offensive, avec l’appui de société militaires privées américaines. C’est en effet ce qu’a affirmé Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, sans toutetois apporter d’éléments concrets pour appuyer ses allégations.
En tout cas, et selon les médias locaux, l’armée ukrainienne a récemment effectué, et pour la première fois, des exercices près du Donbass avec des missiles anti-char Javelin fournis par les États-Unis. Selon la chaîne de télévision Channel 5, le but était de rappeler que les soldats ukraniens disposaient de matériels performants pour faire face aux unités blindées russes.
Quoi qu’il en soit, évoquant les revendications adressées par la Russie à l’Otan et aux États-Unis en vue d’obtenir des « garanties juridiques » pour sa sécurité, le président Poutine s’est montré particulièrement offensif lors de sa conférence de presse annuelle, donnée ce 23 décembre.
« On nous avait dit dans les années 1990 qu’il n’y aurait pas d’élargissement [de l’Otan], pas d’un seul pouce, vers l’Est. Et qu’ont fait les Occidentaux? Ils ont triché. Triché! Ils nous ont trompé d’une façon grave! Cinq vagues d’expansion de l’Otan… Et voilà qu’en Roumanie et en Pologne, des systèmes militaires [des systèmes de défense antimissile, ndlr] apparaissent… Donc comprenez moi bien, ce n’est pas nous qui menaçons quelqu’un! Ce sont eux qui nous disent : ‘l’Ukraine va entrer dans l’Otan’. Et donc il y aura des missiles dans ce pays aussi. Ce n’est pas une simple adhésion à l’Otan, mais aussi des bases bilatérales et des missiles. Voilà de quoi il s’agit! », s’est emporté le chef du Kremlin.
En outre, pour M. Poutine, la politique « anti-russe » de Kiev et de « ses alliés occidentaux », en particulier dans le cadre du conflit au Donbass, constitue une « menace » pour la Russie. « On doit penser à notre sécurité, pas seulement pour aujourd’hui, ni pour demain. Nous ne pouvons vivre en regardant au-dessus de notre épaule en se disant : ‘que va-t-il se passer? quand vont-ils cogner?' », a-t-il lancé.
En attendant, les revendications russes ont été jugées en grande partie « inacceptables » par les États-Unis et plusieurs autres pays, dont l’Allemagne et la Suède [qui n’est pourtant pas membre de l’Otan, ndlr]. Notamment celles exigeant l’arrêt de l’élargissement de l’Alliance [en particulier vers l’Ukraine] et un droit de regard sur tout renforcement militaire dans les anciens pays du Pacte de Varsovie qui ont intégré l’organisation au cours des vingt dernières années.
« Tous les pays ont le droit de décider de leur propre avenir et de leur politique étrangère sans être soumis à une influence extérieure », a fait valoir Washington. Cependant, le chef du Kremlin s’est félicité de l’ouverture de négocations, à Genève, début janvier, avec les États-Unis. « Nous voyons une réaction positive. Nos partenaires américains nous disent qu’ils sont prêts à commencer cette discussion », a-t-il dit.