Ayant officiellement renoncé au Su-35 russe, l’Indonésie hésite entre le Rafale et le F-15EX

Désormais, Moscou sait à quoi s’en tenir. Même si on pouvait s’en douter, le chef d’état-major de la force aérienne indonésienne, le général Fadjar Praseto, a confimé officiellement que Jakarta renonçait au projet d’acquérir 11 avions de combat Su-35 Flanker E auprès du constructeur russe Sukhoï. Projet qui avait fait l’objet d’un protocole d’accord en février 2018, le montant de la commande ayant été estimé à 1,14 milliards de dollars à l’époque.

« Le cœur lourd, nous avons abandonné notre projet d’acquérir le Su-35, car, comme nous l’avons dit dès le début, la modernisation de notre force aérienne très dépendante du budget », a justifié le général Praseto, lors d’une conférence de presse donnée le 22 décembre.

Cependant, d’autres raisons expliquent ce choix, à commencer par le souci de ne pas se mettre à dos les États-Unis, susceptibles de prendre des sanctions à l’égard de Jakarta, en vertu de leur loi dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], qui vise à « punir » toute entité ayant des liens commerciaux avec l’industrie russe de l’armement. En outre, la difficulté à obtenir un accord avec Moscou sur les compensations industrielles en est une autre.

Quoi qu’il en soit, cette décision concernant l’achat de Su-35 russes était dans l’air depuis quelques temps… Ainsi, en 2020, le ministre indonésien de la Défense, Prabowo Subianto, évoqua la possible reprise des 15 Eurofighter Typhoon dans l’Autriche voulait alors se débarrasser. Et, avant cela, il était question d’une acquisition de F-35A – ce qui été refusé par l’administration Trump – ou de F-16 Viper.

Puis, en décembre 2020, la ministre française des Armées, Florence Parly, fit état de la possible vente d’une trentaine de Rafale à l’Indonésie. Et d’assurer que les discussions en étaient à un « stade avancé ». Mais il y a des dernières lignes droites qui sont parfois longues… Et, depuis, aucun contrat n’a été signé.

Côté américain, et fort du soutien de Washington, Lockheed-Martin n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre Jakarta d’acquérir des F-16 Viper. Mais sans succès apparemment.

En effet, le général Praseto a confirmé que le choix du futur avion des forces aériennes indonésiennes se ferait entre le Rafale et… le F-15EX [ou Eagle II]. Ce qui n’est pas une surprise puisqu’il avait déjà cité l’appareil de Boeing en février dernier, en disant espérer en acquérir au moins huit exemplaires [en plus des 36 Rafale, ndlr].

Désormais, ce sera l’un ou l’autre. Et le nombre d’avions commandés dépendra des ressources budgétaires. Selon le général Praseto, il est question de deux escadrons, voire trois si possible. Soit entre 24 et 36 appareils. Au passage, il a noté que les livraisons des F-15 Eagle II pourraient commencer en 2027.

Cela étant, la clé de cette affaire pourrait se trouver au… Moyen-Orient. D’après Intelligence Online, l’Indonésie pourrait obtenir un aide financière pour acquérir les avions de combat dont elle a besoin auprès des Émirats arabes unis ou du Qatar. Les premiers venant de commander 80 Rafale, c’est sur eux que la France a misé… tandis que les États-Unis comptent sur Doha, qui a commandé 36 F-15QA, appareil qui a inspiré le développement du F-15 Eagle II.

Dans les colonnes de Valeurs Actuelles, le Pdg de Dassault Aviation, Éric Trappier, n’a pas parlé de l’Indonésie en particulier. Cependant, il s’est dit certain que le Rafale va obtenir de nouvelles commandes prochainement. « La France offre, en fait, la carte alternative d’un pays dans le camp occidental, au positionnement particulier du fait de la dissuasion nucléaire, et pas totalement aligné sur Washington. Sans dévoiler les négiciations en cours, d’autres pays vont sélectionner notre avion dans les mois qui viennent : il y a aujourd’hui un ‘moment Rafale' », a-t-il expliqué.

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