Les talibans sont quasiment aux portes de Kaboul; L’Otan convoque une réunion de crise

Le 11 août, se référant à une évaluation du renseignement américain, un responsable du Pentagone a confié à l’agence Reuters que les talibans pourraient isoler Kaboul d’ici un mois et en prendre le contrôle dans 90 jours. Et d’assurer qu’une telle issue n’était cependant pas inéluctable…

À Moscou, on juge cette estimation trop pessimiste. « Je pense qu’elle est fausse. Comme beaucoup de choses que font les Américains », a en effet déclaré Zamir Kabulov, l’envoyé russe pour l’Afghanistan, a rapporté l’agence Interfax, ce 13 août. « Les talibans ne seront pas en mesure de prendre Kaboul dans un avenir proche », a-t-il dit.

Et cela, alors que ces mêmes talibans venaient de s’emparer de Ghazni, la capitale de la province du même nom, située à 160 km au sud de Kaboul… Après cette nouvelle conquête, ces derniers avaient le choix de continuer leur progression vers Meydan Chahr, chef-lieu de la province de Wardak, ou bien vers Pol-e-Alam, située dans celle du Lôgar.

Finalement, c’est vers la seconde que le mouvement taleb a fait porter son effort. « Les talibans contrôlent toutes les installations gouvernementales à Pul-e-Alam […] Maintenant, ils ont le contrôle à 100%. Il n’y a plus de combats en ce moment », a ainsi rendu compte Saeed Qaribullah Sadat, un conseiller de la province de Lôgar, auprès de l’AFP, ce 13 août. Ce qui fait, désormais, les insurgés ne se trouvent plus qu’à seulement une cinquantaine de kilomètres de Kaboul.

Durant la même journée, les talibans se sont également emparés de Lashar Gah [Helmand] et de Kandahar, deux capitales provinciales situées dans le sud du pays. On aurait pu penser que celles-ci allaient être les premières à céder, étant donné que, historiquement, ces deux villes ont toujours été leurs fiefs. Mais finalement, leur conquête de l’Afghanistan aura débuté dans le nord, avec notamment la prise de Kunduz, le 8 août.

Désormais, les talibans contrôlent l’essentiel du sud, du nord et de l’ouest de l’Afghanistan. Le 12 août, ils ont mis la main sur Hérat, la troisième ville du pays et capitale de la province occidentale du même nom, le chef de guerre local, Ismail Khan [75 ans] ayant fini par se rendre.

Devant cette évolution rapide de la situation, et après que les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont annoncé l’envoi de troupes à Kaboul afin d’évacuer leurs ressortissants ainsi que les civils afghans ayant travaillé pour leurs forces, l’Otan a convoqué, ce 13 août, une réunion de crise, à Bruxelles.

« L’évacuation » de l’Afghanistan sera « au coeur des discussions, avec les options et adaptations militaires requises pour procéder à ces départs », a indiqué un diplomate à l’AFP. « Il s’agit de sécuriser l’aéroport international de Kaboul », a précisé une autre source diplomatique, rappelant que la Turquie « a proposé de se charger de cette mission ». Et d’ajouter : « Il s’agit de déterminer qui fait quoi, quand, comment et quel soutien est accordé pour cela » car « pour le moment, c’est la plus grande incertitude ».

Photo : archive

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