Des bombardiers B-52H de l’US Air Force appuient les forces afghanes face aux talibans

Après Zaranj [province de Nimroz] et Sheberghan [province de Jawzjan], Kunduz est la troisième capitale provinciale à tomber aux mains des talibans, à l’issue d’intenses combats face à l’armée nationale afghane [ANA]

En 2015, déjà, cette ville avait été brièvement occupée par le mouvement taleb, lequel avait été contraint de se replier après une contre-offensive lancée par les forces spéciales américaines venues en renfort de l’ANA. Le même scénario se répéta par la suite, les talibans ayant engagé leurs « unités rouges », c’est à dire leurs « troupes de choc », composées de combattants aguerris et bien équipés, comme ce fut le cas en 2018.

Cela étant, le mouvement taleb maintint la pression dans la province de Kunduz, s’assurant du contrôle de quatre de ses sept districts. Et, l’ANA ne pouvant plus compter sur le soutien des forces américaines [et de celles de l’Otan] en raison de leur retrait du pays, la prise de la capitale provinciale par les talibans n’était plus qu’une question de temps…

« Kunduz est tombée. Les talibans ont pris le contrôle de tous les bâtiments clés de la ville », a ainsi affirmé un correspondant de l’AFP, ce 8 août. Et Sar-e-Pul, une autre capitale provinciale située dans le nord-ouest de l’Afghanistan, est en passe de connaitre le même sort, des combats étant actuellement en cours dans le centre de la ville.

Pour autant, les forces afghanes continuent de bénéficier d’un soutien américain, qui n’est évidemment pas au même niveau que par le passé étant donné que l’US Air Force a quitté, en catimini, la base de Bagram.

« Les forces américaines ont mené plusieurs frappes aériennes pour défendre nos partenaires afghans ces derniers jours », a ainsi affirmé, à l’AFP, le commandant Nicole Ferrara, porte-parole de l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient, sans préciser le type des appareils engagés.

Selon le journal britannique The Times, qui cite des sources militaires américaines, des bombardiers B-52H Stratofortress de l’US Air Force ont assuré des missions au profit des forces afghanes au cours de ces derniers jours, notamment dans les régions de Kandahar, Lashkar Gah [Helmand] et de Herat. Ces avions opèrent depuis la base aérienne al-Udeid [Qatar].

Des AC-130 Spectre sont également sollicités. Dérivés de l’avion de transport C-130H Hercules, ces appareils sont armés de quatre canons [1 M102 de 105 mm, 1 L60 Bofors de 40 mm et 2 M61 Vulcan de 20 mm]. Toujours d’après le Times, des drones MQ-9 Reaper fournissent également un soutien aux forces afghanes.
Enfin, des F/A-18 Super Hornet du porte-avions USS Ronald Reagan, qui croise actuellement en mer d’Oman, assurent des missions au-dessus de l’Afghanistan, sans toutefois être impliqués dans les frappes.

Ces missions assurées par les B-52, les AC-130 Spectre et les MQ-9 Reaper visent à dégrader les capacités des talibans et surtout, à gagner du temps pour permettre aux troupes afghanes de se réorganiser.

Cette implication américaine se justifie par l’état dans lequel se trouve désormais la force aérienne afghane. Ses avions légers d’attaque A-29 Super Tucano sont sursollicités [de même que ses pilotes] et la maintenance de ses aéronefs est compliquée à assurer [un tiers de la flotte est clouée au sol…]. Et cela alors que les demandes d’appui aérien augmentent, de même que la nécessité de conduire des missions de renseignement, de surviellance et de ravitaillement.

Aussi, d’après le quotidien britannique, Washington envisage de poursuivre les frappes aériennes après le 31 août, date à laquelle la mission des forces américaines en Afghanistan prendra fin. Mais le débat pourrait être vite tranché, au regard de la vitesse à laquelle progressent les talibans…

Le 6 août, l’ambassade du Royaume-Uni à Kaboul a conseillé aux ressortissants britanniques se trouvant en Afghanistan de quitter dès maintenant le pays via des vols commerciaux « en raison de la détérioration de la situation sécuritaire ». La France en avait fait de même, trois semaines plus tôt, en justifiant sa décision par « l’évolution de la situation sécuritaire dans le pays et compte tenu des perspectives à court terme ». Quant aux États-Unis, ils ont commencé l’évacuation des auxiliaires afghans de leurs forces.

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