Selon Mme Parly, les Rafale d’occasion vendus à la Croatie seront « compensés » par une nouvelle commande
Quand, en mai dernier, la Croatie fit part de son intention d’acquérir 12 Rafale F3R d’occasion auprès de la France afin de moderniser son aviation de combat, le ministère des Armées ne précisa pas explicitement si les appareils devant être prélevés sur la flotte de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] allaient être compensés par une nouvelle commande auprès de Dassault Aviation, comme cela avait été fait quatre jour seulement après la signature du contrat grec, signé en janvier.
« Les produits de cession des Rafale prélevés seront utilisés pour améliorer la disponibilité et renforcer la préparation opérationnelle de l’armée de l’Air et de l’Espace », pouvait-on en effet lire dans le communiqué publié par le ministère pour saluer l’annonce croate.
Cette amélioration de la diponibilité et de la préparation opérationnelle devait-elle alors se traduire par l’achat d’équipements et de pièces supplémentaires pour les Rafale restants au sein de l’AAE [nacelles Talios, moteurs M88, etc]? Était-il envisagé d’attendre la mise en service de la version F4 pour passer une nouvelle commande, alors que le retrait des Mirage 2000C commencera à partir de 2023-2024?
Toujours est-il que, faute d’en savoir plus sur les intentions du ministère des Armées, la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense a dit craindre que la « cible 2025 des Rafale » de l’AAE ne soit « pas atteinte » [117 exemplaires au lieu de 129, ndlr] « en raison du non-remplacement avant 2025 des 12 Rafale d’occasion cédés à la Croatie en 2024 et 2025 ». Et, a-t-elle poursuivi, dans un rapport qu’elle a remis le 18 juin dernier, il « se posera l’équation complexe de la disponibilité opérationnelle d’un parc réduit de 9% ».
« La réduction capacitaire ne trouve à ce stade pas de réponse […], sauf à améliorer l’activité du parc existant et prolonger la durée de vie des Mirage 2000-5, au prix d’un surcoût en EPM [Entretien programme du matériel] et MCO [Maintien en condition opérationnelle] », est-il avancé dans ce document.
Les réponses à ces interrogations ont en partie été données lors du débat – houleux – organisé au Sénat au sujet de la déclaration du gouvernement relative à l’ajustement de la Loi de programmation militaire 2019-25. Pour rappel, les parlementaires auraient dû être associés à une loi d’actualisation de cette LPM… mais l’exécutif a en a décidé autrement, compte tenu des conséquences économiques de la pandémie de covid-19. Une approche que les sénateurs n’acceptent pas.
« Il est extraordinaire qu’un succès, celui du Rafale, soit perçu comme un problème », a lancé Florence Parly, la ministre des Armées, avant de rappeler que « la production d’un Rafale par mois » représente « 7’000 emplois, chez Dassault et tous les sous-traitants. »
« Quant à la vente d’avions d’occasion à la Grèce, je rappelle que nous avons déjà commandé pour 2025 les avions de remplacement », a continué la ministre. Quid de ceux vendus à la Croatie? « Ils seront compensés à notre armée de l’Air et de l’Espace », a-t-elle dit. « Nous passerons cette commande. Où est le problème? », a-t-elle insisté.
« Mais dites-le nous! On l’aurait su s’il y avait eu un débat », lui a rétorqué Christian Cambon, le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense.
Reste à voir quand cette commande censée compenser les 12 Rafale cédés à la Croatie sera notifiée à Dassault Aviation…