Des mortiers automoteurs russes 2S4 Tulpan de 240 mm ont été repérés en direction de la frontière ukrainienne

Proche de Vladimir Poutine, le président russe, Dmitri Kozak a été très clair, le 8 avril. « La Russie sera obligée de défendre les citoyens de la région ukrainienne du Donbass si cela s’avère nécessaire », a-t-il dit. Et cela « dépendra du niveau de la violence dans la région », a-t-il ajouté, précisant que les « formations armées », c’est à dire les séparatistes pro-russes, sont « expérimentées et actuellement en mesure de se défendre elles-mêmes, sans aide extérieure. »

Ces propos ont été tenus alors Moscou accuse Kiev de chercher la confrontation dans le Donbass, dont une partie lui échappe depuis 2014. Depuis plusieurs semaines, les violations d’un énième cessez-le-feu signé en juillet 2020 se multiplient. Et d’importants mouvements de troupes russes ont été signalés à la frontière ainsi qu’en Crimée. Ce qui laisse craindre une escalade militaire entre l’Ukraine et la Russie.

Le même jour, la chancelière allemande, Angela Merkel, dont le pays est impliqué, avec la France, dans la recherche d’une solution à ce conflit, via le format dit de Normandie, a demandé au chef du Kremlin de réduire la présence militaire russes aux frontières de l’Ukraine, « dans un objectif de désescalade ».

Dans cette affaire, l’Ukraine accuse les séparatistes pro-russes d’être à l’origine des violations du cessez-le-feu constatées ces dernières semaines. Et le pays a le soutien des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Otan. En revanche, à Moscou, on pointe la responsabilité de Kiev, « dont les provocations visent ces derniers temps à aggraver volontairement la situation sur la ligne de contact. »

Aussi, dans ces conditions, on voit mal comment M. Poutine pourrait donner une suite favorable à la demande de la chancelière allemande… Cela étant, ce 9 avril, le chef d’état-major des armées ukrainiennes, le général Rouslan Khomtchak, a dit exclure toute offensive militaire en direction du Donbass. « La libération des territoires occupés par la force conduira inévitablement à la mort d’un grand nombre de civils et de pertes parmi les militaires, ce qui est inacceptable pour l’Ukraine », a-t-il dit.

En attendant, la présence militaire russe continue de se renforcer, avec le déploiement d’équipements à l’efficacité redoutable. En effet, sur les réseaux sociaux, des images montrant des 2S4 « Tulpan » circulant par voie ferrée ont été diffusées le 6 avril. A priori, elles ont été prises à Kropotkine, dans la région de Krasnodar. Ce qui suggère que ces engins sont en route vers la Crimée.

Or, le 2S4 Tulpan est un mortier lourd de 240 mm, monté sur un châssis automoteur chenillé. Mis au point à la fin des années 1960, cet engin de 30 tonnes, protégé par un blindage de 20mm, pouvait alors tirer des obus de mortier classiques, incendiaires ou à sous-munitions mais aussi des obus « atomiques » ZBV4. Utilisé en Afghanistan, puis lors de la seconde guerre de Tchétchénie, il a été construit à 588 unités, certains modèles ayant été exportés, notamment vers la Syrie.

Puis, 430 exemplaires furent retirés des unités opérationnelles et mis en réserve. En 2017, il fut rapporté que la 291e brigade d’artillerie, basée en Ingouchie, venait de recevoir un lot d’au moins huit 2S4 Tulpan modernisés.

Le 8 avril, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a affirmé que les effectifs militaires russes déployés à la frontière ukranienne n’avait jamais été aussi importants que depuis 2014. À l’époque, ils avaient été évalués par le renseignement américain à au moins 25.000 et combattants. « Les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par la récente escalade des tensions dans l’est de l’Ukraine, y compris par les mouvements de troupes russes à la frontière ukrainienne », a-t-elle dit.

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