Le troisième porte-avions chinois pourrait être lancé d’ici la fin 2020
Dans le dernier rapport sur les capacités militaires de la Chine qu’il a récemment remis au Congrès [.pdf], le Pentagone fait le constat que la marine chinoise constitue désormais la première force navale du monde, avec environ 350 navires, contre « seulement » 293 pour l’US Navy. Cependant, si l’on considère le tonnage, les États-Unis sont encore devant… grâce notamment à leurs onze porte-avions, qui affichent près de 100.000 tonnes en déplacement.
Cela étant, ce n’est qu’une question de temps pour la Chine dépasse les États-Unis sur ce seul paramètre. Lors d’une audition parlementaire, en 2018, l’amiral Christophe Prazuck, désormais ex-chef d’état-major de la Marine nationale, avait en effet indiqué que Pékin a construit, durant les quatre années précédentes, l’équivalent de la flotte française. Et ce n’est pas fini.
Ainsi, en 2019, la Chine a mis à l’eau le nouveau navire d’assaut amphibie de type 075D, d’un tonnage équivalent aux modèles américains de la classe Wasp [40.000 tonnes]. À peine devait-il entamer ses essais en mer qu’un second a été mis à l’eau, alors que la construction d’une troisième a déjà commencé.
Le programme de l’impressionnant croiseur de type 055 [12.000 tonnes de déplacement, doté de 125 cellules de lancement vertical pour des missiles divers et variés, ndlr] est également mené tambour battant. Le premier de la série, le Nanchang, est ainsi entré en service en janvier dernier, pendant que deux autres, lancés en avril et en juillet 2018, effectuent leurs essais en mer. Cinq navires supplémentaires ne devraient pas tarder à suivre. Selon le Pentagone, il n’est pas impossible que ces bâtiments soit dotés, à terme, de missiles balistiques anti-navires, dont Pékin fait grand cas [et dont ignore les capacités réelles].
S’agissant des capacités aéronavales, la Chine ne perd pas de temps. Étant dépourvue de porte-avions il n’y a pas encore dix ans, elle en compte désormais deux : le CNS Liaoning [entré en service en 2011] et le CNS Shandong [lancé en 2017 et entré en service en 2019, ndlr].
Dotés d’un tremplin et de brins d’arrêt pour faire décoller et récupérer les aéronefs qu’ils mettent en oeuvre [configuration STOBAR], ces navires n’offrent pas les mêmes capacités opérationnelles qu’un porte-avions à propulsion nucléaires dits CATOBAR, car dotés de catapultes et de brins d’arrêt, comme ceux mis en oeuvre par l’US Navy et la Marine nationale : le guet aérien est assuré par des hélicoptères et les chasseurs-bombardiers qu’ils embarquent ne peuvent qu’emporter moins de carburant et de munitions.
Aussi, l’Armée populaire de libération [APL] a lancé la construction d’un troisième porte-avions en configuration CATOBAR [type 002]qui serait, selon les bruits de coursive chinois, à propulsion nucléaire. En outre, il serait doté de catapultes électro-magnétique [EMALS], que l’US Navy a eu toute les peines du monde à mettre au point pour ses nouveaux navires de la classe Gerald Ford.
Visiblement, et comme pour les autres navires de type 075D et 055, le chantier de ce porte-avions progresse assez rapidement. En effet, rapporte le quotidien Global Times, qui suit la ligne du Parti communiste chinoise, il est probable que ce nouveau bâtiment soit lancé [c’est à dire mis à l’eau] d’ici la fin 2020, voire, au pire, au début de l’année prochaine.
Le CNS Liaoning avait été acquis à la fin des années 1990 auprès de l’Ukraine sous le nom de « Varyag » afin d’en faire, officiellement, un casino flottant. Le chantier avait consisté à le remettre en état. Quant au CNS Shangong, il a été construit localement, sur la base des plans du premier. S’agissant du porte-avions de type 002, explique Global Times, une méthode de construction « plus avancée » a été suivie. Ainsi, plusieurs éléments de la coque ont été construits à différents endroits, plus envoyés au chantier naval de Jiangnan pour l’assemblage final. Ce qui a permis de réduire les délais de construction. Pour autant, la mise en service sera conditionnée par les essais en mer que ce nouveau navire aura à effectuer après avoir reçu ses équipements. Étant donné qu’il radicalement différent de ses deux prédécesseurs et qu’il aura recours des à technologies nouvelles, cette phase pourrait prendre beaucoup de temps.
A priori, ce troisième porte-avions mesurerait 320 mètres de long [contre 305 mètres pour le CNS Shandong] et afficherait un déplacement de plus de 80.000 tonnes. Pour le reste, on n’a que très peu de détails, si ce n’est qu’il devrait mettre en oeuvre l’avion de guet aérien KJ-600, doté a priori d’un radar à antenne active et à basse fréquence développé par l’Institut 603 de type AESA. Il a été rapporté que ce nouvel appareil venait d’effectuer son vol inaugural en août dernier.
Cela étant, le rapport du Pentagone ne fait pas que s’inquiéter de l’augmentation sensible du nombre de navires militaires mis en oeuvre par la Chine [et encore, il ne s’est pas attardé sur les flottes « auxiliaires », constituées par des navires de pêche ainsi que sur la garde-côtière…]. En effet, il souligne également que la marine chinoise a aussi fait de nets progrès sur le plan qualitatif.
Cette dernière devient « de plus en plus moderne et flexible, après s’être concentrée sur le remplacement de plateformes d’ancienne générations aux capacités limitées par des navires polyvalents. […] Depuis 2019, la marine chinoise est en grande partie composée de plateformes multi-rôles modernes, dotées de capteurs et d’armes ant-navires, anti-aériens et anti-sous-marins avancés », insiste le rapport américain.