Des jihadistes s’emparent de deux îles situées au large du Mozambique

Depuis 2017, la province de Cabo Delgado, située dans le nord du Mozambique, est le théâtre d’une insurrection jihadiste. Tout commença en octobre de cette année-là, avec l’assaut donné contre trois postes de police et une caserne de la ville de Mocimbia da Praia par le groupe Ahlu Sunnah wal Jamaa [les « adeptes de la tradition du prophète], encore appelé « al-Shahab [« à ne pas confondre avec l’organisation terroriste somalienne, liée à al-Qaïda].

Puis, les attentats et les violences s’amplifièrent, visant les bâtiments publics, les forces de sécurité, les civils [kidnapping, décapitation, etc] et les expatriés, alors de plus en plus nombreux après la découverte d’importantes réserves de gaz naturel au large de la province. Après avoir été dans le déni, les autorités mozambicaines finirent par y envoyer des renforts militaires, tout en faisant appel à des sociétés militaires privées [SMP], dont Frontier Services Group [Afrique du Sud] et Wagner [Russie].

Pour autant, cela ne freina pas l’activité des jihadistes, qui firent allégeance à l’État islamique [EI ou Daesh] en prenant le nom « État islamique d’Afrique centrale » [ISCAP]. Et ils revendiquèrent leur première attaque sous leur nouvelle bannière en juin 2019.

Dans son dernier rapport, le groupe d’experts des Nations unies chargés d’assurer le suivi des sanctions prises à l’égard d’al-Qaïda et de Daesh note que, depuis le début de cette années, les activités de l’ISCAP « ont pris de l’ampleur », lorsque le groupe a « lancé des attaques complexes en plusieurs lieux, concentrées dans trois districts de la province, à savoir Mocimboa da Praia, Muidumbe et Quissanga. » Et d’ajouter : « Des agents ont brièvement pris le contrôle de certains villages et se sont ouvertement adressés aux habitants en affichant des bannières du groupe. »

En août, l’ISCAP est monté d’un cran en s’emparant, après cinq jours de combats, du port de Mocimboa da Praia, d’autant plus stratégique qu’il est noeud logistique pour l’exploitation des immenses réserves de gaz naturel découvertes dans la région de Cabo Delgado [et qui seraient susceptibles de multiplier par huit le PIB du Mozambique…].

Malgré la contre-offensive lancée par Maputo, Mocimboa da Praia est toujours aux mains des jihadistes.

Le 24 août, le port de la ville étant essentiel pour ravitailler les installations du site offshore d’Afungi [situé 60 km plus au nord], pour lequel il a beaucoup investi, le groupe français Total a annoncé avoir signé un accord avec les autorités mozambicaines pour protéger ses infrastructures dans la région, avec la création d’une « force opérationnelle conjointe », dont la composation n’a pas été précisée. En outre, Maputo compte sur un soutien militaire de la part des 16 pays de la Communauté de développement d’Afrique australe… Soutien qui tarde à se concrétiser.

En attendant, l’ISCAP poursuit ses actions, tout en faisant preuve de plus en plus d’audace. Ainsi, le 11 septembre, il a été rapporté que les jihadistes venaient de s’emparer des îles de Metundo et Vamizi, situées au large de la province de Cabo Delgado. Ce qui les met désormais en position de menacer le trafic maritime dans la région.

« Ils sont arrivés la nuit dans des petits bateaux de pêche. Ils ont fait sortir les personnes des maisons avant de brûler [les habitations]. […] Ils n’ont blessé personne, ils ont juste donné l’ordre de quitter les îles », a raconté un témoin à l’AFP. « Ils nous ont rassemblés et nous ont dit de fuir si on voulait vivre. Je crois que tout le monde a quitté l’île », a confirmé une autre source.

Ces deux îles ne sont situés qu’à quelques nautiques du site d’Afungi… En outre, leur occupation par les jihadistes va isoler davantage la région gazière de Palma. Les routes avec Pemba, le chef-lieu de la province de Cabo-Delgado, étant sous la menace constante d’attaques jihadistes, la voie maritime constituait alors la seule aternative pour y acheminer vivres, biens et personnes.

En outre, d’après une source militaire mozambicaine sollicitée par VOA, les îles de Metundo et de Vamizi sont aussi « généralement utilisées pour le trafic de drogues, qui aliment le marché national et régional. »

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