Libye : Le renseignement militaire américain affirme que les forces pro-Haftar ont perdu deux MiG-29

Le 8 septembre, une vidéo montrant un pilote russophone – au visage flouté – affirmant s’être éjecté de son avion [un MiG-29] dans les environs de la ville libyenne de Syrte fut diffusée sur les réseaux sociaux. Seulement, plusieurs détails semblèrent curieux, comme l’absence d’épave ou de fumée à proximité, la tenue de l’aviateur ou encore le fait que les forces du gouvernement d’union national libyen [GNA] n’ait rien dit au sujet de cette éjection… En outre, on pouvait s’interroger sur les raisons ayant conduit à publier de telles images.

Plus tard, et via son compte Instagram, celui qui diffusa cette vidéo, un certain « Fighter Bomber« , expliqua qu’elle montrait en réalité un un exercice de type CSAR [recherche et sauvetage au combat]. En clair, il s’agissait d’une mystification à laquelle crurent de nombreux médias [y compris russophones].

Cela étant, l’histoire accompagnant cette vidéo était crédible. En effet, en mai, l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar, qui combat les forces du GNA, ont reçu au moins 14 avions de combat, dont des MiG-29 « Fulcrum » et des Su-24 « Fencer », fournis, selon Washington, par la Russie.

Or, les forces libyennes n’ayant jamais disposé, à l’époque du régime du colonel Kadhafi, des MiG-29, les pilotes de ces appareils ne peuvent qu’être des mercenaires. Ce que Mme le contre-amiral Heidi Berg, responsable du renseignement au sein de l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique, a confirmé [et précisé] auprès de journalistes, le 11 septembre.

Ces avions sont, « selon nous, exploités par le groupe Wagner », a affirmé Mme le-contre amiral Berg, en faisant référence à la Société militaire privée [SMP] proche du Kremlin. « Ces appareils participent à des combats. Nous les avons vus mener des frappes au sol et des actions de combat dans le pays. Donc, le groupe Wagner n’est pas là pour former l’ANL, ni pour simplement soutenir cette dernière. Il est là pour mener des actions de combat au nom des intérêts nationaux [de la Russie], a-t-elle ajouté.

« Nous savons aussi qu’ils ne sont pas très bons », a continué le contre-amiral Berg, selon qui un MiG-29 se serait écrasé le 28 juin dernier, de même qu’un second, le… 7 septembre [soit la veille de la diffusion de la vidéo de Fighter_Bomber]. La cause de la perte de ces deux appareils est inconnue. « Il peut s’agit d’un incident mécanique, d’une erreur de pilote ou d’autre chose », a affirmé la responsable du renseignement de l’US AFRICOM. En tout, a-t-elle dit, cela « indique probablement un manque de compétences ».

Quoi qu’il en soit, pour l’US AFRICOM, le soutien qu’elle apporte à l’ANL serait un prétexte permettre à la Russie d’étendre son influence militaire en Afrique.

« La Russie essaie clairement de faire pencher la balance en sa faveur en Libye. Tout comme je les ai vus faire en Syrie, [les Russes étendent leur empreinte militaire en Afrique en utilisant des groupes de mercenaires soutenus par le gouvernement, comme [la SMP] Wagner », avait accusé, en mai dernier, le général Stephen Townsend, le commandant de l’AFRICOM.

Selon le contre-amiral Berg, le groupe Wagner compterait environ 3.000 combattants en Libye. Et il aurait recruté 2.000 mercenaires en Syrie pour appuyer les opérations de l’ANL.

Cela étant, l’autre camp en fait de même, mais avec le concours de la Turquie, qui a envoyé à Tripoli environ 5.000 mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles syriens pro-Ankara. Et là, les ambitions turques sont sans ambiguïté : prendre pied en Libye permet à la Turquie d’appuyer des revendications territoriales en Méditerranée orientale [grâce à un accord signé avec le GNA en novembre], voire de contrôler les flux migratoires à destination de l’Europe.

Photo : US AFRICOM

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