La Russie planche déjà sur le successeur de son nouveau char T-14 Armata

Présenté en 2015 lors de la grande parade militaire organisée tous les 9 mai à Moscou, le T-14 Armata inaugurait une nouvelle génération de blindés devant prochainement entrer en service au sein des forces terrestres russes.

Depuis, la production de ce char, par ailleurs testé dans des conditions opérationnelles en Syrie, a été lancée, dans le cadre d’un contrat portant sur un nombre relativement limité d’exemplaires [le chiffre de 132 a été avancé en 2018, alors qu’il était initialement question d’une commande de 2.300, ndlr], l’accent ayant été mis sur la livraison de chars T-90M « Proryv », une nouvelle version du T-90 ayant bénéficié de certaines technologies développées pour l’Armata.

Le T-14 Armata est « cher car il subit encore des essais et une mise à jour supplémentaires après que le ministère de la Défense a demandé des solutions techniques complémentaires afin de commencer les livraisons des exemplaires de série à partir de l’année prochaine, dans le cadre du contrat existant », avait admis Denis Manturov, le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, en avril dernier.

Doté d’une tourelle téléopérée armée d’un canon de 125 mm, de missiles anti-char Sokol et de mitrailleuses de 12,7 mm [voire d’un canon de 30 mm], le T-14 Armata est équipé du système de protection active Afganit et d’une multitude de capteurs, radars et autres caméras de haute résolution. Affichant une masse de 57 tonne, il est propulsé par un moteur Diesel CTZ A85-3A à seize cylindre disposés en « X », d’une puissance de 1.500 ch. Trois hommes, placés dans une capsule blindée à couche multiple, suffisent à le mettre en oeuvre. Et il est même question qu’il soit « robotisé », comme l’a confié UralVagonZavod, son fabricant, à l’occasion du salon Army 2020 qui se tient actuellement à Moscou.

« L’apparition de véhicules de combat lourds sans pilote est une question de temps. Dans le cadre d’une étude de recherche et développement commandée par le ministère de la Défense, les spécialistes de l’entreprise travaillent à la création de véhicules de combat robotisés. Au cours de ces travaux, le char T-14 Armata a également été testé en mode sans pilote « , a précisé l’industriel.

Les blindés lourds robotisés sont presque déjà une réalité. C’est d’ailleurs pour cela que le Royaume-Uni envisage de retirer ses chars Challenger 2 du service, estimant que les sommes nécessaires à leur modernisation pourraient servir à développer de tels engins. Mais telle n’est pas l’orientation prise par les États-Unis et donc, la Russie.

Toujours au sujet des blindés « robotisés », l’US Army a récemment conduit une expérimentation ayant consisté à intégrer des véhicules M113 et Stryker sans équipage dans des manoeuvres organisées à Camp Red Devil [Colorado]. Résultat : si certaines technologies utilisées ont laissé une forte impression, d’autres exigent en revanche encore beaucoup de travail pour les faire arriver à maturité. Tel est, en tout cas, le constat fait par le général Ross Coffman, chef de programme au sein de l’US Army. Parmi les défis à relever, la transmission des données, d’une manière sécurisée, en est un.

Quoi qu’il en soit, cette robotisation du champ de bataille ne remet donc pas en cause le char lourd de combat. L’US Army a lancé la modernisation des M1A2 Abrams [version SEPv3] tandis que la France et l’Allemagne conduisent le programme MGCS [Main Ground Combat System] pour mettre au point un sucesseur aux chars Leclerc et Leopard. Quant à la Russie, elle planche déjà sur le futur remplaçant du T-14 Armata. C’est en effet ce qu’a confié, à l’agence Tass, le colonel Yevgeny Gubanov, directeur adjoint du 38e Institut de recherche, de développement et d’essai de l’armement.

Ainsi, à en croire l’officier, le T-14 Armata devrait être remplacé dans les années 2040. D’où la nécessité de mener dès maintenant un étude pour « jeter les bases » de son successeur. Et il a livré quelques pistes.

Selon le colonel Gubanov, ce futur char devrait afficher une masse si imposante qu’il se composera de deux modules, ce qui « aidera à réduire la pression exercée sur le sol par les chenilles [ou les pneus]. Le premier abritera un « compartiment de contrôle » blindé dans lequel prendra place un équipage de trois soldats. Comme pour le T-14 Armata. Et il accueillera une tourelle téléopérée, armée d’un « canon électro-thermochimique » avec chargeur automatique.

Le fonctionnement d’un canon électro-thermochimique repose sur une impulsion électrique pour la mise à feu, ce qui permet de se passer de poudre et d’augmenter la vitesse initiale de l’obus ainsi que sa portée. « Le char tirera des obus hypersoniques », précise le colonel Gubanov.

Ce même module sera également équipé d’un système de protection active, d’une arme laser, d’un « générateur d’impulsions électromagnétiques » et de cellules de lancement vertical pour tirer des missiles anti-char d’une portée supérieure à 12 km.

La deuxième section de ce char accueillera un « moteur à turbine à gaz multi-carburants de 3.000 CV », soit une puissance deux fois plus importante que le T-14 Armata. En outre, il devrait également permettre d’utiliser des drones aériens et terrestres pour des missions de reconnaissance, la détection de mines et la surveillance.

Reste maintenant à voir ce qu’il en sera réellement… D’ici 20 ans, de nouvelles technologies apparaîtront. Et elles rendront obsolètes celle qui passent pour être d’avant garde aujourd’hui. Et, en attendant, sans doute vaudrait-il mieux se pencher sur les difficultés du moment, comme celles qui semblent affecter les chars T-80BVM, dont les premiers exemplaires ont été mis en service en 2018.

Selon des images dénichées par Defence Blog, aucun de ces nouveaux chars n’a été en mesure de toucher sa cible lors d’une démonstration organisée en marge du forum Army 2020.

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