Les capacités de lutte anti-sous-marine des frégates multimissions françaises impressionnent l’US Navy

La lutte anti-sous-marine [ASM] est probablement l’aspect le plus compliqué de la guerre navale. Et il suppose d’avoir une connaissance la plus fine possible du milieu marin. En effet, il faut prendre en considération plusieurs facteurs, comme la température, la salinité, la pression et la topographie du fonds des océans. Ces derniers sont par ailleurs constitués de plusieurs couches de masses d’eau, dont certaines peuvent être favorables à un sous-marin [on parle alors de « cuvettes de non-détection » ou de « zones d’ombre »].

Aussi, pour espérer tirer son épingle du jeu en matière de lutte ASM, il faut réunir au moins quatre conditions : disposer de capteurs très performants, être discret, un équipage bien entraîné et des torpilles efficaces. Et, visiblement, les Frégates multimissions [FREMM] de la Marine nationale ont tous ces atouts en main.

En effet, pour la lutte ASM, une FREMM est dotée du système CAPTAS 4 [fourni par Thales, ndlr], constitué d’un sonar remorqué à immersion variable [VDS] de type UMS-4249 émettant des ondes à très basse fréquence [ATBF] et d’une antenne linéaire remorquée multifonctions qui, dotée d’hydrophones, permet de localiser et classer les cibles éventuelles. Un tel dispositif facilite notamment la détection des sous-marins dans les zones d’ombre.

En outre, une FREMM est aussi équipée d’un sonar de coque, de type UMS 4110, lequel qui émet des ondes à basse fréquence, ce qui est indispensable pour les zones littorales à faible fond. Enfin, son hélicoptère embarqué NH-90 Caïman NFH démultiplie ses capacités, grâce à son sonar trempé FLASH, les bouées acoustiques numériques qu’il peut disséminer et ses torpilles MU-90.

Or, visiblement, les FREMM réunissent les conditions nécessaires pour être efficaces dans le domaine de la lutte ASM. En effet, le 24 juin, les frégates Bretagne et Auvergne, ont été distinguées par la 6e Flotte de l’US Navy, qui leur a remis le prix d’excellence « Hook ‘Em » pour le rôle qu’elles ont tenu lors de manoeuvres conjointes récentes avec la marine américaine, en particulier dans le cadre de la mission Foch.

Le prix « Hook’Em » a été créé en 1975 par le vice-amiral Frederick C. Turner afin de distiinguer les unités dédiées à la lutte ASM [navires de surface, sous-marins aéronefs] s’étant particulièrement distinguées en opération. Tombé en désuétude après la fin de la Guerre Froide, il a été rétabli par l’amiral James G.Foggo III, en 2016.

Les FREMM Bretagne et Auvergne ont obtenu cette reconnaissance pour la qualité de leurs opérations de surveillance « menées conjointement avec des moyens navals et aériens fournis par l’Italie, l’Espagne et les États-Unis », explique la 6e Flotte, qui évoque notamment le « Passex » entre les porte-avions USS Dwight D. Eisenhower et Charles de Gaulle en mars 2020, en Méditerranée.

« Je continue d’être impressionnée par le sens tactique et le professionnalisme de mes homologues français et leur contribution significative aux objectifs de la mission ASM au cours de nos opérations conjointes » , a commenté Mme le vice-amiral Lisa Franchetti, qui commande la 6e Flotte. « Je suis convaincue que nos forces peuvent parfaitement s’intégrer, collaborer et surmonter tous les défis auxquels nous sommes confrontés dans l’environnement maritime », a-t-elle ajouté.

« Cette reconnaissance est un véritable honneur pour les équipages des FREMM ‘Auvergne’ et ‘Bretagne’. Elle démontre la confiance et l’interopérabilité remarquables établies entre nos marines, nos flottes et nos navires dans tous les domaines d’opérations », a déclaré le vice-amiral Laurent Isnard, le préfet maritime de la Méditerranée. « La guerre anti-sous-marine nécessite des années d’efforts soutenus pour atteindre un haut niveau de compétence et, plus important encore, pour mener des opérations véritablement coordonnées. […] Je suis très fier et profondément ému par la confiance que nos frères d’armes ont dans les unités françaises », a-t-il ajouté.

Les conditions dans lesquelles ont eu lieu les opérations en question étaient optimales pour la lutte ASM. Lors d’une audition parlementaire, l’an passé, l’amiral Bernard-Antoine Morio de l’Isle, commandant des forces sous-marines et de la force océanique stratégique [ALFOST] avait en effet expliqué qu’une « frégate multimissions qui se trouve en hiver en Méditerranée, où l’eau est à 13 degrés de la surface au fond, c’est-à-dire dans un milieu très homogène » est en mesure de « détecter jusqu’à des distances de 150 kilomètres. » Ce qui est moins vrai durant l’été. « Si elle fait la même opération en septembre, l’eau est très chaude en surface et toujours à 13 degrés au fond, elle n’aura alors plus que quelques milliers de mètres de détection en portée directe », avait-il ajouté.

Photo : FREMM Auvergne (c) Marine Nationale

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