La cellule « Tir Haute Précision » du Commando parachutiste de l’Air n°10 expérimente l’usage de Quads
En 2018, le Commando Parachutiste de l’Air n°10 [CPA 10], un unité des forces spéciales relevant de l’armée de l’Air, a créé une cellule « THP » [Tir de haute précision] afin de permettre aux tireurs d’élite de ses groupes d’action, alors désignés pour en faire partie, d’avoir plus de temps pour s’entraîner et expérimenter de nouveaux modes opératoires, dans un contexte marqué par des missions en zone hostile de plus en plus complexes.
« Le tireurs doivent s’entraîner régulièrement. Mais pour cela, il est nécessaire de dégager du temps au sein d’une cellule dédiée, car il faut se déplacer sur de lointains camps qui permettent le tir à longue distance, comme Captieux, Caylus ou encore la Courtine », explique en effet le lieutenant-colonel Cyrille, le commandant du CPA 10, dans le dernier numéro d’Air Actualités.
Pour intégrer cette cellule THP, il ne suffit pas d’être un excellent tireur. Il faut en effet posséder plusieurs autres qualités [sang-froid, rusticité, patience, capacité d’agir en autonomie, etc] et avoir d’autres qualifications [transmission, explosifs, soins au combat, etc]. « En tant que forces spéciales, ces commandos parachutistes de l’Air doivent être polyvalents pour opérer dans tout type de situation », relève Air Actualités.
Des fusils d’assaut à ceux de précision en passant par les pistolets semi-automatique, chaque THP du CPA 10 est équipé d’au minimum 7 armes différentes. En général, ils opérent en binôme [un tireur et un observateur], dans la profondeur.
« Nos tireurs d’élite fournissent une allonge tactique et un appui indispensables aux opérations spéciales : tir longue distance, observation et renseignement. De jour comme de nuit, et jusqu’à une distance de 2 km, ils sont capables d’appuyer un groupe d’action et sont, en quelque sorte, la garantie de la frappe chirurgicale en sol-sol. C’est pourquoi il existe une cellule tir haute précision au sein de l’unité », fait valoir le commandant du CPA 10.
Pour l’anecdote, le record de distance pour un tir réussi par un THP du CPA 10 est actuellement de 1.980 mètres.
Quoi qu’il en soit, les THP du CPA 10 sont par ailleurs très sollicités. « Chacun d’entre-eux fait au moins une OPEX [opération extérieure] de quatre mois par an », précise Air Actualités. En outre, il peuvent être amenés à agir avec leurs camarades des autres unités spéciales relevant de la Marine nationale et de l’armée de Terre.
Mais pour opérer dans la profondeur, il faut disposer de moyens permettant de s’infiltrer sur les arrières de l’adversaire. Ainsi, la cellule THP du CPA 10 sera bientôt qualifiée au saut opérationnel à grande hauteur [SOGH]. « Il s’agit d’un enjeu important pour les THP », souligne le lieutenant-colonel Cyrille.
Mais d’autres modes opératoires sont envisagés, comme celui reposant sur l’utilisation de quads. L’intérêt est que ce type de véhicule permet d’accueillir deux THP et de faciliter leur mise en place pour des actions dans la profondeur. Du moins, c’est le sens de l’expérimentation en cours.
« Nous avons effectué une formation interne pour apprendre à piloter les quads. Nous sommes en train de les étudier pour voir ce qu’ils peuvent nous apporter en mission », a résumé l’adjudant-chef commandant la cellule THP. « Nous poursuivons les expérimentations pour voir jusqu’à quelle distance nous pouvons nous approcher d’un objectif tout en restant discrets, quels armements nous pouvons emmener et les possibilités de nuit, notamment avec les jumelles de vision nocturne », a-t-il ajouté.
Aucune précision sur le modèle des quads reçus par la cellule THP du CPA 10 n’a été donnée. Cela étant, l’intérêt pour ce type de véhicule a été démontré par le 2e Régiment de Hussards [RH], dont la mission est de rechercher le renseignement sur les arrières de l’ennemi. Au Sahel, la nature du terrain et la nécessité d’être à la fois extrêmement mobile et discret « ont rendu l’utilisation de ces quads incontournables », avait même insisté l’État-major des armées, en 2016.
Pour rappel, 2e RH dispose de deux type de quads : le Polaris Sportsman 570SP, dont les performances, à l’usage, se sont révélées insuffisantes, et le Polaris MV850, plus puissant [photo ci-dessus].
À noter que,afin de renforcer leur segment « haute mobilité-vélocité », les forces spéciales françaises expérimentent aussi des véhicules légers de type buggy, comme le Polaris MRZR.
Photo : CPA 10 © Cédric Guerdin / Armée de l’air