Le ministère des Armées finance le projet prometteur d’un test sérologique de dépistage du Covid-19

Devant un obstacle, il y a plusieurs réactions possibles. On peut s’assoir et attendre qu’il disparaisse par enchantement, espérer une aide providentielle, critiquer ceux qui essaient de le franchir tout en s’appitoyant sur son propre sort ou bien, et c’est l’attitude la plus efficace, prendre le taureau par les cornes et chercher des solutions. Ce qu’ont fait certains entrepreneurs et innovateurs.

Ainsi, deux médecins, Vincent Bailly et Romain Léger, ont imaginé l’application « Covid-moi-un-lit », à la fois gratuite et « open source ». Développé en six jours en partenariat avec le « collaborathon Covid-19 », lancé à Besançon par l’équipe du Hacking Health local, et avec l’aide d’une vingtaine de bénévoles, cet outil permet de visualiser sur une carte les lits de réanimation disponibles.

Dans un autre registre, la PME Witnings avait mis au point une montre connectée, appelée ScanWatch, capable de détecter un rythme cardiaque irrégulier, un saturation en oxygène dans le sang ou encore l’apnée du sommeil chez un sujet. Or, n’ayant pas encore le marquage CE, il se trouve que cet équipement permettrait également un suivi à domicile des malades de Covid-19… Voire à détecter les signes avant-coureur de cette pathologie

« Nous participons actuellement à plusieurs projets de recherche, afin de comprendre comment les variations de fréquence cardiaque et les perturbations respiratoires nocturnes peuvent être des signes précurseurs de la maladie ou concomitants à son évolution. Les objets connectés nous permettent, dans ce cadre, de recueillir des données en vie réelle », a expliqué Éric Carreel au quotidien Les Échos. « L’Institut Pasteur, qui réalise l’étude épidémiologique, pourra ainsi bénéficier de données physiologiques supplémentaires, ainsi que l’AP-HP. Nous sommes aussi en discussion avec l’Institut de recherche biomédicale des armées », a-t-il ajouté.

Également en relation avec le ministère des Armées [et plus précisément avec la Direction générale de l’armement], la PME « Les Tissages de Charlieu », spécialiste des textiles techniques, a réorienté sa production sur un modèle de « masque de confinement » lavable et donc réutilisable. Le prototype, qui a été validé, consiste à insérer une couche molletonnée de polyester texturé entre deux autres en coton recyclé.

Mais, et au-delà du débat sur l’hydrochloroquine, la recherche d’un traitement est évidemment primordiale. Dans ce domaine, Xenothera planche sur des anticorps polyclonaux, lesquels pourraient être efficaces contre les infections virales. Et elle table sur le médicament « XAV-19 », qui est un « mélange d’anticorps protecteurs similaires à la réponse naturelle de l’homme, qui neutralisent le virus et l’empêchent de se multiplier », explique cette entreprise, qui a besoin de 3 millions d’euros pour produire les premiers lots. L’avantage de cette solution est qu’elle pourrait être efficace contre d’autres maladies infectueuses.

De son côté, Hemarina mise sur une molécule à base de ver marin, l’Hemozlife, qui pourrait être utilisée pour aider les patients en détresse respiratoire aiguë grâce à sa capacité oxygénante, qui est 40 fois supérieure à celle de l’hémoglobine.

Cependant, pour éviter qu’une épidémie se propage, et comme l’ont fait la Corée du Sud [qui est aujourd’hui le 17e pays le plus touché par le Covid-19 alors qu’il occupait la seconde place en février], Taïwan et Singapour, la solution est de détecter les personnes contaminées, les isoler et les soigner. Pour cela, il faut donc des tests.

Il en existe deux sortes : les tests PCR [polymerase chain reaction], qui supposent un prélèvement naso-pharyngé [et le gouvernement a fixé l’objectif d’en réaliser jusqu’à 30.000 par jour dans les prochaines semaines], et les tests sérologiques, lequels visent à chercher les anticorps produits par un organisme affecté par le coronavirus.

« Les tests sérologiques ne répondent pas à la même question que la PCR. La PCR détecte directement la présence du virus,alors que le test sérologique nous dit si le patient a été en contact ou non avec ce dernier. Si le test sérologique est positif, alors le virus a de forte chance de ne plus être là », explique Bernard Binétruy, ancien chercheur de l’institut de neurobiologie de la Méditerranée [INSERM/Aix-Marseille Université] au Quotidien du médecin.

Le 19 mars, l’Agence de l’innovation de Défense [AID] du ministère des Armées a lancé un appel à projets pour trouver des solutions innovantes pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Et c’est dans le cadre de ce dernier que l’entreprise NG Biotech a obtenu un financement de un million d’euros, via un contrat notifié par la DGA le 31 mars, pour un « kit immunologique de dépistage sanguin rapide de l’infection au coronavirus » ainsi que pour le développement d’un kit de détection directe du virus, dans la salive ou par échantillon nasal. »

« Ce test sérologique, dénommé ‘NG-Test® IgG-IgM COVID-19’ sera homologué CE, économique et simple d’utilisation. Il permettra en seulement 15 minutes de détecter si une personne est infectée par le virus depuis quelques jours seulement et reste contagieuse, ou si elle l’a été, est guérie et donc immunisée », explique l’Agence de l’innovation de Défense, avant de souligner que ce prototype a été « développé en un temps record en coopération avec le CEA et l’APHP. »

Au total, l’AID a reçu 800 propositions dans le cadre de son appel à projet.

Peut-être que l’une d’entre-elles permettra de trouver des outils numériques permettant de répérer les personnes avec qui un patient a été en contact après avoir été contaminé. Le secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, coordonne les efforts dans ce domaine. L’enjeu est de développer une application respectueuse de la vie privée… Aussi, la piste la plus intéressante repose sur la technologie sans fil Bluetooth, laquelle permettrait de repérer les téléphones utilisant la même application dans un rayon de quelques mètres.

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