Dotés de fusils HK417 et CDX40 Shadow, des tireurs d’élite longue distance du 1er RI ont « fait un carton »
Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en octobre, le Délégué général pour l’armement [DGA] a indiqué que des décisions seraient prises d’ici la fin de cette année au sujet du futur Fusil de précision semi-automatique [FPSA] de l’armée de Terre. « Le dépouillement des offres est en cours, avec les essais d’expérimentation nécessaires. […] La phase d’évaluation se poursuit donc, notamment à Bourges », a-t-il dit.
Le programme FPSA fait effectivement l’objet d’un appel d’offres lancé en août 2018 par la Direction générale de l’armement [DGA]. Ce qui fit du bruit, à l’époque, étant donné que les conditions que les éventuels soumissionnaires devaient respecter avaient ému l’armurier français Verney-Carron.
Pour rappel, ce programme vise à acquérir 2.600 FPSA de calibre 7,62 mm afin de remplacer les Fusils à Répétition modèle F2 [FR-F2] actuellement en dotation au sein de l’armée de Terre. L’appel d’offres porte également sur l’acquisition de 1.800 lunettes de visée à intensification de lumière, 1.000 dispositifs d’imagerie thermique et 6,3 millions de cartouches de 7,62 x 51 mm perforantes et de précision.
Comme l’a expliqué M. Barre, les examens des offres est donc toujours en cours. Cependant, un fusil de précision, le HK417 en l’occurrence, par ailleurs déjà en dotation dans certaines unités de l’armée de Terre, semble donner satisfaction. Ainsi, le dernier numéro de la revue Fantassins, édité par l’École de l’Infanterie, évoque un challenge de tir ayant eu lieu en juin dernier au Larzac et auquel a participé une équipe de tireurs d’élite longue distance [TELD] du 1er Régiment d’Infanterie [RI] de Sarrebourg.
Or, cette dernière a été désignée par la Section technique de l’armée de Terre [STAT] pour participer à une étude sur l’évolution des matériels en dotation des équipes autonomes TELD. Cette équipe, nommée « équipe innovation » pour l’occasion, a été chargé de tester de nouveaux matériels.
Ainsi, le chef d’équipe a troqué son FRF2 avec sa lunette de visée Scrome à grossissement fixe x8 pour un fusil HK417 « en modèle évolué avec un réducteur de son [RDS] », doté d’une lunette M5Xi 5-25×56 de la marque Steiner et d’un bi-pieds Atlas.
Le spotter, dont la mission est de veiller sur la sécurité des tireurs, a utilisé un fusil d’assaut HK416 équipé d’une lunette Steiner M8Xi 1-8×24. Il a également été équipé d’un monoculaire Spot60 jumelé à un système Raptar-S pour améliorer ses observations. Enfin, le tireur d’élite a laissé son fusil Hecate II [PGM] avec sa lunette Scrome pour le fusil CDX40 Shadow muni d’un RDS, produit par le canadien Cadex. À noter que cette arme est en dotation au sein des forces spéciales.
Toutes les équipes inscrites à ce challenge de tir ont accompli des épreuves identiques, « à des distances de tir s’échelonnant de 5 mètres à 1.800 mètres, permettant ainsi de couvrir l’intégralité des distances d’engagement requises par la doctrine d’emploi des TELD, incluant les deux cibles mobiles réservées au calibre principal à des distances de 700 et 1.300 mètres », précise la revue Fantassins. Cependant, les conditions météorologiques ont rendu l’exercice plus compliqué, en raison du vent, qui soufflait de 5 à 7 m/s en rafale.
Le verdict a été sans appel étant donné que « l’emploi des matériels nouveaux » mis en oeuvre par cette « équipe innovation » du 1er RI a « conduit à une amélioration considérable de la précision du tir », avance Fantassins. Et d’ajouter : « L’équipe du 1er RI [qui était « hors compétition »] a plus que relevé le défi, obtenant des résultats très nettement au-dessus de l’équipe classée première du challenge TELD. Ses résultats remarquables s’expliquent notamment par l’accroissement considérable des coups au but d’emblée, objectif idéal recherché de longue lutte par les tireurs d’élite. »
Plusieurs raisons expliquent ces résultats. Les fusils testés étant nettement plus légers, l’équipe du 1er RI a pu se déplacer plus facilement et ainsi « préserver » son « potentiel physique ». La qualité des optiques a également joué dans la mesure où les lunettes de tir et d’observation retenues pour cette expérimentation ont permis une acquisition plus rapide des cibles ainsi qu’une correction de tir plus sûre. « La correction apportée par le spotter permet, dans 90% des cas, de neutraliser l’objectif au second tir dans le cas d’un premier tir manqué », détaille l’adjudant Yohan, chef de section TELD au 1er RI.
Enfin, la bonne association entre les fusils et les munitions utilisées [cartouches de .308 pouce de 140 grains monolithiques et de 0.408 pouce de 400 grains monolithiques, respectivement pour le HK417 et le CDX40 Shadow] a « généré une précision de trajectoire accrue et une dérive au vent plus stable. »
Le retour d’expérience [RETEX] de cette expérimentation ne s’attarde pas sur les résultats du HK417. En revanche, il évoque ceux obtenus avec le CDX40 Shadow, l’adéquation parfaite avec les munitions utilisées ayant permis d’augmenter le pourcentage de coups au but à longue distance de plus de 30% au premier tir jusqu’à 1.200 m et de plus de 50% jusqu’à 1.800 m. « De plus il permet l’engagement d’objectifs jusqu’à 2.000 m, voire au-delà, chose irréalisable à ce jour avec notre matériel », y lit-on.
Au bilan, soutient l’adjudant Yohan, cette « évaluation grandeur nature a permis de comparer réellement le matériel en dotation et celui qui est accessible en ce moment sur le marché »… et elle a « clairement mis en exergue la supériorité technique des équipements testés. » Et cela d’autant plus que les « performances de ces nouvelles armes comblent donc une faiblesse observée dans le parc des armes en dotation : la précision. »
Reste à maintenant à voir si cette expérimentation va servir ou aura une influence pour le choix du remplaçant du FR-F2. On devrait donc vite le savoir.
Photo : Archive / armée de Terre