Les exportations d’équipements militaires français ont bondi de 30% en 2018

La dernière édition du rapport sur les exportations d’armes de la France pour l’année 2018 ne mettra probablement pas un terme aux critiques relatives aux ventes d’équipements militaires à l’Arabie Saoudite et on peut même parier un billet que certains le trouveront incomplet et insuffisamment précis, même s’ils ne l’ont pas lu.

Quoi qu’il en soit, l’année 2018 aura été un très bon cru pour l’industrie française de l’armement puisque cette dernière a vu ses prises de commandes augmenter d’environ 30% par rapport à l’exercice 2017, pour un total de 9,1 milliards d’euros. Toutefois, ce montant est bien en deçà de ceux enregistrés en 2015 [16,9 milliards] et en 2016 [13,9 milliards].

Dans le détail, ces bons chiffres sont en partie dus aux contrats signés par le Qatar [un lot de 12 Rafale supplémentaires et des hélicoptères NH-90], lequels représentent près de 2,4 milliards d’euros.

S’agissant plus généralement du Proche et du Moyen-Orient, le total des prises de commande dépasse les 4 milliards. L’Arabie Saoudite a ainsi signé pour 949,3 millions d’euros de contrats [patrouilleurs], le reste se partageant entre l’Égypte [287,4 millions], le Koweït [265,4 millions] et les Émirats arabes unis [191,4 millions]. Depuis 2009, la France y a engrangé pour un peu plus de 36 milliards d’euros de commandes.

Pour le première fois, la part des prises de commande au sein de l’Union européenne a atteint les 25% [contre 10% en moyenne lors des années précédentes]. Le contrat CaMo, c’est à dire la livraison de blindés Scorpion à la Belgique, en est la principale raison.

À noter que cette commande d’une valeur de plus de 1,1 milliard d’euros, est la première à avoir été conclue dans le cadre d’un nouveau mode de contractualisation mis en place par Paris.

En effet, inspirés par les Foreign Military Sales [FMS] américaines, il s’agit de « contrats de partenariat gouvernemental » qui donne à la France un « rôle de mandataire pour la passation d’un marché public français au nom et pour le compte d’un pays tiers ». Le rapport souligne que « ce mode de contractualisation a pour vocation de s’appliquer à des prospects majeurs d’équipements proches de ceux commandés par la France pour ses besoins propres et lorsqu’il existe une dimension de partenariat allant au-delà d’une acquisition ponctuelle. »

Toujours au sein de l’UE, la commande d’hélicoptères NH-90 par l’Espagne, pour près de 600 millions d’euros, explique les bons chiffres obtenus sur le Vieux Continent. Cela étant, il apparaît que, sur le long terme, le Royaume-Uni est le principal client européen de l’industrie française de l’armement, avec plus de 1,3 milliard d’euros de commandes passés depuis 2009. L’Allemagne arrive en troisième position [derrière la Belgique mais juste devant l’Espagne], avec à peine plus d’un milliard de contrats.

En Asie, l’Inde demeure le principal client de la France dans le domaine de l’armement. Les contrats signés par New Delhi en 2018 ont dépassé les 400 millions d’euros. La Thaïlande, dont la situation politique est pour le moins tendue, a passé commande pour 321,9 millions d’équipements. Mais sur le long terme, Singapour, la Corée du Sud, la Malaisie et l’Indonésie restent les principaux clients des industriels français de l’armement.

En Amérique du Sud, l’Argentine représente presque la quasi-totalité des prises de commandes enregistrées en 2018, lesquelle sont atteint les 300 millions d’euros. L’an passé, Buenos Aires a en effet commandé des patrouilleurs hauturiers de type L’Adroit ainsi que des avions Super Étendard Modernisés d’occasion.

Après les méga-contrats conclus avec le Brésil [notamment ceux portants sur les sous-marins], les industriels français de l’armement sont désormais un peu à la peine sur le continent sud-américain, comme ils le sont en Amérique du Nord, où les prises de commande se sont élevées à 163 millions environ. S’il est toujours compliqué de vendre aux forces américaines, les États-Unis ont toutefois commandé à la France pour 2,3 milliards d’euros d’équipements entre 2009 et 2018. Soit presque deux fois plus que l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne durant cette période [1,3 milliard].

Le rapport du ministère des Armées aborde longuement le processus d’autorisation des licences d’exportation. L’an passé, 23 refus été notifiés et « environ 70 demandes de licence ou de modification de licence ont été retirées de l’instruction, à l’initiative des demandeurs. »

« Exporter des équipements, c’est dynamiser notre industrie de défense. Aujourd’hui, 13 % des emplois industriels sont dans le secteur de l’armement. Chaque jour, 200.000 personnes travaillent sans relâche à bâtir nos armées du futur en construisant des équipements plus sûrs, plus robustes, plus performants et ce, sur l’ensemble du territoire français », souligne Florence Parly, la ministre des ArméeS.

Aussi, insiste-t-elle, « notre politique d’exportation est vitale pour notre autonomie stratégique » ainsi que « pour notre diplomatie » car « si la France peut aujourd’hui porter sa voix dans le monde, c’est grâce à ses partenariats stratégiques, que ce soit en Inde, en Australie, au Moyen-Orient ou ailleurs ». En effet, explique Mme Parly, « entretenir des relations économiques avec ces pays, c’est garder une prise sur des régions clés pour nos intérêts de sécurité, pour nos approvisionnements énergétiques, c’est aussi lutter contre le terrorisme et protéger nos ressortissants sur place. »

Photos : Ministère des Armées

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