Le français Naval Group mise plus que jamais sur l’innovation pour damer le pion à ses concurrents
Après avoir réalisé un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros en 2018 et avec un carnet de commandes bien rempli, le constructeur français Naval Group se porte bien. Mais comme tout va toujours de plus en plus vite, il n’est pas question pour l’industriel de se laisser déborder par la concurrence. Qu’elle soit européenne ou d’ailleurs. Et pour cela, il faut avoir un temps d’avance.
D’où, par exemple, l’accord que Naval Group a signé avec l’ONERA pour renforcer leur coopération dans le domaine du développement de l’autonomie décisionnelle contrôlée des drones navals.
Ainsi, Naval Group a indiqué que le « développement des drones navals de surface et des drones sous-marins et leur intégration à des systèmes navals constituent une nouvelle étape » à « franchir pour apporter à ses clients des capacités opérationnelles étendues ». D’où ce partenariat avec l’ONERA, lequel « constitue une véritable opportunité pour disposer très rapidement de premières briques technologiques intégrables sur les drones et moyens d’essais de Naval Group. »
« La recherche sur les drones à l’ONERA vise en effet à apporter des solutions techniques pour lever les verrous technologiques existants et l’autonomie décisionnelle répartie entre opérateurs, logiciels des centres opérateurs et logiciels des drones est un des axes porteurs des études en cours sur les drones. Les travaux en cours visent donc à établir une feuille de route technologique pour le développement d’une architecture d’autonomie décisionnelle contrôlée pour les drones navals de surface et sous-marin tout en regardant la déclinaison possible sur des drones aériens », explique Naval Group.
Lors des journées de l’innovation qu’il a organisées, la semaine passée, à Lorient, Naval Group a d’ailleurs effectué une démonstration de fonctionnement autonome du drone de surface Remorina, développé par sa filiale SIRHENA. Mais pas seulement puisque, à cette occasion, il a aussi présenté ses solutions censées répondre aux besoins opérationnels de demain, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle [pour la reconnaissance acoustique des sous-marins], la réalité augmentée, les batteries Lithium ION, les systèmes coordonnés multi-drones, les nouvelles technologies d’interaction hommes-machines [IHM] ou encore l’impression 3D.
« Il faut qu’on coure plus vite » que nos concurrents, a ainsi souligné Hervé Guillou, le Pdg de Naval Group, lors d’un entretien accordé à l’AFP. « Pour nous, c’est la vitesse d’exécution qui va compter, l’ouverture au monde, la capture d’innovation et notre capacité à intégrer ces innovations le plus rapidement possible dans nos offres », a-t-il ajouté.
Actuellement, Naval Group investit annuellement environ 100 millions d’euros en recheche et développement. Et cela est nécessaire pour au moins deux raisons.
« C’est important, pour garantir la souveraineté de la France, garder un tour d’avance par rapport à la concurrence internationale qui devient considérable », a ainsi expliqué M. Guillou. En outre, il s’agit aussi « de continuer à garantir à la Marine nationale et à la France la supériorité technologique au combat. »
Seulement, le marché national étant trop restreint, Naval Group a besoin d’exporter et de développer de nouveaux produits pour faire tourner ses bureaux d’études et son outil industriel. « C’est grâce à ça que la France livre à la Marine des frégates pour près de 750 millions d’euros, quand les Allemands livrent des frégates moins armées à 975 millions et les Anglais en sont déjà, avant même d’avoir livré, à 1,2 milliard de livres », a souligné M. Guillou.
« Mettre le paquet » sur l’innovation est d’autant plus nécessaire que « les cycles technologiques évoluent beaucoup, beaucoup plus vite qu’avant », a relevé le Pdg de Naval Group. Ainsi, les futures Frégates de défense et d’intervention [FDI, ex-frégates de taille intermédiaire] auront « 5-6, peut-être 7 générations » de système de combat, a-t-il ajouté.
Aussi, il faut « être capables d’innover sur la façon de concevoir les navires, les architectures, la dimension numérique du navire, sur la digitalisation du processus. Nous devons anticiper et investir dans nos processus, nos méthodes », a insisté M. Guillou.