Naval Group – Le premier sous-marin Scorpène destiné à la marine brésilienne a été mis à flot

Dans le cadre d’un accord de coopération stratégique signé en décembre 2008 par le Brésil et la France, le gouvernement brésilien a attribué au constructeur français Naval Group [ex-DCNS] un contrat visant à livrer à la Marinha do Brasil cinq sous-marins  [dont un à propulsion nucléaire], avec, à la clé, des transferts de technologie. Le tout pour 6,7 milliards d’euros.

Ensuite, Naval Group a conclu une alliance avec le groupe de BTP brésilien Odebrecht, via la création d’une co-entreprise baptisée Itaguai Construções Navais [ICN]. Et pendant que les ingénieurs et les techniciens brésiliens recevaient une formation spécifique pour ce programme, appelé « Prosub », la construction d’un chantier naval et d’une base sous-marine pour assembler, puis accueillir les futurs sous-marin, a été lancée à Itaguai.

Le programme Prosub a connu quelques aléas qui l’ont retardé. Outre la contrainte budgétaire, les affaires de corruption ayant concerné la classe politique brésilienne au cours de ces dernières années ont aussi inquiété le groupe Odebrecht, qui a vu plusieurs de ses cadres condamnés à des peines de prison, dont son Pdg, Marcelo Odebrecht.

Quoi qu’il en soit, et neuf mois après le début de la « phase finale » de sa construction, le premier sous-marin Scorpène destiné à la marine brésilienne, le Riachuelo [*] a été mis à flot, ce 14 décembre, lors d’une cérémonie organisée à Itaguai, en présence du président sortant, Michel Temer et du président élu, Jair Bolsonaro.

« Ce sous-marin est d’une importance fondamentale, parce qu’il permet au Brésil de franchir une nouvelle frontière technologique » et ses « caractéristiques uniques, donneront à la marine brésilienne un pouvoir de dissuasion dans l’Atlantique sud », notamment grâce à sa grande autonomie, a commenté Nelson Düring, directeur du site spécialisé dans les affaires de défense Defesanet, auprès de l’AFP.

Par rapport aux autres sous-marins Scorpène livrés au Chili, à l’Inde et à la Malaisie, le Riachuelo est plus imposant, avec un déplacement de 1.870 tonnes [contre 1.700 tonnes pour ceux de cette gamme] et un longueur de 71,6 mètres. Cela lui permettra d’emporter plus de vivres et de combustibles et donc de gagner en autonomie [plus de 45 jours, ndlr]. Armé par un équipage de 35 à 45 sous-mariniers, il dispose de 6 tubes de 533 mm pouvant lancer des torpilles lourdes F21 de conception française. Il sera aussi doté de missiles antinavire Exocet SM39.

Le Riachuelo doit commencer ses essais en mer en 2019, pour une livraison prévue en 2020. Les trois sous-marins suivants de la série suivront « à raison d’une unité tous les 12 à 18 mois. »

« Depuis 2012, Naval Group a réalisé un travail considérable pour identifier et qualifier les fournisseurs de services brésiliens afin d’alimenter la base de données ‘fournisseurs’ des équipements ou produits fournis par Naval Group à la marine brésilienne », fait valoir le constructeur français, via un communiqué.

« Ce travail permet à la marine brésilienne de s’appuyer de plus en plus sur une base industrielle nationale souveraine pour ses besoins futurs » et il « permet également à l’écosystème industriel brésilien d’accéder à de nouveaux marchés en mettant en valeur ses accréditations ‘Naval Group’ et ‘marine brésilienne’ (dont l’image d’excellence et de sérieux est hautement reconnue au Brésil) et en mettant à profit le savoir-faire et l’expérience du groupe français en gestion de projet », poursuit-il.

Quant au sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] – le « Alvaro Alberto » – inscrit dans le programme ProSub, la Marinha do Brasil devra encore patienter. Déjà en retard de 6 ans, à cause des problèmes budgétaires et des soupçons de malversations affectant les partenaires de Naval Group, sa mise à l’eau est attendue pour 2029. Ce projet ne prévoit pas de transfert de technologies pour ce qui concerne les chaufferies nucléaires, le rôle du constructeur naval français se limitant à fournir une assistance pour la conception et la réalisation de ce submersible.

[*] Nom d’une bataille navale remportée par la marine brésilienne face à son homologue paraguayenne, sur le fleuve Paraña, durant la guerre de la Triple-Alliance [1865-1870].

Photo : NAVAL GROUP

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]