Le président Trump suggère que le budget du Pentagone est trop élevé

En août dernier, le président Trump a promulgué le National Defense Authorization Act [NDAA], qui a fixé le montant du budget alloué au Pentagone à 716 milliards de dollars. Une nécessité, pour le Congrès, afin de « reconstruire » les capacités militaires américaines face à la menace de « puissances révisionnistes », comme la Chine et la Russie. Et cela était conforme à la nouvelle stratégie de défense et de sécurité des États-Unis, publiée au début de cette année.

Un récent rapport commandé par le Congrès à une commission bipartisane est arrivé à la conclusion que la « supériorité militaire des États-Unis – colonne vertébrale de son influence mondiale et de sa sécurité nationale – s’est érodée à un niveau dangereux ».

Les coupes budgétaires liées à la mise sous séquestre des dépenses fédérales américaines, les années d’engagement basé sur la contre-insurrection qui ont fait perdre des savoir-faire propres à la guerre de haute-intensité, les coûts élevés d’aquisition de nouveaux équipements qui ont obligé à revoir les priorités et une bureaucratie envahissante expliquent en partie cette situation. Et à cela vient s’ajouter l’audit en cours du Pentagone, lequel a découvert des problèmes sérieux de gestion, comme par exemple le cas de ces 39 hélicoptères UH-60 Black Hawk, d’une valeur de 830 millions de dollars, qui ont bien été livrés mais dont personne ne sait où ils sont car « ils n’ont pas été déclarés dans le système approprié. »

Quand il a été élu à la Maison Blanche, en 2016, Donald Trump, avait assuré qu’il s’attacherait à « reconstruire » les forces armées américaines et que, en conséquence, il ferait en sorte d’augmenter massivement le budget du Pentagone. Et le NDAA qu’il a signé cet été en est l’illustration.

Comme le dit l’adage boursier, les « arbres ne montent jamais jusqu’au ciel ». Et-ce sous cet angle qu’il faut comprendre l’un des derniers « tweets » du président Trump, alors que le déficit budgétaire américain a atteint les 779 milliards de dollars sur l’année fiscale 2018?

« Je suis certain qu’à un moment donné dans le futur, le président Xi et moi, avec le président Poutine de Russie, déciderons ensemble d’ouvrir une discussion pour mettre un terme à ce qui est devenu une course aux armements majeure et incontrôlable », a écrit le chef de la Maison Blanche. « Les États-Unis ont dépensé 716 milliards de dollars cette année. Fou! », a-t-il ajouté.

Comme souvent, les propos que M. Trump tient sur Twitter plongent les analystes et les observateurs dans l’expectative. Pour Todd Harrison, expert des dépenses militaires au Center for Strategic and International Studies, le président américain « semble suggérer que le niveau actuel des dépenses en matière de défense est fou » et que, par conséquent, « il veut le réduire en négociant avec la Russie et la Chine. » Et d’ajouter, dans les colonnes de Defense News : « C’est énorme. C’est nouveau. »

Une autre interprétation lie cette « sortie » du président Trump au traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI ou INF], dont il a annoncé la sortie des États-Unis après avoir accusé la Russie de l’avoir enfreint en développant et déployant le missile 9M729 « Novateur », dont la portée dépasse celle autorisée par ce texte.

Aussi, pour James Jay Carafano, de l’Heritage Foundation, l’administration Trump « préférerait que la Russie se conforme au traité FNI » et que la Chine y adhère car si les États-Unis devaient développer un nouveau missile, alors cela « imposerait une charge supplémentaire pour le budget. » Pas question, donc, de se lancer dans une nouvelle course aux armements. Aussi, estime-t-il, le chef de la Maison Blanche « avertit » MM. Poutine et Xi que « s’ils ne se présentent pas à la table des négociations, ils devront faire face à une accumulation d’armes américaine qui les obligera à discuter. »

Quoi qu’il en soit, M. Trump a déjà prévenu le Pentagone qu’il entend ramener le niveau de son budget à 16 milliards en 2020, alors que les forces américaines misent sur une nouvelle hausse pour le porter à 733 milliards de dollars. De quoi donner à lieu à une autre pomme de discorde avec James Mattis, son secrétaire à la Défense.

« Réduire le budget de la Défense ne réduira pas le déficit, et je pense que le faire ne rendrait pas service aux troupes et aux Américains qu’elles protègent, car nous savons tous que l’Amérique peut s’offrir le luxe de la survie », avait prévenu M. Mattis lors du Reagan National Defense Forum, le 2 décembre.

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