Barkhane/Mali : Le ministère des Armées confirme la mort du chef jihadiste Amadoun Kouffa
Dans la nuit du 22 au 23 novembre, la force française Barkhane a lancé un audacieux raid contre le Front de libération du Macina [ou Katiba Macina], à l’origine de plusieurs attaques dans la région de Mopti depuis son apparition dans la mouvance jihadiste malienne en 2015. Dans un communiqué publié à l’issue, l’État-major des armées a ensuite indiqué que cette opération avait permis de mettre hors de combat une « trentaine » de jihadistes, dont « probablement » leur chef, Hamadoun Kouffa.
Prédicateur ayant un certain charisme, ce dernier cherchait à rallier les Peuls à la cause jihadiste. A priori très prudent dans ses déplacements et apparitions (l’hebdomadaire Jeune Afrique l’avait qualifié « d’insaisissable« ), Hamadoun Kouffa avait encore récemment appelé au jihad dans une vidéo dans laquelle il était apparu aux côtés des principaux chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM pour Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, affilié à al-Qaïda], dont Iyad ag Ghali et de l’Algérien Jamel Okacha [alias Yahia Aboul Hammam], « l’émir » d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] au Sahara.
Après le raid de Barkhane, le GSIM a démenti la mort de Kouffa. Et la rumeur dit qu’il n’aurait pas été présent lors du raid français. Quand à l’état-major malien, il a indiqué que le chef jihadiste avait réussi à s’enfuir mais qu’il était ensuite décédé des suites de ses blessures.
Dans son dernier compte-rendu des opérations, l’EMA en a dit davantage. D’abord, ce raid est « un succès conjoint » car il est « le fruit coopération permanente » avec les Forces armées maliennes [FAMa], notamment dans le « domaine du renseignement. »
Ensuite, poursuit l’EMA, une « opération comme celle-ci est le point culminant de plusieurs mois de travail et notamment d’échanges avec les partenaires maliens ». Pour rappel, ce raid, qui a mobilisé de nombreux moyens, a commencé par des frappes aériennes de « sidération », suivies par des « assauts héliportés et par l’engagement au sol des militaires français ».
L’erreur de Kouffa, qui a été exploitée par la force Barkhane, aura été d’avoir voulu profiter de la fête musulmane relative à la naissance de Mahomet [la « Mawlid » pu » Maouloud », ndlr] pour réunir ses cadres et planifier les prochaines opérations de son groupe.
« Il y a eu pas mal de mouvements dans la journée du 23 novembre, certainement pour des préparatifs, du repérage et de la sécurisation. Ce genre de réunion a généralement lieu la nuit tard, dans des endroits stratégiques où ils sont sûrs de pouvoir se réunir dans une totale discrétion, quand tout est calme, pour avoir la capacité d’entendre tous les bruits », a expliqué un officier malien à l’hebdomadaire Le Point.
Quoi qu’il en soit, l’État-major des armées n’utilise plus le conditionnel pour évoquer la mort d’Hamadoun Kouffa. Le raid du 23 novembre « a permis de mettre hors de combat plus d’une trentaine de terroristes, parmi lesquels figurent le chef de la katiba Massina, Hamadoun Kouffa, et ses principaux cadres », écrit-il en effet. Sans doute que les tests ADN ont parlé…
Cela étant, la ministre des Armées, Florence Parly, avait été aussi affirmative lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 28 novembre. Toutefois, elle s’était gardée de prononcer le nom du chef de la katiba Macina.
« Les forces Barkhane engagées au Sahel ont remporté un succès majeur contre un groupe terroriste dangereux, la katiba Macina. Le bilan est de 35 terroristes neutralisés – et, parmi eux, leur chef », avait en effet déclaré Mme Parly. Et d’ajouter : « Ce succès intervient après deux autres opérations qui l’avaient précédé, quelques jours auparavant. Grâce à lui, nous désorganisons les réseaux terroristes, en nous attaquant au sommet de la pyramide, ce qui est la meilleure façon d’affaiblir les bases du terrorisme, et nous marquons des points. »