L’Italie va baisser ses dépenses militaires en 2019

Lors du dernier sommet de l’Otan, les 11 et 12 juillet derniers, les 29 pays membres s’étaient mis d’accord pour réaffirmer « l’importance d’un partage plus équitable des charges au sein de l’Alliance » et avaient par conséquent « confirmé que les Alliés » augmenteraient leurs « dépenses de défense » afin de les porter à 2% de leur PIB d’ici 2024, conformément à un engagement pris il y a déjà quatre ans.

En outre, le président américain, Donald Trump, s’était montré intraitable sur la question des dépenses militaires, au point de provoquer une « réunion d’urgence » à l’issue de laquelle il obtint gain de cause. « Hier, je leur ai fait savoir que j’étais extrêmement insatisfait de ce qui se passait et ils ont considérablement renforcé leurs engagements. […] Maintenant, nous sommes très heureux d’avoir une Otan très puissante, très forte, beaucoup plus forte qu’il y a deux jours », s’était-il ensuite félicité.

« Ainsi, nous avons inversé la tendance, mais il faut faire davantage. C’est une question d’équité, il y va de notre crédibilité et, surtout, il s’agit de notre sécurité dans un monde plus imprévisible », avait commenté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

Mais le chef de la Maison Blanche avait été encore plus loin en suggérant aux Alliés de porter leurs budgets militaires non pas à 2% mais à 4% de leur PIB. « Nous nous sommes regardés et nous avons souri : nous pensions que les 2% étaient déjà hors de portée », a raconté Elisabetta Trenta, la ministre italienne de la Défense, lors d’une audition parlementaire organisée  le 26 juillet.

Ce n’est pas tant le fait que certains représentants des Alliés aient souri devant la proposition de M. Trump qui est à souligner… Mais plutôt le propos de Mme Trenta, qui estime donc que les 2% du PIB sont « hors de portée ». Dans ces conditions, pour avoir confirmé l’engagement d’atteindre cet objectif?

Et ce dernier sera d’autant plus « hors de portée » que la coalition gouvernementale « anti-système » en place à Rome a l’intention de baisser les dépenses militaires italiennes l’an prochain.

« Les dépenses de défense de l’Italie représenteront 1,15% du produit intérieur brut cette année et baisseront encore l’année prochaine », a annoncé Enzo Moavero Milanese, le chef de la diplomatie italienne, lors d’une audition au Sénat, organisé le même jour. Toutefois, l’ampleur de cette baisse annoncée n’a pas été précisée.

« Nous devons considérer non seulement la quantité mais aussi la qualité de la contribution à l’Alliance. Et l’Italie est en première ligne en qui concerne la participation aux missions internationales », a fait valoir, de son côté, Mme Trenta, qui a aussi dit souhaiter que les investissements dans le domaine de la cybersécurité soient pris en compte dans le calcul des 2%.

Reste que pour Mme Trenta, issue des rangs du Mouvement Cinq Étoiles, l’Otan est « l’organisation de référence pour la zone euro-atlantique » car elle offre une « dissuasion fondamentale et donc d’une garantie de sécurité. » Quant aux « missions internationales », et conformément aux promesses faites lors de la campagne électorale, elles seront « réévaluées », à commencer par celle menée en Afghanistan. « Nous de parlons pas de retrait mais de ‘remodelage' », a-t-elle assuré.

Cela étant, la situation budgétaire des forces italiennes est compliquée, d’autant plus que ces dernières ont connu une baisse drastique de leurs ressources au cours de ces dernières années, avant de connaître récemment une hausse assez significative.

La commande de 90 avions F-35 (en version A et B) devra ainsi être réévaluée alors que l’industrie aéronautique italienne est fortement impliquée dans ce programme d’avion de combat d’origine américaine. Mais, assuré Mme Trenta, « toute évaluation politique prématurée, malgré nos perplexités persistantes, risquerait de paraître superficielle, approximative et imprudente. »

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