Les pays d’Europe de l’Est demandent à l’Otan de déployer plus de moyens navals et aériens sur son flanc oriental

Dans un contexte marqué par la décision des États-Unis de surtaxer leurs importations d’acier et d’aluminim, au risque de déclencher une « guerre » commerciale entre Alliés, la réunion, à Bruxelles, des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan s’est déroulé dans un climat plus apaisé que celui du sommet du G7, qui se tient actuellement à Québec.

Pourtant, le chef du Pentagone, James Mattis, était attendu de pied ferme par certains de ses homologues, à commencer par le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, dont le pays est sans doute le plus durement touché par la mesure prise par Washington. Finalement, ce dernier est « resté très poli », a confié l’un des participants à cette réunion, selon l’AFP. « Jim Mattis est très apprécié par les Alliés », a-t-on indiqué de même source.

« Le climat a été au travail et à la concentration sur les sujets qui sont les nôtres », a d’ailleurs confirmé Florence Parly, la ministre française des Armées. Et plusieurs dossiers ont connu quelques avancées, avant le prochain sommet de l’Otan, qui se tiendra à Bruxelles, en juillet.

Ainsi, les Alliés ont adopté l’intiative américain « 4×30 », qui, afin de faire face à une éventuelle agression russe, vise à déployer en Europe, dans un délais de 30 jours, 30 bataillons mécanisés, 30 escadrons de chasse et 30 navires de combat.

Le sujet de la mobilité sur le Vieux Continent a également été abordé. « Il est essentiel de pouvoir déplacer sans retards des troupes à travers l’Atlantique et au sein de l’Europe, afin de pouvoir avoir les forces appropriées au bon endroit au bon moment », a souligné Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. Ce dossier fait par ailleurs l’objet d’une coopération étroite avec l’Union européenne [UE], qui a prévu d’allouer 6,5 milliards d’euros dans son projet de budget 2020-27 pour financer son plan d’action visant à améliorer la mobilité militaire au sein de ses frontières.

Ces mesures viendront d’ajouter à celles décidées lors du sommet de l’Otan organisé à Varsovie, en juillet 2016. À l’époque, il fut décidé de renforcer le flanc oriental de l’Alliance avec la mise en place d’une « présence avancée » dans les pays baltes et la Pologne, avec le déploiement de quatre bataillons multinationaux ainsi que d’une « présence avancée adaptée » dans la région de la mer Noire, avec une brigade multinationale.

Pour autant, pour les pays du flanc oriental de l’Otan, qui font partie du « B9 » [c’est à dire les « 9 de Bucarest », dont la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la République Tchèque], il faudrait aller encore plus loin. Réunis à Varsovie, le 8 juin, ils ont en effet dit souhaiter que la « présence renforcée » de l’Alliance, essentiellement terrestre, soit élargie aux composantes navales et aériennes.

Les pays du B9 sont « d’accord qu’il serait nécessaire » de renforcer la présence de l’Otan « par une composante navale et une composante aérienne », pour « parvenir à un spectre complet », a ainsi affirmé Andrzej Duda, le président polonais.

Insistant sur l’importance de la mer Noire (« parce que c’est là que nous vivons », a-t-il dit), le président roumain, Klaus Iohannis, est allé dans le sens de son homologue polonais en plaidant pour une « approche intégrale du flanc orientale » de l’Otan.

« Tant que nous sommes unis, nous sommes forts. Si nous découpons le flanc oriental en morceaux séparés, ce sera plus difficile », a fait valoir M. Iohannis.

Par ailleurs, les dirigeants du B9 ont, dans une déclaration commune, appelé à l’Alliance à préparer une réponse à la menace dite « hybride », dont l’Ukraine a fait les frais au moment de l’annexion de la Crimée par la Russie. Un récent rapport de l’Assemblée parlementaire de l’Otan avait plaidé pour que cette menace fasse l’objet d’un « article 5 bis » afin de baisser le seuil qui déclencherait l’activation de la clause de défense collective entre les Alliés.

« Le sommet de l’Otan en 2018 doit encore renforcer l’unité de l’Alliance et – dans l’esprit du principe des 360 degrés – donner une réponse intégrale aux menaces actuelles, dont la menace hybride, auxquelles sont confrontés les Alliés », est-il affirmé dans cette déclaration finale, qui défend également une approche alliant dissuasion et dialogue à l’égard de la Russie.

Photo : armée de l’Air

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