Les unités de l’armée de Terre doivent « développer la capacité à s’orienter » sans système GPS
Une récente lettre du RETEX (Retour d’expérience) publiée par le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC) de l’armée de Terre a abordé le récent déploiement du sous-groupement tactique interarmes (S/GTIA) Lynx à Tapa [Estonie], au sein d’un bataillon multinational de l’Otan, dont l’ossature était fournie par la British Army.
Dans les grandes lignes, ce S/GTIA Lynx, à dominante infanterie, était composé de trois sections VBCI [Véhicule blindé de combat d’infanterie], d’un peloton de chars Leclerc, d’une section du génie et cellules de l’échelon national de soutien.
La présence française au sein de bataillon multinational de l’Otan s’est traduite par deux mandats de 4 mois chacun, le dernier s’étant terminé en décembre 2017. Désormais, le S/GTIA a quitté l’Estonie pour la Lituanie où il a été intégré à une unité sous commandement allemand.
Au cours de la mission en Estonie, le S/GTIA Lynx a pris part à trois exercices majeurs (Tornado, Spring Storm et Saber Strike) qui auront été autant d’occasions d’évaluer ses capacités. D’où cette lettre du RETEX.
Cette dernière a accordé plusieurs bons points. L’efficacité de la logistique a ainsi été soulignée. « Nos capacités d’autonomie et de combat au plus près des lignes ont été remarquée par nos partenaires britanniques. […] Aucune rupture logistique n’a été constatée », le SGIA ayant pu « jouer le recomplément quotidien auprès des sections sans interruption d’exercice », lit-on. Cela vaut aussi pour la manoeuvre logistique de projection, qui « a confirmé la pertinence de l’utilisation du rail pour les acheminements stratégiques. »
Cette Lettre du Retex souligne également la bonne interopérabilité, notamment avec les Britanniques, sur la plan opérationnel, cette dernière s’étant « avérée particulièrement satisfaisante dans le cadre des appuis et des soutiens croisés. Cependant, elle estime que « la poursuite de l’effort à conduire sur l’apprentissage de la langue anglaise, dont le niveau apparaît encore insuffisant, doit être considéré comme prioritaire. »
Ce déploiement en Estonie était une première dans l’histoire récente de l’armée de Terre [Tapa n’a pas dû voir un soldat français depuis les campagnes napoléoniennes, ndlr]. Mais cela n’a, a priori pas posé de problème particulier.
Le cadre de la mission du S/GTIA Lynx « rappelle également que l’armée de Terre doit préserver ce qui a longtemps fait sa spécificité : sa capacité à comprendre l’environnement humain, la langue et la culture dans le pays où elle intervient », avance le document.
Quant aux équipements, le VBCI a été « particulièrement sollicité et apprécié », avance le document. « Engin moderne, il a donné toute satisfaction en termes de mobilité, tout en offrant de bonnes capacités de résistance à la chaleur et au froid et à régénération du combattant. » En revanche, le bilan est sans doute plus contrasté pour les Leclerc, la nature du terrain d’entraînement ayant fait qu’ils « n’ont pas eu l’espace suffisant pour manoeuvrer. » Cependant, « techniquement, le peloton a été instruit sur l’ensemble des modes de fonctionnement dégradés du Leclerc. »
Enfin, cette Lettre du Retex a retenu quelques points d’attention. « L’entraînement au camouflage, la discrétion des déplacement, la discipline du bruit au combat, savoir-faire oubliés depuis la fin de la Guerre Froide, doivent être travaillés », prévient-elle.
Mais pas seulement. Évoquant la menace « cyber » qui, « surestimée ou pas », est considérée comme « permanente », la Lettre du Retex insiste sur le fait que la « vigilance doit être maintenue. » Et d’ajouter : « Nos unités doivent être formées, ne pas relâcher les efforts dans le domaine de l’hygiène informatique comme les bonnes pratiques sur les réseaux et développer la capacité de travailler en mode dégradé, comme s’orienter avec une carte et non un GPS! » [on notera le point d’exclamation…]