Taïwan dénonce l’incursion d’un avion militaire chinois dans sa zone de défense aérienne
Depuis plusieurs jours, les forces taïwanaises sont en alerte à cause de manoeuvres militaires chinoises à proximité du territoire dont elles sont chargées d’assurer la défense. Ainsi, des avions chinois ont été repérés à plusieurs reprises dans le canal de Bashi, entre Taïwan et les Philippines ainsi que dans le détroit de Miyako, près du Japon.
Comme cela a déjà été le cas par le passé, notamment lors de deux passages, au large de Taïwan, du groupe aéronaval chinois constitué autour du porte-avions Liaoning, les avions de l’armée populaire de libération (APL) évoluent à la limite de la zone de défense et d’identification aérienne taïwanaise. Et, apparemment, l’un d’eux y a même pénétré le 13 août. D’où les protestations de Taipeh.
« Nous exhortons à la retenue pour maintenir la paix dans le détroit de Taïwan », a déclaré Chen Chung-chi, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense. « Nous restons à un niveau d’alerte élevé pour empêcher des avions ou navires chinois non identifiés d’entrer dans notre espace aérien et maritime », a-t-il ajouté.
Depuis quelques mois, la Chine cherche à accroître sa pression sur Taïwan, qu’elle considère comme une province rebelle et dont elle n’a pas écarté l’idée de la faire revenir dans son giron par la force si nécessaire. Les tensions se sont intensifiées depuis l’élection de Tsai Ing-wen, la président taïwanaise hostile à tout rapprochement avec Pékin. En outre, le sentiment que l’administration Trump était susceptible de revoir le principe de « Chine unique » n’a pas arrangé les choses. Tout comme, d’ailleurs, l’intention de Washington de vendre pour plus de 1,3 milliards de dollars d’équipements militaires à l’ancienne Formose.
« Nous n’autoriserons jamais aucune personne, organisation ou parti politique à scinder toute partie du territoire chinois du pays à quelque moment que ce soit, et en quelque forme », a ainsi déclaré Xi Jinping, le président chinois, à l’occasion du 90e anniversaire de l’APL. « Personne ne doit s’attendre à nous voir avaler des fruits amers nuisibles à notre souveraineté, notre sécurité et nos intérêts de développement », a-t-il continué.
Quoi qu’il en soit, Taipeh se prépare à un coup de force de Pékin, sans se faire d’illusions sur son issue. Cela pourrait prendre la forme d’une opération amphibie (qui a été le thème des 33e manœuvres militaires annuelles « Han Kuang » conduites en mai par les forces taïwanaises), de tirs de missiles ou d’un. Aussi, l’état-major taïwanais a élaboré une nouvelle doctrine militaire mettant l’accent sur la guerre asymétrique.