Le Conseil de sécurité durcit (encore) les sanctions imposées à la Corée du Nord

En mars 2016, après le lancement d’une fusée et un quatrième essai nucléaire, la Corée du Nord fut l’objet de nouvelles sanctions votées à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, après de longues discussions avec la Chine et la Russie.

Ces sanctions, qui promettaient de toucher sévèrement le régime nord-coréen, imposaient un embargo total sur les armes conventionnelles, un renforcement des mesures financières, des restrictions en matière d’approvisionnement de certains minerais, l’interdiction d’importer du carbuant pour avions et fusées et le contrôle systématique du trafic commercial de la Corée du Nord.

Pour autant, cette résolution du Conseil de sécurité n’impressionna nullement Pyongyang, qui multiplia les tirs de missiles balistiques (au point de motiver le déploiement du système américain de défense aérienne THAAD en Corée du Sud) et réalisa son cinquième essai nucléaire.

Aussi, en novembre de la même année, le Conseil de sécurité décida, encore une fois à l’unanimité, d’aggraver « fortement » les sanctions votées 8 mois plus tôt, afin de priver la Corée du Nord « de 800 millions de dollars de recettes annuelles. » Les nouvelles restrictions visaient notamment l’exportation de charbon, qui « permettaient jusqu’à présent à Pyongyang de financer une grande partie de son programme nucléaire, au lieu d’aider sa population » ainsi celles de cuivre, de nickel, d’argent et de zinc. »

Et le secrétaire général des Nations unies, qui était alors Ban Ki-moon, de souligner que le régime de sanctions ainsi établi était « le plus dur et le plus complet » à l’égard de la Corée du Nord et qu’il visait « à envoyer un message clair » appelant Pyongyang à « cesser ses mesures provocatrices et respecter pleinement ses obligations internationales. »

Bien que soutenant ces sanctions, la Russie et la Chine dénoncèrent « la militarisation de la sous-région » [de la péninsule coréenne, ndlr] en évoquant le déploiement du système américain THAAD en Corée du Sud. Et Pékin, qui avait collaboré avec Washington pour la rédaction de la résolution, assura de son intention de « jouer un rôle positif et constructif pour assurer la stabilité et la paix dans la région. »

Seulement, pour être efficaces, ces sanctions devaient être appliquées par tout le monde. Ce que ne manquèrent pas de rappeler plusieurs membres du Conseil de sécurité. Le furent-elles? Probablement pas… Car elles n’ont en rien dissuadé Pyongyang à continuer ses activités.

En effet, si elle n’a pas procédé à un nouvel essai nucléaire (même si elle a donné le sentiment qu’un test était imminent, en avril dernier), la Corée du Nord a réalisé des progrès notables en lançant deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), les 4 et 28 juillet.

D’où l’adoption, le 5 août, et encore une fois à l’unanimité, d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité afin de renforcer « sensiblement » les sanctions appliquées à la Corée du Nord. Le vote de ce texte n’était pourtant pas gagné d’avance, la Russie ayant bloqué, le 7 juillet, un projet de déclaration appelant à prendre des « mesures significatives » contre Pyongyang après le premier tir de son ICBM (le Hwasong-14).

Concrètement, la résolution 2371 vise à priver la Corée du Nord d’un milliard de dollars de recettes annuelles (sur 3 milliards), en lui interdisant notamment d’exporter du charbon, du fer, du plomb et des produits de la mer (poissons et crustacés).

Au niveau financier, le texte interdit la création de toutes nouvelles sociétés communes entre des entreprises étrangères et nord-coréennes ainsi que tout investissement supplémentaire dans les structures déjà créées. Interdiction est aussi faite à Pyongyang d’augmenter ses quotas de travailleurs à l’étranger. Enfin, la Banque du Commerce extérieur de la Corée du Nord a été placé sur la liste des entités dont les avoirs ont été gelés depuis les précédentes sanctions et les navires nord-coréens qui violeront les résolutions des Nations unies pourront être bannis des ports des pays membres (il leur suffira de changer de pavillon pour contourner cette mesure…).

Très actif sur le dossier nord-coréen, le président américain, Donald Trump, a salué le vote du Conseil de sécurité et dit « apprécier la la coopération de la Chine et de la Russie pour assurer l’adoption de cette résolution ».

Le président Trump « continuera à travailler avec nos alliés et partenaires pour renforcer la pression diplomatique et économique sur la Corée du Nord afin de mettre un terme à son comportement menaçant et déstabilisateur », a indiqué un communiqué de la Maison Blanche.

S’agissant de la Russie, son ambassadeur auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a réclamé une « approche globale » et une « stratégie politique » pour régler le cas nord-coréen. Selon lui, les sanctions « ne peuvent être une fin en soi » mais plutôt « un outil pour pousser ce pays à des discussions constructives. »

« Il serait bénéfique pour la Corée du Nord de prendre une décision bonne et intelligente », a commenté Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, alors qu’il venait d’avoir un entretien avec son homologue nord-coréen, Ri Hong-Yo, au sujet de ces sanctions.

Quant à la France, son représentant auprès des l’ONU, François Delatte, a estimé que ces nouvelles sanctions sont susceptibles de « changer la donne » car « elles montrent l’unité et la détermination du Conseil de sécurité. » Seulement, encore faut-il qu’elles soient appliquées. Et au regard des événements passés, il est permis d’en douter.

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