La CIA a mis un terme à son soutien aux rebelles syriens

Le chef des forces spéciales américaines, le général Tony Thomas, a confirmé les informations du Washington Post selon lesquelles la CIA a mis un terme à son programme de soutien aux rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), autorisé en 2013 par le président Obama, parallèlement à celui conduit par le Pentagone, avec des résultats peu probants.

La décision d’arrêter ce programme de la CIA, qui consistait à former et à équiper des groupes hostiles à Bachar el-Assad, le président syrien, a été prise il y a environ un mois, lors d’une réunion du président Trump avec son conseiller à la sécurité nationale, le général HR McMaster, et le directeur de la centrale de Langley, Mike Pompeo.

D’après des responsables américains cités par le Washington Post, cette mesure « reflète l’intérêt de M. Trump à trouver des moyens de travailler avec la Russie, qui considérait ce programme anti-Assad comme une agression contre ses intérêts ». Et aussi, sans doute, un fléchissement de la position américaine, qui ne fait plus une priorité du départ de Bachar el-Assad du pouvoir, même si il y a à peine trois mois, Nikki Halley, la réprésentante des États-Unis auprès des Nations unies, a affirmé qu' »en aucun cas, on ne voit la paix dans cette région » avec ce dernier « à la tête du gouvernement syrien. »

Certains responsables impliqués dans ce programme de la CIA voient dans cette décision une « concession majeure » à la Russie. « Poutine a gagné en Syrie », a dit l’un d’eux au Washington Post. En tout cas, cette mesure a été prise quelques jours avant la rencontre de M. Trump avec son homologue russe, lors du sommet du G-20, à Hambourg. À cette occasion, les deux hommes ont convenu d’un cessez-le-feu dans le sud-ouest de la Syrie, soit dans une zone où opèrent les rebelles.

Bien qu’affecté par une maladie grave, l’influent sénateur républicain John McCain, qui préside le comité des Forces armées, a vigoureusement réagi en dénonçant une « concession à la Russie en l’absence d’une stratégie plus large pour la Syrie » et une décision « irresponsable et à courte vue. »

Pour autant, le général Thomas a dit que cette « décision vraiment difficile » de cesser d’aider les rebelles syriens n’a pas été prise « pour donner un os à ronger aux Russes. » Elle l’a été « en se fondant sur une évaluation de la nature du programme, ce que nous essayons de réaliser, sa viabilité dans le temps », a-t-il dit.

S’appuyant sur des confidences faites par des responsables du renseignement américain, le Washington Post avance que ce sont les gains obtenus par les rebelles syriens grâce à l’aide de la CIA et d’autres alliés des États-Unis qui ont motivé l’intervention militaire russe en Syrie, à l’automne 2015. Et le président Obama a toujours refusé de livrer aux insurgées des armes anti-aériennes afin qu’ils puissent mieux se défendre, afin de ne pas froisser la Russie.

Cela étant, d’après l’agence Reuters, des chefs rebelles soutenus par la CIA ont dit ne pas avoir encore été informés de la décision de M. Trump. Et l’un d’eux a déclaré que cette dernière risque d’avoir pour conséquence « l’effondrement de l’opposition modérée, ce qui profiterait au président Bachar el-Assad et aux jihadistes liés à al-Qaïda [ndlr, le Front Fatah al-Cham] qui cherchent depuis longtemps à étouffer les groupes plus modérés. »

« Les Américains nous ont informé qu’ils ont conclu des accords sérieux avec les Russes. Les Américains disent qu’ils ont une nouvelle stratégie en faveur de la Syrie qui n’est pas comme celle de l’ère Obama », a réagi un autre commandant de l’ASL.

Le fait est. Désormais, pour Washington, la priorité est d’éradiquer l’État islamique (EI ou Daesh) et les autres groupes jihadistes (plusieurs frappes ont ainsi visé le Front Fatah al-Cham au début de cette année). Et cela passe par un soutien aux groupes armés qui luttent contre ces organisations, à commencer par les Forces démocratiques syriennes, dont les milices kudes constituent l’épine dorsale.

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