Résolu à défendre les crédits de la diplomatie française qu’il estimait insuffisants, M. Le Drian a finalement plié face à Bercy

Quand il était ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a souvent – pour ne pas dire toujours – su gagner les arbitrages budgétaires en faveur des armées. Désormais à la tête de la diplomatie française, il entend en faire de même.

Lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées ayant eu lieu le 28 juin (le compte-rendu vient d’être diffusé), soit avant les annonces du ministre de l’Action et des Comptes publics sur les coupes budgétaires et le tensions qui en ont résulté pour les Armées, M. Le Drian a déclaré que la « situation budgétaire » de son ministère « n’est pas très bonne ».

« Le budget de ce ministère a diminué de manière inversement proportionnelle à l’élargissement de ses attributions », a dit le chef de la diplomatie française. « Le constat que je dresse après six semaines en fonction, c’est que la situation n’est pas viable sur la durée », a-t-il insisté.

« C’est un ministère qui ne proteste sans doute pas suffisamment et dont on peut écorner le budget sans trop de réactions du ministre. Ce ne sera pas mon attitude, chacun le sait », a prévenu M. Le Drian.

« Tout ne peut pas se faire en un jour, mais il faut prendre conscience que notre attractivité, notre influence et notre présence dans le monde exigent un minimum de moyens. Or je le dis très clairement, les moyens du ministère sont insuffisants aujourd’hui, et je l’ai d’ores et déjà fait savoir au Président de la République et au Premier ministre », a-t-il ajouté.

La France dispose du second (ou du troisième, selon les études) réseau diplomatique mondial, avec 267 lieux de représentation. Après des années de baisse de son budget, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères aurait dû voir ses moyens augmenter de 1,15% en 2017, avec 4,7 milliards d’euros de crédits (dont 3 milliards au titre de l’action extérieure de l’État et un peu plus de 1,6 milliards pour l’aide au développement).

Seulement, les coupes budgétaires annoncées par le ministère de l’Action et des Comptes publics pour faire face à des « dépenses urgentes » affecteront le ministère de M. Le Drian, avec 282 millions de crédits annulés (dont la moitié concernera l’aide publique au développement).

Pour autant, si M. Le Drian a assuré aux sénateurs qu’il ne se laisserait pas faire sur les questions budgétaires, il a bien été forcé d’accepter cet effort demandé à son ministère.

« Naturellement, les annulations en 2017 sont difficiles à digérer pour tous les ministères, y compris le Quai d’Orsay. Mais c’était nécessaire pour respecter nos objectifs de déficits et, dans la durée, c’est la trajectoire qui compte », a-t-il dit au quotidien Les Échos, le 19 juillet. « Finalement, à certains moments de l’histoire, il peut y avoir des difficultés de concilier à la fois la souveraineté stratégique et la souveraineté budgétaire (…). Il y a cette brutalité de la nécessité », avait-il avancé, la veille, face à Jean-Pierre Elkabbach.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]