Israël craint un « croissant iranien » au Moyen-Orient
Les monarchies sunnites du golfe arabo-persique et l’État d’Israël ont au moins un point commun : tous craignent l’influence grandissante de l’Iran au Moyen-Orient. Ainsi, l’Arabie Saoudite parle d’un « croissant chiite », qui irait du Yémen au Liban, en passant par l’Irak et sa province pétrolière – dont stratégique – du Hasa, laquelle compte une forte minorité chiite parmi sa population.
En clair, l’Iran chercherait ainsi à établir des réseaux d’influence dans la région en s’appuyant sur les communautés chiites. L’intervention de la coalition arabe au Yémen trouve d’ailleurs son origine dans cette crainte. De même que le soutien apporté par Riyad à des groupes rebelles syriens sunnites à l’idéologie salafiste.
Le directeur général du ministère du Renseignement, Chagai Tzuriel, n’a, quant à lui, pas utilisé l’expression de « croissant chiite » mais celle de « croissant iranien », ce qui revient au même.
Devant la presse, le 4 avril, il a en effet dit craindre la formation d’un « croissant iranien » au Moyen-Orient, notamment via l’appui militaire donné par Téhéran à Damas ainsi que l’aide dont bénéficie le Hezbollah, la milice chiite libanaise, par ailleurs impliquée dans la guerre civile syrienne.
« Si l’Iran se positionne sur le long terme en Syrie, ce sera une source constante de (…) tensions avec la majorité sunnite en Syrie, avec les pays sunnites (…) ainsi qu’avec Israël », a expliqué M. Tzuriel.
Cette inquiétude explique les raids aériens menés régulièrement par l’aviation israélienne en Syrie afin d’empêcher tout transfert d’armes iraniennes au Hezbollah. En outre, l’état-major iranien redoute de voir les Gardiens de la révolution iraniens (Pasdarans) ainsi que les miliciens chiites libanais s’installer durablement sur la partie syrienne du plateau du Golan.
Une autre crainte est un possible accord entre Damas et Téhéran concernant la location d’une partie du port de Lattaquié à la marine iranienne. Ce qui permettrait à cette dernière de pouvoir assurer une présence en Méditerranée, et donc de menacer le trafic maritime israélien ainsi que les importants gisements de gaz naturel de Tamar et Leviathan. En outre, l’Iran aurait probablement plus de facilités pour livrer des armes au Hezbollah.