L’État islamique cherche à rapprocher ses factions pour s’étendre en Afrique de l’Ouest

En août dernier, l’État islamique (EI ou Daesh) a annoncé qu’Abou Mosab al-Barnawi prendrait la direction de l’État islamique en Afrique de l’Ouest, c’est à dire du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, à la place d’Abubakar Shekau, qui était jusqu’alors le chef de cette organisation.

Cette décision a provoqué des remous au sein de Boko Haram, Shekau ne l’ayant jamais acceptée. Du coup, le groupe s’est scindé en deux. En outre, il est désormais sur la défensive en raison de l’action menée par la Force multinationale mixte, mise en place par le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin.

Cela étant, en difficulté en Irak et en Syrie, l’EI est apparemment bien décidé à étendre son influence en Afrique de l’Ouest. D’où la promotion d’al-Barnawi à la tête de Boko Haram. Ce dernier a pour second un certain Mamman Nour, un tchadien qui aurait planifié l’attentat commis contre les Nations unis à Abuja, en 2011. En outre, de par ses contacts avec les Shebab somaliens et les jihadistes libyens, il bénéficierait d’une influence relativement importante.

« Certains analystes estiment qu’en réalité le vrai cerveau [de Boko Haram] c’est Mamman Nur mais tactiquement, il a choisi de ne pas être présenté comme le leader de la nouvelle faction. Il a préféré que ce soit Barnawi, parce que le symbole de Barnawi est important en raison de sa relation familiale avec le fondateur de Boko Haram, Mohammed Yusuf », expliquait à RFI, en septembre 2016, Mathias Owona Nguini, un politiste camerounais.

Pour s’imposer en Afrique de l’Ouest, Daesh favorise le rapprochement entre les groupes qui lui ont fait allégeance. Comme le récent « État islamique du Grand Sahara » d’Abou Walid al-Sahraoui, un chef jihadiste en rupture de ban avec al-Mourabitoune, l’organisation formée en 2013 par la fusion du Mujao et des Signataires par le sang de Mokhtar Belmokhtar.

D’après le Figaro, qui a cité une source militaire ayant accès aux notes de renseignement, al-Barnawi et al-Sahraoui auraient conclu un accord pour étendre l’influence de Daesh au Burkina Faso, au Mali, voire au Bénin.

« L’objectif des deux organisations soeurs vise une extension territoriale vers l’ouest et l’est de leur zone respective », a expliqué cette source militaire. « En s’alliant avec Barnawi, Sahraoui y gagne en puissance dans une région, le Sahel, investie et dominée par al-Qaïda », indique une note de renseignement évoquée par le quotidien. Qui plus est, le chef de l’État islamique du Grand Sahara a assis son ancrage au sein de la communauté peule après s’être marié avec une Peule originaire du village de Bouratam.

Ce rapprochement entre ces deux factions de Daesh en Afrique de l’Ouest est sans doute l’une des raisons de la récente fusion des groupes jihadistes Ansar Dine, al-Mourabitoune et l’Émirat du Sahara, une branche d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ces derniers sont désormais réunis au sein du « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans », dirigé par le touareg malien Iyad Ag Ghaly et lié à al-Qaïda.

Par ailleurs, au Mali, la force Barkhane continue de chercher à perturber les flux logistiques des jihadistes, en particulier dans le nord du pays. Comme en témoigne les prises faite par le Groupement tactique désert (GTD), lors d’une vaste opération menée ces derniers jours (450 soldats, 110 véhicules blindés et 3 hélicoptères).

Ainsi, selon le compte de l’État-major des armées, les militaires français ont mis la main sur une quarantaine de tubes lance-roquettes, 5 000 cartouches de gros calibre, une demi-douzaine d’obus de mortier ainsi que six fusées de roquettes (dispositif de mise à feu) dans le secteur d’In Tachdaït. À Almoustarat, ils ont neutralisé un engin explosif improvisé chargé de 15 kg d’explosifs. Enfin, dans la région de Tessalit, le GTD Korrigan a démantelé un dispositif de « tir indirect », constitué d’une roquette de 122 mm placée sur une rampe de lancement improvisée.

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