Washington accuse à nouveau Moscou d’avoir violé le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires

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Dans l’ensemble, les orientations de la politique étrangère américaine n’ont, du moins pour le moment, pas été fondamentalement bouleversées depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, contrairement à ce que laissaient présager les propos qu’il avait tenus au cours de la campagne électorale.

Ainsi, lors d’une tournée en Asie du Sud-Est, le chef du Pentagone, le général James Mattis, a réaffirmé l’engagement, à « 100% », des États-Unis en faveur de la sécurité du Japon. Même chose pour la Corée du Sud, avec en prime une position ferme à l’égard de la Corée du Nord… et de la Chine. En outre, des gages ont été donnés à l’Otan, y compris par M. Trump, qui n’avait pourtant pas ménagé ses critiques à son endroit il y a encore quelques semaines.

En revanche, l’on note une inflexion de la politique américaine au Moyen Orient par rapport à celle suivie par l’administration Obama.
En fait, en résument à grands traits, l’on revient presque aux habitudes d’antan : méfiance (voire défiance) à l’égard de l’Iran et soutien aux monarchies sunnites du Golfe arabo-persique. Soutien qui s’est récemment traduit par l’attribution, par le chef de la CIA, Mike Pompeo, d’une médaille au prince Mohammed ben Nayef, le ministre saoudien de l’Intérieur, pour son « excellent travail dans les domaines du renseignement et de la lutte contre le terrorisme ».

Quant aux relations avec la Russie, il faut distinguer deux choses : les intentions et les actes. Pour le moment, la ligne suivie par l’administration de M. Trump, qui aurait eu les faveurs du Kremlin lors de la course à la Maison Blanche, s’inscrit dans la continuité, à quelques détails près, de celle fixée par les autorités américaines du temps du président Obama.

Début février, Nikki Haley, la représentante américaine auprès des Nations unies, avait donné le ton devant le Conseil de sécurité en évoquant le dossier ukrainien. « Nous voulons améliorer nos relations avec la Russie. Toutefois, la situation terrible dans l’est de l’Ukraine demande une claire et ferme condamnation des actions de la Russie », avait-elle dit.

Puis, alors que son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, a été poussé vers la sortie pour avoir eu des contacts non autorisés avec l’ambassadeur russe en poste à Washington lors de la période de transition, M. Trump a fait savoir, via son porte-parole, qu’il « s’attendait à voir la Russie restituer la Crimée à l’Ukraine – annexée en 2014 – et à assister à une baisse de la violence » dans la région du Donbass, où les séparatistes pro-russes affrontent les forces gouvernementales ukrainiennes.

Cela étant, de tels propos n’engagent pas à grand chose. Sans doute faut-il y voir quelques gages donnés par M. Trump au Congrès, alors que la démission de M. Flynn ainsi que les allégations selon lesquelles des membres de son entourage auraient eu des contacts avec des hauts responsables du renseignement russe. Le locataire de la Maison Blanche « doit aux Américains une explication complète sur les interactions de son administration avec la Russie, avant et après l’élection », a d’ailleurs estimé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

Mais dans le même temps, et comme sous les administrations Bush et Obama, le département d’État a de nouveau accusé Moscou d’avoir violé le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI) en déployant dans le sud-ouest de la Russie, près de Volgograd, des missiles de croisière interdits [appelés « SSC-X-8 », ndlr] par ce texte signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhael Gorbatchev.

En effet, le FNI a obligé les États-Unis et l’URSS (maintenant la Russie) à détruire leurs « missiles balistiques et de croisière lancés à partir du sol ayant une portée comprise entre 500 et 1.000 kilomètres et ceux dont la portée est comprise entre 1.000 et 5.500 kilomètres. »

Le déploiement de tels missiles, souligne le New York Times, est de nature à augmenter « sensiblement » la menace pour les membres de l’Otan selon « l’endroit où leurs batteries, très mobiles, sont installées ».

Un porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner, a refusé, comme le veut l’usage, de commenter des « questions liées au renseignement. » Mais, alors qu’il était interrogé sur les missiles russes, il a rappelé que « les Etats-Unis prenaient au sérieux leurs engagements internationaux et leurs obligations en matière de contrôle des armements », en faisant une allusion à rapport de 2016 qui accusait « la Fédération de Russie (de) continuer à violer le traité FNI qui l’oblige à ne pas détenir, produire ou tester en vol un missile de croisière d’une portée de 500 à 5.500 km. »

« Nous sommes très clairement préoccupés par les violations russes, par les risques que cela pose pour la sécurité de l’Europe et de l’Asie et nous souhaitons vivement que la Russie se conforme de nouveau au traité », a ainsi expliqué M. Toner.

Côté russe, on nie toujours une quelconque violation du traité FNI. « La Russie reste déterminée à respecter ses engagements internationaux, y compris le traité en question (…) Personne n’a formellement accusé la Russie d’avoir violé le traité », a réagi, ce 15 février, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

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