Le chef d’état-major de l’armée israélienne menacé par des extrémistes

einsenkot-20141202Cette semaine, le soldat Elor Azaria, 20 ans, a été reconnu coupable par un tribunal militaire israélien d’avoir tué un militant palestinien qui venait d’être blessé après avoir attaqué une patrouille de Tsahal à Hébron, en Cisjordanie. Assigné à sa base, il attend sa peine, qui peut aller jusqu’à 20 ans de prison.

Cette affaire divise l’opinion israélienne. De même que sa classe politique. « Aujourd’hui, un soldat qui a tué un terroriste qui méritait de mourir, a été condamné comme un criminel », a réagi Naftali Bennett, ministre de l’Éducation et président d’un parti nationaliste. Pour Miri Regev, ministre de la Culture et des Sports, ce verdict « pourrait affecter la motivation des jeunes à servir au combat par peur d’être abandonnés », avant d’estimer que ce procès « n’aurait jamais dû avoir lieu ».

Quant au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, il a affirmé que « nous avons une armée qui est la base de notre existence » et que « les soldats de Tsahal sont nos fils et nos filles, et doivent être placés au-dessus de tout différend. » Puis, il s’est dit « favorable à ce qu’Elor Azaria soit gracié. » Des propos critiqués par une grande partie de la presse isralienne. Le chef du gouvernement « a sali le chef des armées, le système judiciaire militaire et les valeurs morales de Tsahal », a résumé le journaliste Barak Ravid.

Pour le tribunal qui a examiné le cas d’Elor Azaria, les choses sont claires. Ainsi, le colonel Maya Heller, l’un des trois juges, a expliqué qu’il n’avait aucune raison de tuer ce Palestinien, qui n’était alors plus menaçant. « Son mobile était qu’il pensait que le terroriste méritait de mourir », a-t-elle dit. Étant donné que Tsahal met en avant ses valeurs éthiques, les magistrats ne pouvait que condamner le geste de ce soldat.

Seulement, cette décision vaut désormais aux trois juges d’être placés sous la protection de gardes du corps, des menaces de mort ayant été proférées à leur égard. Deux personnes ont d’ailleurs été arrêtées par la police pour spécifiquement désigné le colonel Heller sur Internet.

Et lors d’une manifestation d’extrémistes devant le bâtiment où siégait le tribunal, des menaces contre le général Gadi Eisenkot, le chef de Tsahal, ont été lancées. « Gadi, fais attention, Rabin cherche un copain », ont scandé certains manifestants, en référence à l’assassinat, en 1995, de Yitzhak Rabin, l’ancien Premier ministre israélien signataire des accords d’Oslo.

Or, le général Eisenkot a toujours soutenu le procès contre Elor Azaria, au nom des valeurs morales de Tsahal. Et cela, en dépit du soutien dont bénéficie ce soldat dans l’opinion et la classe politique israéliennes.

Ces menaces contre le chef de Tsahal sont prises très au sérieux car le procureur général israélien, Avichai Mandelblit, « a autorisé l’ouverture d’une enquête sur des incitations présumées à la violence. » Et d’ajouter : « Aucun compromis n’est possible avec les appels à la violence, qu’ils visent des juges, des officiers de l’armée, ou tout autre responsable. »

D’après un sondage publié par le quotidien Maariv, 51% des personnes interrogées désappouvent Elor Azaria. Mais 64% estiment que sa hiérarchie l’a abandonné et 70% pensenr que sa condamnation « sape » la confirance de l’opinion dans l’armée. Enfin 75% ne sont pas hostiles à ce qu’il soit gracié.

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