L’État « nationalise » Areva TA, spécialiste de la propulsion nucléaire navale

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Alors que sa maison-mère, Areva, fait face à des difficultés qui l’obligent à se restructurer, le sort d’Areva TA pouvait donner lieu à quelques inquiétudes. Et pour cause : c’est cette entreprise qui a fourni les réacteurs nucléaires du porte-avions Charles de Gaulle et des 10 sous-marins de la Marine nationale (4 SNLE et 6 SNA) et qui en assure le maintien en condition opérationnelle (MCO).

D’où la « nationalisation » d’Areva TA, annoncée par le président Hollande le 27 janvier dernier. Mais il aura fallu attendre près d’un an pour la voir entrer dans les faits.

En effet, le 15 décembre, Areva a annoncé la vente de 83,6% du capital de sa filiale à l’Agence des Participations de l’État, au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et au constructeur naval DCNS.

« Cette opération a pour objectif la consolidation de la filière française de propulsion nucléaire navale, dont le CEA ainsi que DCNS et Areva TA sont les principaux acteux et qui constitue un des piliers de la force de dissuasion nucléaire française », a souligné le groupe dans un communiqué.

Au terme de cette opération, l’État contrôlera 50,3% du capital d’Areva TA tandis que le CEA et DCNS en détiendront chacun 20,3%. Enfin, EDF y maintiendra sa participation à hauteur de 9%.

« Le maintien des compétences et de la performance de la filière de propulsion nucléaire navale est un enjeu majeur pour DCNS dont l’une des missions fondamentales est de contribuer à la préservation des capacités souveraines de la France en matière de défense et de dissuasion en particulier au service de la Marine nationale », a commenté Hervé Guillou, le Pdg de DCNS.

Outre le MCO des réacteurs nucléaires en service, Areva TA est aussi impliqué dans le programme Barracuda, qui vise à livrer à la Marine nationale 6 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque, mais aussi dans des activités civiles de recherche (150 millions d’euros de chiffre d’affaires).

Cela étant, le plan de charge pour ses activités de défense a de quoi inquiéter. « Si aucune décision, et elle sera politique, n’est prise, AREVA TA aura beaucoup de difficultés en termes d’études et de plan de charge car ses équipes n’auront plus de réacteurs et de chaufferies nucléaires à concevoir. Celles des SNLE sont presque achevées et un trou dans le plan de charge est donc à craindre à l’horizon 2030-2035 », a ainsi relevé le député Jean-Jacques Bridey, co-auteur d’un rapport sur les enjeux industriels et technologiques du renouvellement des deux composantes de la dissuasion nucléaire.

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