Les hélicoptères NH-90 Caïman de la Marine nationale affichent un taux de disponibilité désastreux
Il a beaucoup été question des problèmes de Maintien en condition opérationnelle (MCO) des hélicoptères de la Marine nationale et de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) lors de l’examen, en commission élargie, à l’Assemblée nationale, du budget qu’il est prévu d’allouer à la mission « Défense » en 2017.
Le député Gwendal Rouillard, rapporteur pour avis des crédits destinés à la Marine nationale, a ainsi attiré l’attention sur la situation de la flotte d’hélicoptères NH-90 Caïman de la Marine nationale, lesquels sont pourtant les plus récents [le premier exemplaire est entré en service en décembre 2011, ndlr]
Dans son rapport, M. Rouillard indique que sur les 17 Caïman reçus par la Marine, 10 sont actuellement immobilisés pour subir des opérations de maintenance. Pire : le 17e et dernier appareil livré par le consortium NH Industries (NHI) « ne peut pas voler en raison de problèmes constatés au niveau du harpon et du système de pliage ». Et cela, souligne à juste titre le député, est « inacceptable s’agissant d’une machine neuve. »
La cause de cette situation ubuesque est à chercher du côté du montage industriel concernant cet hélicoptère, qui, au passage, n’a pas bonne presse outre-Rhin.
« L’entreprise NHI est co-détenue par quatre entreprises relevant de trois pays différents : Airbus Helicopters avec ses deux filiales française et allemande, l’italien Leornado Helicopters et le néerlandais Fokker », rappelle le député. Or, selon lui, avec ce montage, la Direction générale de l’armement (DGA) « ne constitue pas l’unique autorité technique de référence pour les personnels responsables du MCO de l’appareil. »
Et de préciser : « Le processus d’attribution de pièces de rechange se caractérise souvent par sa lenteur et, lorsque les équipes françaises proposent des solutions de réparation, la validation par le consortium peut prendre jusqu’à quatre semaines, contre une à deux semaines dans une situation ‘classique’ avec un interlocuteur technique unique. »
Lors de son dernier passage devant les députés de la commission de la Défense, Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement, avait eu des mots assez durs à l’endroit du consortium NHI.
« NHI n’est pas réputé pour être un industriel particulièrement performant », avait-il lancé. Et d’ajouter : « La question de fond, dans l’entretien du matériel, est toujours la même : au bout de combien de temps l’industriel se désintéresse-t-il d’un matériel qui n’est plus fabriqué? En l’occurrence, pour le MCO des hélicoptères, l’industriel semble s’être déjà désintéressé du produit, comme le montre sa performance insuffisante, et il faut anticiper autre chose. Cette difficulté a été aggravée par la structure même de NHI. »
Or, que ce soit pour le contre-terrorisme maritime, la lutte anti-sous-marine ou encore l’action de l’état en mer, la Marine nationale n’a pas trop d’hélicoptères, bien au contraire! Aussi, pour remédier à cette situation, M. Rouillard plaide pour une « remise à plat des modalités du fonctionnement du consortium NHI permettant de traiter par priorité les demandes émanant des forces armées des pays les plus engagés (…) qu’il s’agisse de la validation des solutions de réparation ou de l’attribution des rechanges. »
Mais cela devrait prendre du temps… Aussi, faute de mieux pour le moment, le député du Morbihan propose donc une solution plus simple à mettre en oeuvre et consistant à « prévoir une présence des représentants des équivalents étrangers de la DGA participant à ce projet au sein des équipes de la DGA française chargées du dossier NH90 afin d’accélérer les procédures, du moins de faciliter les échanges entre autorités techniques nationales. »