Russes et Américains donnent une version différente d’un incident aérien en Syrie

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Étant donné l’importance du trafic aérien militaire au-dessus de la Syrie, la Russie et la coalition internationale dirigée par les États-Unis ont convenu de prendre des mesures dites de « déconfliction », c’est à dire des dispositions devant permettre d’éviter des incidents, grâce à une ligne de communication directe entre les deux parties.

Cependant, ces mesures n’empêchent pas qu’il y ait des incidents, comme le 17 octobre dernier. Ainsi, le colonel John Dorrian, un porte-parole de la coalition internationale, a expliqué, deux semaines après les faits, qu’un chasseur russe s’était approché à moins de 800 mètres d’un avion de l’US Air Force.

Ce qu’a confirmé le général Jeff Harrigian, le chef des opérations aériennes de l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, en précisant que l’incident avait eu lieu pendant la nuit.

L’équipage de l’avion américain a tenté de contacter sans succès, via un canal radio d’urgence, le pilote de l’avion russe. Ce dernier, selon les explications données par sa hiérarchie à la coalition, n’aurait « pas vu » l’appareil de l’US Air Force.

Dans un premier temps, le Pentagone n’a pas précisé le type des appareils impliqués dans cet incident, si ce n’est que l’avion américain était « plus gros qu’un avion de chasse ».

C’est le ministère russe de la Défense qui a donné les précisions attendues. Ainsi, l’incident aurait eu lieu à proximité de Deir Ez Zor, avec un avion de détection aéroportée E-3 Sentry de l’US Air Force et un chasseur Su-35 des forces aérospatiales russes.

Selon Moscou, la coalition avait été informée de la présence du Su-35 dans la région où évoluait l’E-3 Sentry. Et, pour le ministère russe de la Défense, c’est ce dernier qui serait à l’origine de l’incident étant donné qu’il aurait subitement changé d’altitude pour se rapprocher de 500 mètres du Sukhoï.

« L’équipage de l’avion américain de surveillance E-3 AWACS a violé les règles en diminuant son altitude de quasiment un kilomètres et en approchant dangereusement, à une distance de 500 mètres, d’un bombardier russe Su-35 », a résumé Igor Konachenkov, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

« Nous comprenons l’émotivité, qui ressemble à de la stupeur, des pilotes américains quand ils ont vu des bombardiers russe dans les alentours. Mais nous leur conseillons de ne pas essayer de rejeter toute la responsabilité sur la Russie, comme d’habitude, mais de garder leur sang-froid, et de tenir les commandes de leurs avions », a-t-il ajouté.

Mais cela ne colle pas vraiment avec les propos du colonel Dorrian, qui a affirmé que les deux appareils étaient assez proches pour que l’équipage de l’US Air Force ressente les turbulences générées par les reacteurs du Su-35. En clair, d’après la version russe, l’E-3 Sentry aurait amorcé une manoeuvre pour se mettre dans les « 6 heures » d’un chasseur, sans que le pilote de ce dernier ne s’en rende compte…

Cet incident a été commenté le 31 octobre par Peter Cook, un porte-parole du Pentagone. La distance de 800 mètres entre les deux appareils a été « la plus proche que nous ayons eu à ce jour », a-t-il dit. « Et c’est la raison pour laquelle c’est particulièrement préoccupant », a-t-il ajouté, avant d’estimer d’écarter toute idée de manoeuvre intentionnelle.

D’après M. Cook, responsables américains et russes ont eu une conversation pour déterminer les circonstances exactes de cet incident. « Et nous allons continuer à avoir ces conversations avec les Russes pour essayer de faire en sorte que cela ne puisse plus se reproduire », a-t-il assuré. D’autant plus que, avec l’opération visant à chasser l’État islamique (EI ou Daeshà de Raqqa qui se précise, le trafic aérien dans l’est de la Syrie sera encore plus important qu’il ne l’est actuellement.

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